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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 00:00

http://www.decitre.fr/gi/99/9782757816899FS.gifHiver arctique / Arnaldur Indridason. Traduit de l'islandais par Eric Boury. Points, 2010. 405 pages. 4,5*

Comment peut-on poignarder un enfant ? Au coeur de l'hiver arctique, en Islande, un garçon d'origine thaïlandaise a été retrouvé assassiné.
Il avait douze ans. Crime raciste ? Le commissaire Erlendur mène l'enquête, s'acharne et s'embourbe. Il ne comprend plus ce peuple dur et égoïste qui s'obstine à survivre dans une nature hostile. l'absurdité du mal ordinaire lui échappe...

 

Un fait divers ordinaire semble-t-il, mais lorsqu'il s'agit d'un enfant dont la mère est originaire d'un autre pays, peut-on croire que ce crime n'est pas d'origine raciste ?

La violence ordinaire, la bêtise humaine, l'incompréhension et la peur de l'étranger tels sont quelques uns des thèmes que l'on retrouve dans cette nouvelle aventure d'Erlendur et de son équipe. 

Une équipe toujours aussi humaine dont la vie personnelle continue à nous être distillée au compte goutte, manière de nous en apprendre davantage sur chacun Si Sigurdur Oli est en première ligne dans ce roman, car on découvre bien vite qu'il fut lui-même élève de cette école et que proviseur et professeurs se souviennent de lui, les liens d'Erlendur avec ses enfants  poursuivent leur chemin. De la même manière, nous apprenons enfin quelques unes des hypothèses qui expliqueraient que le corps de son frère n'ait jamais été retrouvé.

Le corps de cet enfant mort seul, dans le froid, sensiblement du même âge que son frère n'est pas étranger aux sentiments du commissaire, dont la culpabilité demeure quelques 40 ans plus tard. La solitude, la mort isolée de tous est là comme un leitmotiv et, la fin de Marion, son ancienne patronne n'est pas là pour lui remonter le moral mais, idéale pour poursuivre son introspection intérieure.

Mais ce qui domine cette histoire c'est le racisme ambiant, latent. La place de l'étranger, l'intégration, la place de la langue. La peur de l'autre reste le maître mot de l'histoire, mais également la différence physique et le manque de compréhension par rapport à des héritages distincts fort bien décrits par la traductrice présente tout au long de ce roman.

Une histoire amère, sombre comme l'est notre inspecteur, mais sans le tire-larmes faciles dont use certains auteurs. Oui la tragédie est là mais c'est réellement la place de l'autre qui est vraiment mise en avant, la solitude, la peur du regard d'autrui et la quête de l'intégration qui, que ce soit à cause de votre couleur peau, votre langue ou votre situation familiale, vos choix de vie engendrent le regard et l'intolérance.

C'est aussi un regard sur une société finlandaise qu'Anarldur Indridason juge parfois égoïste, ramasser sur soi afin de se protéger du froid mais très certainement également, comme je le disais, du regard d'autrui. Le climat conserve réellement une place de premier ordre et en fait un personnage à part entière.

Et lorsque sonne la chute dans les derniers chapitres, l'amertume vous guette. Alors que vous aviez élaboré toutes les hypothèses possibles à l'image de l'équipe policière, vous vous rendez compte que non, rien de ce que vous aviez imaginé n'est à la hauteur de ce crime. Une envie de hurler vous prend.

Un excellent cru, dur, amer mais superbe.

 

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17 mai 2009 7 17 /05 /mai /2009 20:00

Le temps de la sorcière / Arni Thorarinsson. Traduit de l'islandais par Eric Boury. Editions Métailié, 2008 (Points). 426 pages
Muté dans le nord de l'Islande, Einar, le sarcastique reporter du Journal du soir, se meurt d'ennui.
D'autant qu'il ne boit plus une goutte d'alcool ! Tout ceci deviendrait vite monotone, si ce n'étaient ces étranges faits divers qui semblent se multiplier: un étudiant disparaît, des adolescents se suicident. Einar voit d'un autre oeil cette microsociété gangrenée par la corruption et la drogue.

Une nouvelle fois, critiques et éditeurs ne peuvent s'empêcher de chercher la comparaison avec un auteur des pays du nord ; cette fois c'est avec Arnaldur Indridason.
Un personnage principal masculin journaliste, qui a bien une fille mais la ressemblance s'arrête là car ses relations avec elle sont au beau fixe.
Bien qu'ayant lu pas mal de policier de ces régions ces derniers temps (presque un phénomène de mode à l'heure actuelle), je suis toujours surprise par le style et un rendu différent dans ces romans policiers par rapport à ce que nous avons l'habitude de lire : domination anglo-saxonne et française .
L'abord me semble différent car A. Thorarinsson implique la situation de la société islandaise dans son roman, et en fait un personnage important. En effet en nous décrivant les changements, l'évolution de l'Islande tout en nous donnant quelques éléments historiques (quelques miettes ; ce n'est pas soporifique et cela coule de source dans le fil de la narration), l'auteur va nous mener au bout de ces histoires qui pourraient n'être que des faits divers, mais sur lesquelles Einar, tranquillement et curieusement , va s'impliquer et les élucider tout en montrant le lien commun qui nous semblait inexistant tout d'abord.

