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2 juin 2012 6 02 /06 /juin /2012 18:50

http://static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/8/4/1/5/9782841569342FS.gifLes déferlantes / Claudie Gallay. Editions du Rouergue, 2008(La Brune). 525 pages. 5*

La Hague... Ici on dit que le vent est parfois tellement fort qu'il arrache les ailes des papillons. Sur ce bout du monde en pointe du Cotentin vit une poignée d'hommes. C'est sur cette terre âpre que la narratrice est venue se réfugier depuis l'automne. Employée par le Centre ornithologique, elle arpente les landes, observe les falaises et leurs oiseaux migrateurs. La première fois qu'elle voit Lambert, c'est un jour de grande tempête. Sur la plage dévastée, la vieille Nan, que tout le monde craint et dit à moitié folle, croit reconnaître en lui le visage d'un certain Michel. D'autres, au village, ont pour lui des regards étranges. Comme Lili, au comptoir de son bar, ou son père, l'ancien gardien de phare. Une photo disparaît, de vieux jouets réapparaissent. L'histoire de Lambert intrigue la narratrice et l'homme l'attire. En veut-il à la mer ou bien aux hommes ? Dans les lamentations obsédantes du vent, chacun semble avoir quelque chose à taire.

 

Dès les premières pages, j'ai été happée par ce roman qui m'a entraîné vers les côtes de mon enfance, m'a rappelé les jours de grandes marées, les taiseux devant les étrangers narrés par ma mère, la vie rude de ces lieux isolés où ne semblent plus survivre que les anciens et quelques personnages issus de romans eux-mêmes. C'est réellement un immense coup de coeur pour ces solitudes et ces souffrances des vivants qui grâce à ce minuscule îlot se raccrochent à leur existence même si, le rythme de leurs chagrins et de leurs bonheurs sont à l'image de ce ressac, des embruns, des pierres qui roulent sous les pieds où de cette mer parfois démontée qui, garde les corps au détriment des âmes de ceux qui restent.

Bien entendu, au vu des billets lus ici et là, on peut comprendre que le style, les personnages puissent déplaire parfois, mais, à mes yeux, tout cela forme un tout que l'on ressent, que l'on vit au même rythme de tous ces êtres auxquels on s'attache plus ou moins. Si l'histoire principale domine, bon nombre de personnages secondaires restent intrigants et fascinants ; typiquement, Raphaël et la vie qu'il sait donner à ses sculptures, son envie, ses peurs de rendre les êtres croisés, de pouvoir un jour couler ses plâatres en bronze afin de leur donner une pérennité que leur état présent ne permet pas. A cette image de lutte permanente pour la création, mais également pour la conservation vient en écho le quotidien de tous.

L'entrelacs des histoires est flagrant, même si celle de Lambert et de la narratrice prédomine. Oui la chute ne m'a guère surprise car cela m'a semblé évident, rapidement, que ces enfants perdus pouvaient un jour voir leurs destins se croisaient.

Quelle tristesse, quelle joie que ces vies, cette amertume qui a pourri la vie de certains d'entre eux et quelle joie de vivre de la part de Max porté par sa volonté de naviguer.

Claudie Gallay fait vivre la pointe de La Hague, évoque le quotidien et le présent confronté à l'usine de retraitement, mais rend avant tout un formidable hommage à la beauté de la nature de cette région.

Si vous ne connaissez pas le Nez de Jobourg, vous ne pourrez que tomber sous le charme par les différentes randonnées qui sont proposées ou par de simples balades - l'usine est là, mais les embruns, la mer et la nature vous laisseront davantage de souvenirs que cette verrue.

 

Le Blog des livres n'a pas aimé, mais Les facéties de Lucie n'est pas du tout du même avis :0).L'ouvrage existe en poche et doit se trouver très facilement en bibliothèque si vous souhaitez vous faire votre propre avis. 

Pour ma part, je ne peux que remercier le couple d'amis, tous deux fort heureux de leur lecture qui ont glissé cet ouvrage dans ma valise.



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23 mai 2012 3 23 /05 /mai /2012 06:05

http://static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/2/5/3/1/9782253127765FS.gifUne vie / Simone Veil. Le Livre de Poche, 2009. 343 pages.4,5*

Simone Veil accepte de se raconter à la première personne. Perconnage au destin exceptionnel, elle est la femme politique dont lé légitimité est la moins contestée en France et à l'étranger ; son autobiographie est attendue depuis longtemps. Elle s'y montre telle qu'elle est : libre, véhémente, sereine.

