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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 15:11

http://static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/2/6/6/1/9782266194006FS.gif Les âmes brûlées / Andrew Davidson. Traduit de l'anglais (Canada) par Natalie Zimmerman. Pocket, 2010. 663 pages. 4*

La route, la nuit. Un accident de voiture. Et le feu, dévorant... Au service des grands brûlés, un homme contemple son corps calciné. Les cendres d'une vie dissolue. L'Enfer lui a ouvert ses portes - plus rien ne le retient chez les vivants, sinon les visites régulières de Marianne Engel, schizophrène reconnue. Et celle-ci de lui raconter une bien étrange histoire. Une histoire d'amour fou qui débute à l'ombre d'un monastère, au XIVe siècle. Une histoire où grimacent les gargouilles, brûlent les damnés, planent les fantômes de Dante et des mystiques allemands. Leur histoire. Leur amour. Ce qui est né par le feu renaîtra par le feu. Pour une ultime fois, les amants maudits traverseront chaque cercle de l'Enfer. Pour leur délivrance. Et leur rédemption...

 

Immense coup de coeur de mon amie Abeille qui m'a offert cet exemplaire.

Je dois avouer que j'ai eu très peur après quelques chapitres de cet ouvrage. Je m'y perdais, ne comprenant pas en quoi la description des souffrances et des traitements d'un grand brulé avait provoqué chez elle cet engouement ? Comment cet homme narcissique, responsable en partie de ses souffrances, devenu un monstre, proche de la folie, et aspirant à la mort (qu'il pré-programme), allait parvenir à m'intéresser ?

Et puis, Marianne Engel est entrée tout à la fois dans sa chambre de souffrance et dans le cours de ma lecture ; même si initialement je n'ai vu en elle, qu'une folie  supplémentaire dans cet ouvrage. Folie ? Peut-être car Marianne est connue dans cet hôpital comme schizophrène, mais c'est cette folie que met Andrew Davidson en avant qui la rend intrigante, au même titre que les histoires qu'elle raconte à cet homme dont nous ne serons jamais le nom, mais qui en a eu bien d'autres par le passé si l'on en croit Marianne. Car c'est leur histoire d'amour que Marianne va finir par raconter, une histoire qui débute au XIVème siècle. Mais, pour en connaître tous les éléments, il vous faudra comme pour les "Contes des mille et une nuits" être patient... Mais la patience, vous n'en aurez guère besoin, car au même titre que cet homme brulé, Marianne fascine et on attend son retour, ses "inventions", et ses histoires en tournant les pages de plus en plus vite.

L'histoire d'amour est là, le questionnement sur la folie, la souffrance et les addictions également... des questionnements, des incompréhensions, mais avant tout une fabuleuse fresque qui demeure en parallèle si proche du quotidien lorsque vous raconte le service des grands brulés, les coûts que les traitements entraînent et l'aspect psychologique de la reconstruction face au regard des autres.

Alors oui cet ouvrage est vraiment différent, même s'il faut lui laisser le temps de vous apprivoiser à l'image de Marianne qui progressivement va réussir à susciter la curiosité et retrouver le chemin du coeur de cet homme détruit bien en amont de son accident.

 

Mais aussi, le très beau billet de Karine qui doit sa lecture à Book Lady.

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6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 10:20

http://www.decitre.fr/gi/51/9782253128151FS.gifLà-haut vers le nord / Joseph Boyden. Nouvelles traduites de l'anglais (Canada) par Hugues Leroy. Le Livre de Poche, 2010. 316 pages. 5*

Là-haut, vers le nord de l’Ontario, vivent des femmes et des hommes, indiens pour la plupart.
Joseph Boyden évoque avec sensibilité leurs histoires singulières au parfum de légende : une jeune fille tombe amoureuse d’un loup ; un jeune homme prétend envers et contre tout être un ours … Ces nouvelles étonnantes de l’auteur du Chemin des âmes, mélange fascinant d’émotion, de violence et de poésie, dessinent les pleins et les déliés d’une communauté humaine.En quelques pages éclate tout le talent du jeune écrivain canadien aux racines indiennes : la dérision et l’ironie salvatrices ; l’humour à froid et l’incommensurable tristesse.
Martine Laval, Télérama.Là-haut vers le nord, au milieu du chaos, résiste toujours une lueur tendre, un clin d’oeil ironique, une parenthèse de délire ou de flamboiement lyrique. Magistral. Marie Chaudey, La Vie.

