Les minutes noires / Martin Solares. Traduit de l'espagnol par Christilla Vasserot. 10/18, 2010 (Domaine Policier). 466 pages. 2,5*
Dans la petite de ville de Paracuàn au Mexique, le meurtre d'un journaliste suscite l'émoi de la population et de la police locale.
Chargé de l'enquête, Ramòn Cabrera, dit le Grizzli, met le nez dans une sale affaire vieille de vingt ans, d'autant plus complexe que ses confrères ne tardent pas à lui mettre des bâtons dans les roues. Il y a des histoires qu'il ne vaut mieux pas déterrer et des secrets à ne pas révéler. Parmi lesquels ce fait divers sordide accusant un tueur de petites filles qui terrorisa la région dans les années soixante-dix...
Le noir portrait d'un Mexique opaque et mystérieux, en proie à la corruption généralisée et à l'atmosphère poisseuse, prompte à faire resurgir les pires des cauchemars.
Bon je dois avouer que je suis moyennement convaincue par le style de l'auteur. A mon sens, il existe réellement des longueurs et des chapitres qui auraient pu être éliminés ; ces coupes permettant de donner un élan à l'ouvrage qui parfois semble patiner : je pense notamment aux deux témoignages, celui du neveu du commissaire et celui de l'enquêteur privé appelé en renfort, mais ce ne sont pas les seuls.
Dommage car il est toujours appréciable de découvrir des auteurs autre qu'anglo-saxons et, même dans un contexte sombre d'aller au-devant d'une ville (même imaginaire) dans un pays où les histoires ne sont pas les plus récurrentes ; en l'occurrence, ici, le Mexique. Une ville mais aussi le quotidien, et la puissance de la corruption à tous les niveaux que l'auteur nous fait partager, découvrir. C'est certainement sur ce point, sans concessions, que l'auteur est des plus intéressants tout au long de cette histoire qui se déroule à vingt ans d'intervalle.
En effet, tout commence de nos jours et l'assassinat d'un jeune homme va permettre à Martin Solares de nous plonger 20 plus tôt dans le même commissariat, avec des protagonistes plus jeunes et n'ayant pas toujours les mêmes fonctions.
On suit l'enquête et les meurtres de ces enfants mais surtout le quotidien de cet homme, Vincente Rangel, qui essaie de dépasser d'une tête tous ses collègues volontairement et involontairement. Sa perspicacité et sons sens de l'enquête font de lui un réel inspecteur par rapport à ses confrères bien prompts à d'abord encaisser les enveloppes et à profiter de l'existence et des pouvoirs que leur fonction leur apporte. Mais ce personnage si moral soit-il est parfois obligé de plier pour ne pas rompre. Néanmoins on se doute bien que son combat est perdu d'avance car nul trace de super héros dans un quotidien connu où politiciens, hommes plus ou moins puissants tiennent la vie des autres entre les leurs.
Alors oui, sur ce point est quelques autres ce policier dénote un peu et on parvient à lui trouver du charme. Mais les faiblesses signalées précédemment font que je ne suis pas parvenue à dévorer ce policier ou à m'intéresser réellement à l'enquête. Il faut également préciser que, contrairement à ce que font d'autres auteurs, le lecteur n'a pas toutes les cartes en mains et ne peut donc pas suivre totalement le fil de la pensée des enquêteurs.
De plus le basculement entre les deux périodes m'a fait un peu perdre le fil dans l'enquête contemporaine dont la clé se trouve dans le passé.