 

C'est une superbe autobiographie que Simone Veil nous donne à lire. Si vous le croisez chez vos amis, en bibliothèque etc, n'hésitez surtout pas. Quelles que soient vos convictions politiques, je pense que vous risquez d'être agréablement surpris par un texte très franc, une écriture habile tout en restant accessible au plus grand nombre, quels que soient les termes abordés par l'auteur.

La première partie est, comme il se doit pour toute biographie qui se respecte, consacrée à sa prime enfance. Simone Veil revient donc sur ses jeunes années et n'omet pas de nous parler des convictions politiques familiales qui, si elles semblent peu affiché par ses parents seront néanmoins le terreau des idées de leurs enfants. Mais c'est avant tout leur éducation et le contexte professionnel de son père et la présence de son entourage qui feront d'elle ce qu'elle deviendra. Bien entendu elle ne passe nullement sous silence sa déportation comme celles des membres de sa famille mais le tout est dit, une nouvelle fois avec beaucoup de simplicité, sans pathos excessif, et laisse une part aux "rencontres" liées aux camps, à la solidarité et à la présence de sa sœur ainée comme à celle de sa mère qui vont leur permettre d'endurer le tout. 

La seconde partie est, bien entendu, consacré davantage à sa vie professionnelle et à celle de son époux, à leurs rencontres politiques. Sans être une fana de politique, j'ai trouvé très intéressant son point de vue sur cette Vème République, même si bien entendu c'est à partir du mandat de Valéry Giscard d'Estaing que l'histoire nous est davantage narrée. Ses rencontres, son point de vue sur les décisions politiques comme sur les hommes : elle revient sur tout.

Même si je ne suis pas toujours en accord avec elle, sa vie reste une existence fort intéressante ; elle incarne pour moi une page historique et permet une rétrospective fine et bien menée. Parue en 2007 après l'élection de Nicolas Sarkozy à qui elle avait apporté son soutien, et terminé au moment où Rachida Dati entamait la réforme de la carte judiciaire, je serais aujourd’hui curieuse de connaître son point de vue sur cette réforme de la justice ; elle qui en parle au cours de ses stages et de sa vie professionnelles, comment la voit-elle, les mesures apportées sont-elles satisfaisantes à ses yeux ? .

Les dernières pages m'ont laissé une impression un peu plus mitigé - moins d'allant dans la forme et le texte - , mais, réellement, plus de 90% de cette autobiographie se lit d'une traite.

 

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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 22:34

http://ecx.images-amazon.com/images/I/410EJ5J8C8L._SL160_.jpgLes copains d'Aristide / Claude Michelet. Editions Frances Loisirs, 2005 (Histoires d'ici et d'ailleurs). 169 pages. 3,5*

Il y a ceux qui naissent sous une bonne étoile, bénis des dieux, heureux au jeu et en amour et il y a... Aristide. Roi de la guigne, prince de la poisse, il a fait de la malchance son sport favori, son hobby à plein temps. Tout ça à cause d'un nom à coucher dehors, car notre Aristide s'appelle... Klobe.
Après une scolarité passée sur le banc des colles, un service militaire à l'ombre du trou et mille petits boulots ingrats, notre homme au nom impossible mais à la plume talentueuse se fait engager comme nègre chez un éditeur aussi âpre au gain qu'aux jupons. Mais ce jour-là, Aristide aurait sans doute mieux fait de se casser une jambe ou de briser un miroir !


Que de souvenirs avec la saga "Des grives aux loups" de Claude Michelet. Je me rappelle que ma mère avait pris la série pour les vacances et que nous lui prenions les volumes pendant qu'elle préparait les repas ou dès que l'un d'entre nous abandonnait le volume dans lequel il était plongé. Entre mon père, ma soeur et moi, elle avait bien du mal à récupérer ses livres quand elle avait enfin 2 secondes pour se poser. Et comme nous lisions tous plus rapidement qu'elle, nous finissions toujours la série avant elle :)