 

 

13 nouvelles, 4 cycles dont le dernier ressemble à un chant où, sur le fonds du suicide d'une jeune fille,  se font entendre 4 voix se répondant, faisant écho à ce que, tout au long de ce livre, Joseph Boyden s'est attaché : décrire la violence de la civilisation indienne confrontée à une civilisation voulant à tout prix l'occidentaliser, la glisser dans un moule qui ne répond en rien à leur culture. Tous les moyens furent bons pour briser les "fortes têtes" qui n'en demandaient pas tant.

Résultat : une civilisation qui se cherche, amère envers l'étranger, le blanc en qui la confiance ne peut plus exister. Une rébellion et une recherche de paradis artificiels tous plus destructeurs les uns que les autres : alcool, drogue, jeu etc...

Amer constat c'est certain mais tout l'ouvrage n'est pas aussi noir d'un bout à l'autre ; il va crescendo dans la noirceur, même si la souffrance de ce peuple, la pauvreté revient de manière inéluctable. C'est aussi et avant tout, un grand cri d'amour vers cette culture, l'héritage Crew à commencer par la langue tyrannisée, supplantée de manière obligatoire par l'anglais par un déni de la culture mais présenté comme une volonté d'intégrer ce peuple par les "civilisateurs".

Las, les pensionnats n'ont pas seulement détruits les familles et la culture, ils ont confronté des générations à des perversions, des pédophiles, détruisant les futures générations physiquement et psychologiquement.

Alors oui, ainsi que je le mentionnais l'ouvrage est souvent sombre, et parfois, la larme est proche, mais il se veut également un recueil d'histoires, de références aux croyances indiennes, un retour à la  transmission orale de ces histoires, des savoir faire, de l'entraide entre la famille et les membres élargis de la communauté. Nul besoin de la religion pour appliquer cette réalité ! Mais, XXème siècle ou pas, les hommes de dieu s'imaginent tout savoir et ne supportent pas que les croyances et les savoirs ancestraux puissent dépasser ce en quoi ils croient. Quel dommage qu'ils oublient leur fonction première : l'écoute ; sans doute le mal aurait pu être un peu moindre sur certains points. 

Joseph Boyden sait à merveille nous raconter tout cela. Merci à des auteurs comme lui qui on sut retrouver leurs racines afin de mieux nous les faire comprendre.


La belle critique de Martine Laval (Télérama ; et moi qui pensais ne jamais être d'accord avec ce magazine) à qui j'aurais aimé volé tous les mots et même la citation de l'ouvrage qu'elle donne :)

InColdBlog qui m'a permis de découvrir cet auteur - Merci !!! -

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22 mars 2010 1 22 /03 /mars /2010 21:30
http://www.decitre.fr/gi/13/9782352942313FS.gifMagie de pacotille / Kelley Armstrong. Traduit de l'anglais (Canada) par Mélanie Fazi. Bragelonne, 2008 (L'Ombre), 421 pages. 3,5*
Paige Winterbourne est une sorcière. Ça ne se remarque pas tant que ça: elle n'a ni verrues ni la peau verte, et elle ne remue pas le nez quand elle jette des sorts. Non, la plupart du temps, elle n'est qu'une jeune femme normale de vingt-trois ans: elle travaille trop, s'inquiète de son poids, se demande si elle trouvera jamais un petit ami.
Bon, d'accord, Savannah, l'adolescente qu'elle a adoptée, veut ressusciter sa mère adepte de magie noire... (ne pas lire, c'est en grande partie erronnée ; vous comprendrez après lecture) et elle est poursuivie par une semi-démone douée de télékinésie et une cabale de mages très puissants. Mais à part ça, Paige mène une vie tout à fait ordinaire. Enfin, jusqu'à ce que ses voisins découvrent sa vraie nature et ,que l'enfer se déchaîne. Littéralement.

