Les Fées / Georges Rose. Les Ecrits du Nord - Editions Henry, 2005. 93 pages. 4*
Des gens. Eva vit avec sa fille handicapée mentale qui trouve un "frère" à sa mesure. Sabine rencontre la vie en haute montagne, mais y perd son compagnon. Jacqueline, malgré un mari et des enfants, s'est trop éloignée d'elle-même pour vivre. Un mort, à la grande surprise des siens, remplit l'église d'inconnus qui se découvrent et vont se rejoindre. Marc fait presque le tour du monde avant d'accueillir un chat resté devant sa porte. Bien d'autres : parmi eux, la stagiaire de l'E.N.A., l'hôtelière près de la centrale nucléaire, la prisonnière qui aura trois enfants et même des astronautes et leur terre... des hommes, des femmes, les "gens", ceux de la vie, sans doute parfaite, à notre insu.
Voici quelques années *hum, hum ; sans doute en 2005 ou 2006* je me suis arrêté devant un stand régional où se trouvaient les Editions Henry, au Salon du Livre. Les personnes présentes étaient charmantes, un agréable échange s'en est suivi et de fil en aiguille j'ai acquis cet ouvrage de récits.
Le titre, la couverture, la quatrième de couverture, tout était au rendez-vous pour m'attirer, même si on me parlait de poésie - moi qui n' y comprend toujours rien - ; l'ouvrage me plaisait et je n'ai pas su résister. Comme souvent avec mes livres, il s'est promené, remontant sur le haut de la pile, puis remplacé par un comparse ou de nouvelles acquisitions...
Mais si ma mémoire est parfois éphémère, j'ai néanmoins de la suite dans les idées et j'avais toujours cette volonté de mieux connaître cette maison d'éditions au travers, notamment, de cette publication.
Alors, tout d'abord, un regret : la notion de récits que j'ai évoqué se traduit davantage par la notion de nouvelles à mes yeux et fort courtes s'il en est.
Et là j'ai enfin compris pourquoi certains lecteurs refusent de lire des nouvelles. Car manifestement, je ressentais enfin leur insatisfaction : tous ces récits m'on semblé trop courts. L'ébauche d'une histoire et hop tout s'envolait. :( Certains récits font à peine un recto verso de ce tout petit volume.
En dehors de cette déception, j'ai réellement lu des textes souvent magnifiques. Tous parlent de la différence, de la mort, de la quête du bonheur et de ce que cette notion peut isgnifier pour chacun. Bien entendu, comme c'est souvent le cas pour cette forme de recueil, je n'ai pas toujours éprouver le même attachement pour tous ces personnages aux situations toutes plus différentes les unes que les autres, mais l'imaginaire de l'auteur a su, souvent donner et transcrire beaucoup.
Mes préférences vont * et vous savez tous combien il est difficile de faire un choix dans ce cas* à la première histoire qui évoque avec beacoup de sensibilité le handicap chez des enfants, la perception, la vie de l'entourage. Le texte est écrit à la fois avec un oeil qui semble tourné vers l'extérieur et un sentiment de vécu. L'ajout de la rencontre avec un autre enfant souffrant également est une très belle idée, tout comme le rappel de la souffrance des parents : celui qui reste, celui qui fuit incapable de supporter le regard de la société. La fatigue au quotidien de l'entourage. Et la mort au bout du chemin : nulle idée de délivrance ou autre, seulement le quotidien de chacun.
L'alcoolisme est traité là-aussi avec une douceur extrême ; il vous prend, vous surprend au tournant d'une page alors que vous cherchiez à comprendre le mal être de cette femme qui se débat, tente de s'arracher à son poison, elle qui parvient encore à prendre conscience que le bonheur est là, aux yeux des autres, mais que tout cela ne parvient pas pour autant à la retenir.
Ce mort si vivant grâce à ces personnes qu'il a su aider de son vivant, inconnu de tous et plus particulièrement de sa famille. Petite personne qui a su redonner espoir, vie, bonheur à ceux qui l'ont croisé. Et, devant son cercueil, au lieu de se lamenter de la perte de cet homme, c'est la vie qui poursuit ses droits.
Comme je le disais, la mort semble omniprésente dans cet ouvrage (une nouvelle fois, pas de pathos, pas de tire larmes), mais il se conclue par un texte que j'ai trouvé brillant : Florence, prisonnière, qui, tous les jours, sort de sa prison pour aller travailler. On ne saura rien du pourquoi de sa peine, mais ces instants d'évasion sont tout simplement sublimes vu avec les yeux d'une femme qui n'a plus rien : plus d'espace personnel, plus droit au silence...Et puis il y la rencontre... Ce texte, plus long que les autres, traduit réellement l'Espoir contenu tout au long de cet opuscule.