C'est donc avec plaisir que j'ai pris ce petit opuscule qui, s'il ne retombe pas dans la saga, nous renvoie à des thèmes récurrents chez Claude Michelet et à son amour pour la campagne, pour la maison et son espace familial. Alors oui, dans cet ouvrage cet aspect peut paraître anecdotique, puisque le roman est centré sur la figure d'Aristide Klobe qui, non content d'être pourvu d'un patronyme qui fut déformé à la base, le voit modifié ou mal prononcé à chaque nouvelle rencontre ; de plus ce héros / anti-héros est également poursuivi par une déveine sans nom qui l'entraîne dans des mésaventures croquignolesques qui sont l'âme de ce roman. Malchanceux, avec un caractère rancunier au vu des différentes mésaventures qui lui arrivent et des différents noms qu'on lui donne, il est également une proie facile pour bon nombre de son entourage : patron, connaissances etc. Depuis le primaire, à chaque fois qu'il a souhaité se venger de ce qu'il voit avant tout comme des brimades, ses idées se retournent contre lui.

La dernière en date, les dernières devrais-je dire -mais je vous laisse découvrir sa dernière idée de vengeance au vu d'un éditeur indélicat-, ont attiré les foudres de la justice contre lui et le voici dans la posture d'un futur prisonnier. En quelques courts chapitres bien troussés, nous allons découvrir la vie et les vexations d'Aristide et ce qui l'a amené devant cette juge qui semble bien pressée de l'envoyer en prison, mais lui conseille néanmoins de prendre un avocat. Au vu de sa malchance, le lecteur s'interroge sur ce futur avocat et ne se trompe guère en imaginant qu'il sera encore une fois ébouriffant ! 

C'est court, rondement mené et cela donne le sourire. Alors bien entendu vu l'épaisseur de l'ouvrage ne vous attendez pas à des personnages hyper fouillés ou à une intrigue complexe ; les mésaventures d'Aristide Kloche suffisent amplement à occuper l'intégralité des chapitres. 

 

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26 février 2012 7 26 /02 /février /2012 21:00

http://www.decitre.fr/gi/76/9782846665476FS.gifLa délicatesse / David Foenkinos. Editions France Loisirs, 2010 (Piment).260 pages. 2*

Nathalie et François sont heureux, ils s’aiment  et semblent avoir la vie devant eux...

Mais, un jour, la belle mécanique s'enraye. François décède brutalement. 

Veuve éplorée, le coeur de Nathalie devient une forteresse où même les plsu grands séducteurs vont se heurter. Sauf un : Markus, un collègue terne et maladroit, sans séduction apparente. Sur un mlentendu, il obtient de la belle un baiser volé. Pour cet outsider de l'amour, c'est un signe du destin : il se lance à sa conquête... tout en délicatesse.

 

Bof, bof. Franchement je n'ai guère été emballée par le style de ce roman. En elle-même l'histoire n'est pas déplaisante mais loin d'être très originale. Pour compenser (?) David Foenkinos opte pour de courts chapitres qu'il entrecoupe de clins d'oeils à ses personnages mais pour la lectrice que je suis, sont tombés totalement à côté et m'ont donné l'impression d'hacher ma lecture, provoquant des micro coupures ne m'apportant absolument rien et me donnant à la fois une impression de remplissage pour atteindre à la fois le nombre de pages imposés par son éditeur et répondant à la contrainte qu'il s'est lui-même imposé et que l'on découvre dans l'ulltime chapitre.

Que m'importe que la lectrice s'interroge sur l'inventeur de la moquette et que si l'assistante de Nathalie s'intéresse à l'astrologie, le fait de connaître celui des membres de l'équipe m'indiffère autant que les résultats de la soirée de foot à laquelle il fait référence.

Bref c'est mignon mais cela aurait eu le mérite d'être plus condensé ; cela aurait donné une nouvelle mais le lecteur ne s'en saurait sans doute pas porté plus mal.

Alors non je ne suis pas allée dans les salles obscures, mais peut-être que l'adaptation donne un élan différent à la trame de cette reconstruction amoureuse. Tout dépend comment l'auteur et son frère ont choisi de porter l'ouvrage à l'écran.