Un opus dans lequel, si j'en crois ma lecture et ma révision de billets passés qui viennent la confirmer, se poursuit l'histoire de protagonistes rencontrés dans "Capture" du même auteur. Quelqu'un qui comme moi n'a pas lu cette "suite" à "Morsure" peut sans aucun soucis lire cet épisode qui nous plonge dans le monde des sorcières et des mages (contre une meute et une femme loup-garou seule specimen de son espèce héroïne dans les deux volumes précédents).
Se pose le problème des responsabilités pour notre nouveau personnage principal, Paige, qui, à l'image de l'adolescente dont elle a désormais la garde, Savannah, a perdu sa mère, mentor, et surtout Chef de Convent à qui elle a succédé, ce qui provoque quelques frictions avec les Ainées dont la manière de penser est assez éloignée de la sienne : un souffle de renouveau, bien mal accueilli, tout comme les décisions qu'elle prend à l'égard de Savannah, personnage prometteur et adolescente quasi incontrôlable toute à sa douleur récente et en rebellion naturelle et sorcièrement parlant !
Les ennuis s'accumulent pour Paige grâce à une semi-démone, et des Cabales de mages qui souhaitent pour l'une récupérer une sorcière fort prometteuse et pour l'autre lui permettra de rencontrer un fils de, rebelle et beau gosse dans le style propre sur lui.
A mon goût, l'ensemble est très sympathique mais pas aussi enlevé que "Morsure". Il manque un certain tonus à l'ensemble qui range cet opus dans un rang plus adolescent que les autres volumes (moins de scènes de galipettes me soufflent une certaine K. (et peut-être ses comparses F. & C.)).
Néanmoins un moment de lecture plaisant grâce auquel vous saurez tout (ou presque) sur le monde des sorcières, des mages & co.

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4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 22:31
La blogosphère ayant abondemment parlé de ce livre, je ne me suis pas pressée de le découvrir, même si, pour Stéphanie & Fashion, c'était évident j'allais forcément adhérer à ce roman. Fashion avait encore des étoiles dans les yeux tout en évoquant  Clayton lol lorsque je lui ai dit que j'avais franchi ce pas de lecture -  vous me direz qu'elle s'enflamme avec une telle passion que cela ne vous étonne pas -
J'avoue que les filles m'avaient tellement fait l'article que je me demandais bien ce que j'allais pouvoir dénicher dans ce bouquin, ayant, comme il se doit, totalement oublié les billets, si ce n'est que qu'ils étaient enthousiastes et que certaines les glissaient dans des colis, enveloppes, etc....

Les premières pages furent une bonne surprise pour l'adepte des différentes sagas liées aux garous, vampires & co que je suis...
Une écriture et du vocabulaire plus riche qui nous change de la saga qui m'avait ramené à la période midinette, une meute et une femme ayant une place assez importante qui vous rappellent la série de Patricia Briggs (c'est quand la suite de la traduction en français ???),. Bref de quoi se mettre en tête que le genre s'est enrichi ces dernières années avec un public d'aficionados. Alors quoi de neuf, me direz-vous ?
Et bien c'est résolument à un public adulte que Kelley Armstrong s'adresse : les scènes de sexe sont autre chose que la pseudo nuit de noces de vampires bien connus, celles de meurtres sont dignes de certains thrillers avec tueurs en série, et l'histoire si elle nous parait "évidente" n'est le fait que de notre passion du genre. Bien entendu, finement, l'auteur a introduit moult détails originaux : elle s'intéresse davantage à son héroïne, Elena, partagée entre sa vie de loup-garou et l'idéal de vie de madame tout le monde. Orpheline dont le parcours est loin d'une enfance idyllique qu'on lui prêterait lorsqu'elle aborde sa facette de gentille jeune femme épanouie, carrière, reconnaissance professionnelle et compagnon formidable d'écoute et de gentillesse.
Mais comme tout un chacun elle a un côté beaucoup moins lisse, et là, franchement débordant du fait de sa seconde nature, de son ancien amant Clayton qui joue un rôle d'aimant pour elle.
En replongeant Elena au sein de la meute qu'elle a voulu fuir, l'auteur en profite pour nous narrer comment elle est devenue loup-garou, pour décrire et expliquer son passé et histoire ainsi que ceux des personnages qui gravitent dans ce roman.
Alternant ces épisodes et ceux du présent, K. Armstrong sait nous tenir en haleine, faisant se succéder scènes de drame, et d'autres plus introspectives ou plus heureuses. Elle joue avec bonheur sur les relations contrastées des deux protagonistes et sur l'humour de leurs propos. La suite... dès que j'ai 2 minutes :).