Afin de mieux nous mener en bateau, l'auteur nous entraîne dans le quotidien d'Einar :

- ses relations avec une perruche sont traitées avec un humour sacarstique, le même que celui qu'il affiche par rapport à sa personne.

- de ses collègues et d'une myriade de personnages qui pourraient sembler secondaires mais qui sont néanmoins décrits avec force détails et qui l'aident volontairement et involontairement à aller au bout de cette enquête.


Tout n'est pas forcément réussi dans ce roman et l'impression de longueur (cf les nombreux apartés personnels, une certaine introspection du personnage) peut parfois dominer pour les lecteurs de polars de langue anglaise, mais il me semble intéressant de lire autre chose, et, vraiment la conclusion est bien menée.

En dépit de ces "défauts", je retenterai certainement un autre volume de cet auteur.

.

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8 mars 2008 6 08 /03 /mars /2008 09:20
Voici quelques mois,  avant le swap Scandinavie pour être plus précise, je ne connaissais pas Arnaldur Indridason. Après enquête, Google a résolu de pallier à mon ignorance et à mon goût pour les polars en m'offrant : 
La cité des jarres  traduit  de l'islandais par Eric Boury. Points, 2006. 327 pages.
J'ai découvert le commissaire  Erlendur entouré de  Sigurdur Oli et de Elinborg (ses adjoints) et j'ai commencé à découvrir des éléments de la vie personnelle de notre héros, notamment sa fille Eva Lind.
Ce premier épisode (si l'on peut le considérer comme tel) m'avait attiré par le style d'Indridason, fort différent de nos classiques policiers - avouons que nous lisons avant tout des auteurs de langues anglo-saxonne, quelques français et que les autres pays restent les parents pauvres (est-ce-que je me trompe ?) -. J'avais bien noté quelques éléments perturbateurs, notamment le titre : je cherche toujours la relation entre un titre et le livre que je lis et là je suis restée sur ma faim ; sans vouloir raconter l'histoire, je dois avouer que j'avais imaginé une enquête en bonne et due forme dans ces jarres mais cette cité est évoquée, mais la réponse à l'enquête n'est pas aussi simpliste ...
Bref, dans l'ensemble j'étais intéressée à lire un autre volume, et profitant de quelques achats (pour un autre swap), j'ai acheté :

La femme en vert
traduit  de l'islandais par Eric Boury. Points, 2007. 348 pages.
Là je dois avouer que je l'ai lu à vitesse grand V. L'enquête comme les relations du commissaire avec ses proches et plus particulièrement avec sa fille, sont particulièrement prenantes.
Indradison prête à Erlendur de l'intérêt pour des affaires du passé non résolues, et tous les ouvrages font des parallèles avec des événements qui se sont déroulés dans le passé des personnes incriminées - sans être lourd je tiens à le préciser ; cela permet aux lecteurs d'avoir quelques éléments par rapport à l'enquête sans tout dévoiler et de mieux comprendre la nature des personnages -.
Enchantée par cet achat, j'ai louché du côté de chez Tamara et lui ai demandé si elle accepterait de me prêter le volume dont elle venait de parler. Un très grand MERCI à elle !!

La voix
traduit  de l'islandais par Eric Boury. Points, 2008. 401 pages.undefined
Mauvaise publicité pour l'hôtel de luxe envahi par les touristes ! Le pantalon sur les chevilles, le Père Noël est retrouvé assassiné dans un sordide cagibi juste avant le traditionnel goûter d'enfants. La direction impose la discrétion, mais le commissaire Erlendur Sveinsson ne l'entend pas de cette oreille. Déprimé, assailli par des souvenirs d'enfance douloureux, il s'installe dans l'hôtel et en fouille obstinément les moindres recoins..

Nul besoin de connaissances musicales, je rassure ceux qui prendraient peur devant ce titre ! Mais cette Voix (là le titre est fort explicite) est à l'origine de l'enquête, et va permettre à notre commissaire de nous dévoiler toujours plus de son passé et de parvenir à s'ouvrir auprès de sa fille et d'une femme rencontrée au cours de cette nouvelle histoire.
Après nous avoir indiqué l'influence américaine dans le langage courant, Indridason va, à  travers cette enquête, nous plonger dans les vicissitudes de l'Islande qui, vu de notre critique France, me semble assez souvent idéalisée. Et bien non, à l'image de notre héros tourmenté par son passé, tout n'est pas plus rose là-bas que chez nous. 
Détresse humaine, mensonges, argent, ... sont abordés dans cette série mais ne vous plongent pas pour autant dans la déprime lorsque vous arrivez à la dernière page. Au contraire, les choses ont avancé, tout comme Erlendur et ses propres démons, et vous n'attendez qu'une chose : la suite....


Cette série est à lire, de préférence, dans l'ordre si vous souhaitez suivre avec aisance les méandres de la vie personnelle du commissaire, mais  aussi en raison de l'évolution  du style de chacun de ces volumes. Néanmoins, si vous souhaitez juste tester l'auteur et que vous n'avez qu'un livre chez vous, lancez-vous !
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