 

L'opinion très tranchée sur Leblogdeslivres, plus positif de L'Express,

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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 21:45

http://www.decitre.fr/gi/12/9782869599512FS.gifEux sur la photo / Hélène Gestern. Arléa, 2011 (1er Mille). 274 pages. 4,5*

Une petite annonce dans un journal comme une bouteille à la mer.
Hélène cherche la vérité sur sa mère, morte lorsqu’elle avait trois ans. Ses indices : deux noms et une photographie retrouvée dans des papiers de famille, qui montre une jeune femme heureuse et insouciante, entourée de deux hommes qu’Hélène ne connaît pas. Une réponse arrive : Stéphane, un scientifique vivant en Angleterre, a reconnu son père. Commence alors une longue correspondance, parsemée d’indices, d’abord ténus, puis plus troublants.
Patiemment, Hélène et Stéphane remontent le temps, dépouillant leurs archives familiales, scrutant des photographies, cherchant dans leur mémoire. Peu à peu, les histoires se recoupent, se répondent, formant un récit différent de ce qu’on leur avait dit. Et leurs découvertes, inattendues, questionnent à leur tour le regard qu’ils portaient sur leur famille, leur enfance, leur propre vie. Avec Eux sur la photo, Hélène Gestern nous livre une magnifique réflexion sur le secret de famille et la mémoire particulière que fixe la photographie.
Elle suggère que le dévoilement d’éléments inconnus, la résolution d’énigmes posées par le passé ne suffisent pas : ce qui compte, c’est la manière dont nous les comprenons et dont nous acceptons qu’ils modifient, ou pas, ce que nous sommes.

 

Renouvellement de la recontre via le style épistolaire mais cet ouvrage est bien plus que cela car en sus des échanges de lettres, textos ou e-mails reproduits aux seules fins de la bonne compréhension du lecteur, ce sont des photos, que nous ne verrons qu'aux travers des mots, qui apportent des éléments déterminants à la bonne compréhension et au suivi de la quête menée par Hélène et Stéphane et que nous suivons à travers eux.

Hélène Gestern décrit chaque nouvel indice photographique avec une minutie et un choix des détails si parfaits qu'elle permet au lecteur de s'immiscer dans cette quête. Chacune marque un changement de rythme dans cette enquête et est ensuite commentée via l'échange entre nos deux protagonistes.

La photographie, l'image qui est au coeur de l'existence de chacun mais d'une manière si différente : Hélène qui cherche des photos de sa mère, de son passé de son histoire et Stéphane dont la vie de son père fut bercée par sa profession de photographe, par ses loisirs dédiés à cet art. Des images qui vont tour à tour les réunir, les bouleverser, les questionner sur leurs parents, notamment Stéphane qui s'interroge sur son père absent et présent, qui se remémore les relations de ses parents. Chacune est associée à des questionnements, des indices mais aussi des errerements qui vont empiéter sur leur relation naissante. Tout cela ressemble fort à la fois à une enquête policière doublée d'une romance présente et passé, mais cet écho est bien loin de celui que le lecteur aurait pu attendre. Hélène Gestern mêne le tout avec beaucoup d'habilité et de finesse dans l'écriture, relançant l'intrigue tout en nous apportant pas à pas les avancées de ce couple qui se dessine sous nos yeux. 

Un très beau roman.

 

L'avis de Dédale.

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6 février 2012 1 06 /02 /février /2012 21:40

http://www.decitre.fr/gi/84/9782020901284FS.gifDieu et nous seuls pouvons : Les Très-Edifiants et Très-Inopinés Mémoires des Pibrac de Bellerocaille : Huit générations d'exécuteurs / Michel Folco. Points, 2006. 306 pages. 4,5*

Pour échapper à la galère, Justinien Pibrac devient bourreau officiel du seigneur de Bellerocaille.
Le jour de sa première exécution, après quelques maladresses rocambolesques, il parvient finalement à briser les os du condamné. Ainsi débute la saga trépidante des Pibrac, qui deviendront de génération en génération les plus grands bourreaux de tous les temp. 

 

Accrochée ! ll n' y a pas d'autres mots. Dès les premières pages, j'ai été intriguée par cette histoire dans laquelle m'entraînait Michel Folco, une lecture commencé sur les recommandations d'une amie (qui a les autres volumes, j'ai bien de la chance !). Une histoire qui m'a semblé tout d'abord un peu abracadabrante lorsque le visage du héros de cette lignée  se glisse sous les yeux du lecteur qui, naïvement poursuivait sa lecture.

Un Trouvé qui a, jusqu'alors eu bien de la chance, vu l'époque à laquelle il est né. Mais pour chaque moment de chance, la roue tourne et aussitôt l'addition lui est présentée. Ce qui permet à Michel Folco de ne pas nous lasser un seul instant et de nous demander vers quelles mésaventures son personnage va se trouver pousser !