http://www.decitre.fr/gi/45/9782352940845FS.gifMorsure / Kelley Armstrong. Traduit de l'anglais (Canada) par Mélanie Fazi. Bragelonne, 2007 (L'ombre de Bragelonne). 430 pages. 4*
Un voyage excitant à la frontière de la sauvagerie et de la féminité.
Elena se coule hors de son lit, prenant bien soin de ne pas réveiller son compagnon. Il ne supporte pas qu'elle disparaisse comme ça au beau milieu de la nuit. Quelle femme normale pourrait avoir tant besoin de retrouver la solitude des rues sombres et mal famées de la ville ? L'énergie contenue déchire ses muscles - elle ne peut plus attendre. Elle se glisse dans une ruelle, ôte ses vêtements et se prépare à la Mutation...
Elena fait tout ce qu'elle peut pour être normale. Elle hait sa force, sa sauvagerie, sa faim, son désir, ses instincts de chasseuse et de tueuse. Elle aimerait avoir un mari, des enfants... et même une belle-mère. En tout cas, c'est ce qu'elle voudrait croire. Et voilà que la Meute a besoin d'elle. Cette Meute qu'elle chérit et déteste tout à la fois est la cible d'une bande de déviants sans pitié. Ils mettent l'existence de la Meute en danger, enfreignant les lois du clan.
La loyauté du sang ne se discute pas. Et au cours de son combat, Elena découvrira sa vraie nature... Découvrez l'imagination stupéfiante de la nouvelle reine du frisson !
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10 septembre 2009 4 10 /09 /septembre /2009 22:05
Un très grand merci tout d'abord à In Cold Blog !
(je sais que je vais avoir une remarque, mais tant pis) grâce à qui j'ai découvert ce livre et qui m'a signalée la présence de Joseph Boyden au Centre culturel canadien mardi dernier.

Lorsqu'Incoldblog me parle de cet auteur : gros blanc !!! Je me renseigne un peu car je dois aller rendre une petite visite à la librairie où travaille Emeraude pour d'autres emplettes.
4ème de couverture du "Chemin des âmes" : "Ce n'est pas un livre pour moi ! Cela parle de la 1ère Guerre mondiale, non vraiment. Et si je me laisais tenter par ses nouvelles "Là-haut vers le nord", cela m'inspire davantage. Pas sortie en poche, et comme je ne connais pas et que je ne vais pas prendre le temps de le feuilleter, trop occupée à papoter un peu :-D".
Bref je suis repartie avec le premier roman de Joseph Boyden ! Que vous dire ?

J'ouvre ce livre dimanche soir, après un week-end trèèèès fatiguant, et, en dépit de mes craintes, je ne parviens plus à m'en arracher alors que je sais qu'il me faut dormir.
La plume est là : des phrases courtes, mais si expressives. La nature est décrite avec une justesse que l'on pourrait croire qu'un film* se déroule devant vos yeux. Je suis conquise.
Bien entendu tout n'est pas idyllique dans ce roman, car là n'est pas le but ;  les scènes de combat, les sniper, les assauts tout est retranscrit avec un grand sens du détail, mais cela reste du réalisme sans volonté d'écoeurement. L'auteur a souhaité rendre hommage aux amérindiens qui sont venus combattre durant la Première Guerre Mondiale, et comme le dit un ami de Nishka, quelque soit leurs exploits, une fois de retour au pays, ils ne seront que des indiens comme les autres, ne tirant aucune gloire de leur courage. [Francis Pegahmagabow fut un de ces hommes, comme le rappelle l'auteur dans ses remerciements]
A travers l'errance de Xavier, ombre de lui-même sous la dépendance de la morphine, qui revit pour nous les épisodes vécus en France, et les événements de sa vie que lui raconte Niska afin de le rappeler à la Vie, on découvre la souffrance de ces amérindiens ; un combat qui commence dès le quotidien, mais qui n'empêche pas l'espoir d'être toujours présent.
J. Boyden nous rappelle la tentative d'acculturation vécue dès l'enfance, qui se traduit pour tous ceux qui résistent par l'isolement, la marginalisation.
 "(...) Encore une fois, Neveu, tu dois comprendre qu'en ce monde de peine, il faut les saisir à pleines mains, ces rares moments de bonheur qui nous sont concédés (...) " - Nishka, p. 213