Le plus fou est sans nul doute la profession à laquelle il destine Justinien et les conséquences de ses actes. Habile l'auteur ne nous narre pas avec moult détails l'établissement de cet homme qui va finalement s'accrocher à ce métier, et qui saura exploiter les "subtilités" liées à sa charge, mais passe dans sa seconde partie directement au début du XXème siècle, à la 7ème génération. On y retrouve un  Exécuteur en chef des arrêts criminels, Hippolyte, mis en retraite forcée en 1870, mais qui garde espoir qu'un changement politique pouvant intervenir à tout moment, tout doit être entretenu et prêt à fonctionner. En plus de l'histoire de la famille entre 1683 et ce début de siècle, c'est un aperçu rapide de l'évolution des méthodes, comme de la position de cette famille qui nous est donnée. Certes, les siècles n'ont rien changé à l'image du bourreau et de la famille maudite, mais un des fils a opté pour se retirer de ce type d'activité et une confrontation entre ses espoirs de devenir autre chose qu'un Pibrac et la reconnaissance de son art de boulanger-pâtissier fait écho à celui de ces ancêtres et de son père qui furent les meilleurs de leur profession. Tiraillements, clin d'oeil à l'histoire, et craintes héritées des superstitions - largement entretenues par les Pibrac - se croisent tout au long de cette seconde partie. 

Le plaisir de la lecture est agrémentée par la réelle enquête menée par Michel Folco sur les bourreaux. Cette famille aimante et souffrant au même titre que les autres a appris grâce à l'expérience à contrer les remarques, préparant ces répliques par le biais d'un entrainement digne de véritables coureurs de fonds.

Hippolyte et son valet, Casimir sont des personnages haut en couleurs dans la seconde partie de cette histoire, bien que la relève soit assurée en la personne de Saturnin, digne héritier de cette lignée.

 

Jules n'avait pas accroché, pour Lou tout était différent

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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 19:10

http://www.decitre.fr/gi/99/9782246785699FS.gifRetour à Killybegs / Sorj Chalandon. Grasset, 2011. 334 pages. 5*

Maintenant que tout est découvert, ils vont parler à ma place.
L'IRA, les Britanniques, ma famille, mes proches, des journalistes que je n'ai même jamais rencontrés. Certains oseront vous expliquer pourquoi et comment j'en suis venu à trahir. Des livres seront peut-être écrits sur moi, et j'enrage. N'écoutez rien de ce qu'ils prétendront. Ne vous fiez pas à mes ennemis, encore moins à mes amis. Détournez-vous de ceux qui diront m'avoir connu. Personne n'a jamais été dans mon ventre, personne.
Si je parle aujourd'hui, c'est parce que je suis le seul à pouvoir dire la vérité. Parce qu'après moi, j'espère le silence.Killybegs, le 24 décembre 2006, Tyrone Meehan. 

 

C'est un magnifique roman que j'ai lu et dévoré voici quasi 15 jours. Plein d'émotions et de regrets, d'amour, d'incertitude et d'Histoire.

Alors, même si vous ne connaissez rien de l'Irlande ou si comme moi vous n'en connaissez (finalement) que des bribes, peu importe ! Vous allez vivre à travers les yeux et la vie de Tyrone Meehan.

Si j'ai l'âge d'avoir connu les années Thatcher, d'avoir vu Dublin alors que l'IRA était encore en activité et que les attentats étaient encore dans les journaux de télévision ou papiers, je n'avais pas l'âge, ni les idées politique suffisamment engagées pour comprendre tout ce qui se déroulait en Irlande alors que j'étais adolescente.

C'est véritablement un cours d'histoire que Sorj Chalandon nous donne au travers son livre, mais vous ne le lirez pas comme cela car, vous allez avant tout suivre la vie et le quotidien d'un homme et de sa famille, bousculés par les événements politiques et militaires, par les échecs et les souffrances de l'occupation, d'un quotidien sans cesse bouleversé par les contrôles, les manques, les discriminations, mais aussi par la vie de tous les jours, et les regrets ou simplement l'héritage du passé. Alors oui Tyrone Meehan nous donne tout cela, mais aussi une partie de l'envers du décor, car à travers sa vie, on découvre que tout un chacun n'est pas le pourri qui se trouve dans le camp adverse, que certains, même s'ils ont ou pas vos convictions religieuses acceptent de travailler pour vivre et faire vivre leur famille dans le camp opposé, qu'ils sont eux aussi écoeurés, qu'ils souffrent et endurent.

Quand votre propre frère remet en question la guerre que vous menez alors qu'il n'est âgé que de quelques années de plus que vous, vous ne parvenez pas toujours à comprendre. Et puis un jour, vous faîtes l'erreur de votre vie, car vous êtes homme avant tout, être fragile et soumis à la faute. Et lorsque l'ennemi frappe un jour à votre porte pour utiliser cette erreur, vos regrets sont là mais trop tardifs. Alors Tyrone Meehan se met à vivre avec un double mensonge ou plutôt non, il ne ment pas aux autres, il se tait et se ment à lui-même afin que la vie continue et puisse se poursuivre cahin-caha.

En reprenant la trahison de son ami irlandais Sorj Chalandon interroge sa mémoire et son histoire mais également toute la mémoire irlandaise passée et présente. Il en fait un personnage plus âgé qu'il ne l'était afin de nous montrer  tous les aspects de cette vie en Irlande, de ces morts et de cette opposition entre anglais et irlandais mais également entre ceux du Nord et ceux de l'Eire.

Rien n'est caché, l'engagement, les souffrances, la bière et la mort qui rôde sans cesse tout au long du roman jusqu'à là révélation de la trahison et l'exil de Tyrone qui sait, qu'elle gravite autour de lui et que tout cela se finira mal. Prenant à chaque page ! On sent la souffrance de l'auteur dans tout ce qu'il transmet dans les propos de son personnage. Et l'amertume du fils de Tyrone au cours de cette ultime visite est sans doute ce que lui-même a vécu en apprenant la trahison de son ami.

Que vous soyez ou non convaincu par la cause irlandaise peu importe, mais vous ne pourrez pas lire cet ouvrage sans éprouver quelque chose, sans vivre ce roman. Sorj Chalandon est réellement un auteur pour lequel j'ai une profonde admiration. En dépit du sujet grave et de la chute connue, il a su me faire poursuivre ma lecture sans un seul moment de répit.

 

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8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 09:50

http://www.decitre.fr/gi/39/9782283025239FS.gifDeux jeunes artistes au chômage / Cyrille Martinez. Buchet Chastel, 2011 (Qui Vive). 129 pages. 2*

Andy et John, deux jeunes artistes au chômage, habitent New York New York.
Entre vernissages, soirées poétiques et contournement des dress-code, surgit le tableau d’une ville underground où les performances, les drogues et les fêtes rythment le quotidien de ces personnages marginaux et créatifs. Derrière ces deux figures en quête d’un art qui serait plus qu’aucun autre le reflet de la vie moderne, on reconnaîtra en filigrane l’image réinventée d’Andy Warhol et de John Giorno, l’unique acteur du film Sleep.
Grâce à une langue inventive et satirique, le récit de Cyrille Martinez campe une épopée ludique où s’entend, en sourdine, une réflexion sur le devenir de l’art et de la littérature dans un monde marchand. Une variation fantaisiste autour de la préhistoire d’Andy Warhol et de son compagnon le poète John Giorno, dans une ville imaginaire baptisée New York New York.

 

Décidemment les ouvrages s'inspirant de personnages réels ne sont pas ma tasse de thé.

Pourtant à la première page, le jeu de New New York m'arrache un sourire, évoquant pour moi les aventures d'un certain Docteur . Le lecteur est immédiatement placée dans la fiction alors qu'il sait qu'un personnage médiatique va être placé in situ. Comment détourner les yeux du lecteur et mieux le plonger dans l'histoire. Si l'idée n'est pas nouvelle, elle est ici bien amenée. 

La première partie m'a surprise dans la création de ce quartier, ghetto volontaire des écrivains, de leurs revendications, des aberrations du système et du quant à soi des personnages, dans le côté absurbe qui tantôt m'agacait, tantôt prêtait à sourire. Un lieu de villégiature par et uniquement pour les écrivains jusqu'à ce que des personnages plus en vus se prennent eux-mêmes pour des écrivains : présentateurs, anciens sportifs y allant de leurs couplets écrits et se voient comme des écrivains et puissent intégrer ce quartier alors que les "Anciens écrivains" le fuient. Cette disctinction écrivain/ poète si pernicieuse également qui montre une certaine pédanterie de part et d'autre, et qui va nous permettre de comprendre l'échec de John non pas à être publié, mais visible dans le monde de l'écriture.

Autour des pages 72-73 alors que John envoie et reçoit des retours de la part des éditeurs à qui il a adressé ses écrits, on sent le vécu de l'écrivain qui croit en ayant donné le meilleur de lui-même être enfin le nouveau NOM, mais les échecs, refus ou semi-succès entraînent le personnage loin de ces rêves primaires.