"(...) Mais surtout, je dirai aux anciens comment, après un bombardement, la vie reprend son cours ordinaire, presque aussitôt, comment l'esprit ne tolère pas qu'on s'attarde sur l'horreur de la mort violente (...) " - Xavier, p.114

Que ce soit dans cette guerre de tranchées incompréhensible aux yeux des hommes qui bataillent pour une colline, une tranchée prise à l'ennemie etc... ou dans la volonté de détruire des hommes de culture et de vision différente, la volonté reste la même : une Guerre physique ou psychologique d'où bien peu vont réussir à sortir. Alors qu'Elijah semblait avoir remporté la bataille dans son pays, cet affrontement dans une terre inconnue le mène vers une folie autre mais qui l'empêchera de revenir dans sa patrie. Quasi orphelin, lui et Xavier sont frères, s'épaulent depuis l'enfance, mais en dépit de cette solidarité, il ira chercher trop loin "son bonheur" pour parvenir à revenir.

"(...) Je ramasse un bâton pour tisonner le feu ; je contemple la rivière qui passe devant nous, cette rivière qui nous emporte toujours plus loin dans les bois. Aujourd'hui encore, je reconnais à peine les lieux. Je tâche d'écarter cette pensée, la peur d'arriver là où nous n'étions jamais allés, mais elle continue de me tourmenter, comme un sale gosse qui nous lancerait des pierres depuis la rive (...)" - Nishka, p. 272

Au cours de la soirée de présentation de son nouveau roman "Les saisons de la solitude ", j'ai appris que ce livre était en fait le second volume d'une trilogie voulue par J. Boyden, qui souhaite néanmoins permettre à tout lecteur de lire indépendamment chacun des titres.
Pourquoi une trilogie alors me direz-vous ? Car on y retrouve les descendants de Nishka et Xavier et la notion de la solidarité familiale, la quête de l'amour au sens large, ainsi que les thèmes de l'isolement, la marginalisation, la perte de la culture, mais également que l'on sort plus fort de ses échecs (cf
supra).
Papillon a été conquise par ce second volet. Après avoir écouter l'auteur j''étais déjà tentée, mais les échos lus ici et là ne font qu'aggraver mon cas :s
cf * : Parlant toujours de son nouvel opus, J. Boyden a raconté qu'il voyait les scènes se déroulant à Toronto et New-York comme un film.