Mais où l'auteur voulait-il en venir, quant à la rencontre promise avec Andy Warhol ? Il faut attendre une seconde partie et une écriture se voulant plus moderne et beaucoup moins à mon goût pour rencontrer Andy, mais avant toute sa petite bande "d'amis". S'inspirant d'événements réels de la vie d'Andy, Cyrille Martinez nous raconte sa frustration professionnelle, ses échecs, son goût de la mise en scène et un certain culot qui l'amène à rencontrer celle qui va le lancer.

L'enthousiasme pour cet ouvrage n'est pas là, mais certaines qualités sont à souligner. Ainsi que dit plus haut la seconde partie m'a, en partie, laissé de marbre, la première et son univers parfois plus fou m'ont davantage convenu, même si le côté ironique m'aurait certainement à terme agacé si l'auteur avait poursuivi dans l'absurbe..

J'ai eu la chance de rencontrer l'auteur fin août au cours d'un pique nique organisé par Buchet Chastel et je dois avouer que la discussion très intéressante m'a permis d'avoir un autre regard sur cet ouvrage. Mon seul regret fut de ne pas avoir terminé l'ouvrage à l'époque, mais d'un autre côté cela m'a poussé à achever ma lecture. [Non il ne m'a pas fallu 2 mois pour cela, mais les aléas de l'existence ont différé la publication de ce billet.]


Le très bon billet de Sophielit

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6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 16:00

http://www.decitre.fr/gi/58/9782260019558FS.gifMingus Mood / William Memlouk. Juliard, 2011. 244 pages. 2,5*

Quand tu arrives au monde, deux choix s'imposent à toi : vivre et subir ou vivre et se battre.
Moi, mon amour, moi j'ai choisi de me battre. L'homme qui murmure ces mots se nomme Charlie M., célèbre contrebassiste de jazz. Nous sommes en 1957. Charlie décide de fuir New York sur un coup de tête pour rejoindre Tijuana. A l'origine de ce départ, une femme qu'il aime et qui le hante, une Amérique blanche dont les injustices le blessent et le révoltent... Mais sait-il que sa passion et sa colère s'incarneront vraiment là-bas, dans son plus bel album, Tijuana Moods ? Vingt-cinq ans plus tard, interviewé par une journaliste dans un bar de La Nouvelle-Orléans, un vieil ami se remémore les fragments de sa vie aux côtés de Charlie : les combats du musicien, la drogue, l'alcool, sa folie, son besoin de liberté, de poésie...et son amour impossible pour une femme aux yeux bleus... Sensuel, lyrique et envoûtant, ce récit s'inspire de la trajectoire fulgurante de Charles Mingus. À travers des éléments biographiques et imaginaires, se dessine le destin captivant d'un des compositeurs-musiciens les plus importants du XXe siècle.

 

Je ferme cet ouvrage avec déception, non pas par rapport à son nombre de pages, mais relative à son contenu. J'avais démarré cet ouvrage sur les chapeaux de roues, lancée par la musique, la joie de retrouver du jazz, que je connais mal mais qui, parfois, m'emporte, et la volonté explicite de nous parler de Charles Mingus me plaisait .... mais l'ensemble a fait pschiiitt.

Au fil des pages et en dépit de la volonté de l'auteur je ne suis pas parvenue à entendre la musique de Charles Mingus, à prêter attention à sa musique, guère plus à ses souffrances relatives à la ségrégation, à sa relation amoureuse avec une jeune femme blanche qu'il voit vouer à l'échec en dépit de leur interdépendance amoureuse.

Jamais au grand jamais, je ne suis parvenue à entendre la musique ou la source des aspirations qui vont donner l'album 'Tijuana Moods". L'impression est qu'à force d'avoir voulu à la fois ne pas faire une réelle biographie tout en voulant transmettre le maximum d'éléments sur des points qui font beaucoup de Charles Mingus, le lecteur ne reçoit que des bribes auxquelles il ne parvient pas à se rattacher. Parfois quelques échos se font entendre ou lui permette de ne pas perdre tout à fait le fil, et de conserver l'envie de poursuivre sa lecture, s'attendant à autre chose, mais finalement, pour moi, le désenchantement est assez flagrant une fois la dernière ligne lue. Tant et si bien que j'ai parfois survolé certaines phrases dans les ultimes pages.

Une déception.

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22 octobre 2011 6 22 /10 /octobre /2011 15:40

http://www.decitre.fr/gi/81/9782812602481FS.gifLe héron de Guernica / Antoine Choplin. Rouergue (La Brune), 2011. 159 pages. 5*

Avril 1937, Guernica.
Quand il ne donne pas un coup de main à la ferme du vieux Julian, Basilio passe son temps à peindre des hérons cendrés dans les marais, près du pont de la Renteria. Ce matin du 26, alors que nombre d’habitants ont déjà fuit la ville dans la crainte de l’arrivée des Nationalistes, le jeune homme rejoint son poste d’observation au bord de l’eau. Amoureux d’une jeune ouvrière de la confiserie, il veut lui peindre un héron de la plus belle élégance, lui prouver sa virtuosité et son adresse de coloriste, alors que, déjà, les premiers bombardiers allemands sillonnent le ciel.
Ce n’est pas que Basilio se sente extérieur au conflit, il a même tenté de s’enrôler chez les Républicains, mais on n’a pas voulu de lui. En ville, on dit de lui qu’il a un sacré coup de pinceau. Mais qui peut comprendre sa fascination pour ces oiseaux, l’énigme de leur regard, leur élégance hiératique, mais aussi leur vulnérabilité ? Peintre naïf, peut-être que ce Basilio, mais surtout artiste qui interroge la question de la représentation.
Comment faire pour rendre par le pinceau la vie qui s’exprime dans le frémissement des plumes ? Questionnement peut-être plus essentiel encore dans ces temps de cruauté. Car sitôt les premières bombes incendiaires tombées sur Guernica, Basilio rejoint la ville pour voir, de ses propres yeux, l’horreur à l’oeuvre. Avec l’aide d’Eusebio, son ami prêtre, il photographie les avions allemands, pour témoigner de ce massacre.
Mais comment rendre la vérité de ce qu’ils sont en train de vivre, ceux de Guernica, dans ce cadre limité de la plaque photo ? « Ce qui se voit ne compte pas plus que ce qui est invisible » dit-il.

 

C'est à la naissance d'une véritable toile que nous permet d'assister Antoine Choplin.

Bien que voici plus d'un mois que j'ai dévoré ce livre, je me souviens d'avoir été littéralement bercée par ses coups de crayons évoqués au fil d'une histoire à la fois légère par l'existence de l'homme / le peintre dont il narre le quotidien et la gravité alors que nous sommes à l'aube des bombardements de Guernica - que tout un chacun connait grâce à la toile de Picasso évoquée parallèlement dans cet ouvrage -.

Hommage à la ville de Guernica, à un peintre hors du commun mais homme simple qui vit sa passion de la peinture de la même manière qu'il gère son quotidien : heureux de ce qu'il a, de qu'il voit, son seul regret est de ne pas avoir été retenu dans la troupe de Guernica, mais si cela le peine, il poursuit son chemin, vivant l'instant présent, heureux d'avoir obtenu la juste récompense de son travail, d'aller danser avec la jeune femme qui l'attire, de discuter avec son oncle un peu acariatre au premier abord mais dont le fonds semble bien loin de cela. Alors oui, certains ne verront dans ce texte que des banalités, mais pour pour moi il fut la musicalité même, un quotidien attachant. Homme(s) et ville vont se trouver bouleverser par les décisions militaires de bombarder cette ville. 

Basilio est le témoin de tout cela, comme le sont les photographies qu'il prend ou que prend le curé, comme l'est sa peinture du héron, témoin de ce qu'il a saisi de la souffrance ce jour là, de ce qu'il a vécu et perdu.

Alors la rencontre entre le témoin et le peintre reconnu aura-t-elle lieu, vous demandez-vous ?

Cette rencontre jouera-t-elle un rôle dans un repenti de Picasso, par exemple, après avoir écouté la vision de Basilio ? Et oui, les questions se sont bousculées dans ma tête, mais la chute simple et à l'image de ce que l'auteur a donné dans ce magnifique roman. Elle fut pour moi suffisante. 

C'est pour moi, un très grand coup de coeur de cette rentrée littéraire et je suis navrée de ne pas avoir lu au travers des média que je suis, de critiques à son égard. Sans doute n'ai je pas lu les bonnes feuilles... du moins j'ose l'espérer.

 

Dédale pour Biblioblog, un avis totalement opposé ici.


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