Le chemin des âmes / Joseph Boyden. Traduit de l'anglais (Canada) par Hugues Leroy. Albin Michel, Le Livre de Poche, 2008 . 471 pages
1919.
Nord de l'Ontario. Niska, une vieille Indienne, attend sur un quai de gare le retour d'Elijah, un soldat qui a survécu à la guerre. A sa grande surprise, l'homme qui descend du train est son neveu Xavier qu'elle croyait mort, ou plutôt son ombre, méconnaissable. Pendant trois jours, à bord du canoë qui les ramène chez eux, et tandis que sa tante essaie de le maintenir en vie, Xavier revit les heures sombres de son passé : l'engagement dans l'armée canadienne avec Elijah, son meilleur ami, et l'enfer des champs de bataille en France...
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12 octobre 2008 7 12 /10 /octobre /2008 20:00
De Niro's game / Rawi Hage. Traduit de l'anglais (Canada) par Sophie Voillot. Denoël et d'ailleurs, 2008. 262 pages
À Beyrouth-Ouest, Bassam et Georges, deux amis d’enfance, tuent leur ennui et leur mal de vivre à coups de petits boulots minables, de maigres larcins et de soirées trop arrosées. Les jours se suivent et avec eux les alertes, les morts, les immeubles en ruine. Les filles sont difficilement accessibles, muselées par les traditions et les couvre-feux. Entre deux visites aux copains de lycée engagés dans la milice, les deux jeunes gens s’imaginent coulant des jours meilleurs : Bassam rêve de fuir à l’étranger, et Georges, lui, se sent de plus en plus attiré par les discours belliqueux de la milice chrétienne.
Dans un ultime défi, les deux amis décident de détourner la recette de la salle de jeu où Georges travaille. Mais l’argent seul suffira-t-il à les éloigner de la guerre et à sauver leur amitié ? Porté par une écriture sans concessions, le premier roman de Rawi Hage annonce, au-delà de la puissance du récit, l’avènement d’un grand écrivain.
Très honnêtement, je suis très partagée en ce qui concerne ce livre. Le mois dernier, les avis pleuvaient et leur lecture transversale m'avaient fait entendre que les avis étaient très positifs. Je viens d'y revenir et prends conscience que, fort heureusement, le ressenti de tous n'est pas unanime et que même ceux qui l'ont aimé apportent parfois des nuances dans lesquelles je me retrouve - Ouf ! -
Je trouve très courageux de la part de l'auteur de nous faire partager le quotidien des libanais, même s'il ne s'agit que de quelques mois et que nous n'avons pas toutes les clés pour répondrent à nos questions. Là n'est pas le but ! Il ne s'agit en aucun cas d'un documentaire, mais il m'a permis de me remémorer ces titres des 20H00 des années 80 et d'une guerre dont je ne parvenais pas à comprendre grand chose ! Et c'est malheureusement, aujourd'hui encore, le cas. Certains comme moi se souviennent, tous sans doute avons-nous entendu parler de cette guerre ou du massacre de Sabra et Chatila, sans parvenir à savoir pourquoi. Je vous laisse aller lire cette page, afin de revenir au coeur de l'ouvrage.
En effet, Beyrouth, ses bombardements et sa vie quotidienne sont au coeur de la vie de nos deux personnages principaux : Georges et Bassam. Ils sont amis, jeunes et cherchent en dépit de tout à vivre comme tous les autres adolescents, une certaine "fureur de vivre" liée à l'influence des films américains de ces années dont se sert Rawi Hage avec finesse mais également avec la brutalité ordinaire de ces films qui nous laissent mal à l'aise, mais qui sont sans conséquences pour nous, assis dans notre fauteuil. Pour ces jeunes tout est différent car il s'agit du quotidien : les fous de guerre sont là, l'alcool, la drogue, les anarques et la mort au coin de la rue ou directement chez soi lorsque les bombes explosent à votre domicile, le dévastant et tuant un à un ses habitants. Comment réagir ? Quel espoir peut-il vous rester lorsque votre quotidien, vos amours et vos pas sont accompagnés de violence, que vous ne vous déplacez plus sans une arme à feu ?
C'est une spirale sans fin que l'auteur nous rappelle via ces mots : "Les bombes pleuvaient et moi (...) . Dix milles bombres s'étaient abatues sur Beyrouth, cette ville surpeuplée, et moi (...) Comme un refrain, cette phrase revient, se transforme, mais pour mieux nous faire sentir la sensation de puits sans fin, l'inexorable, le tourbillon de la vie, du quotidien ...
Autant j'ai trouvé certains passages excessivement forts et beaux, autant je me suis perdue parfois dans le cheminement des personnages : la vision de Bassam de Paris au travers de ses souvenirs de cours d'histoire m'a particulièrement génée, par exemple (dernière partie de l'ouvrage d'où ce souvenir plus frais alors qu'il n'est qu'anecdotique).
Oui les scènes de violence sont difficiles, insupportables, mais je crains que cela ne soit qu'une toute petite facette de la vie vécue par les libanais - et d'autres villes ou pays devant souffrir de guerre civile ou d'invasion -
Ce roman n'est certainement pas simple à appréhender pour toutes ces raisons mais il n'en reste pas moins un livre intéressant et un auteur aux mots justes. Je susi très curieuse la suite de ces écrits, car je vous le rappelle, il s'agit là d'un premier roman.

Merci à Violaine  de Chez les filles et aux éditions Denoël
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