La séance / John Harwood. Traduit de l'anglais (Australie) par Danièle Mazingarbe. Le Cherche Midi, 2010 (NéO). 358 pages. 3*
Angleterre, fin de l'ère victorienne.
Constance Langton reçoit la visite d'un avocat, John Montague. Celui-ci lui annonce qu'elle vient d'hériter d'un manoir de famille dans le Suffolk, Wraxford Hall, et lui conseille de vendre la propriété sans perdre une seconde. Wraxford Hall jouit en effet d'une sinistre réputation : ses précédents propriétaires y sont morts dans d'étranges circonstances et une jeune femme, Eleanor Unwin, y a mystérieusement disparu avec sa fille.
Quels terribles secrets renferme Wraxford Hall ? Au fil du journal intime d'Eleanor et des recherches de Constance, deux femmes dont le désir d'indépendance dénote en pleine époque victorienne, se lèvent peu à peu les mystères qui entourent l'étrange demeure. Pièges machiavéliques et coups de théâtre en cascade, terreurs intimes, étranges obsessions et secrètes inconvenances, tout est réuni pour faire de cet hommage très moderne au roman gothique et victorien un chef-d'oeuvre du genre.
C'est sur les chapeaux de roues que j'ai commencé cette lecture, mon intérêt ne faiblissant guère au cours de la narration de l'histoire de Constance, de sa courte vie déjà si mouvementée, de ses interrogations sur l'existence et sur les sentiments de ses parents comme de sa place au sein de ce foyer dans lequel elle semblait avoir bien de la peine à trouver sa place. Puis, sont arrivées les séances de spiritisme, la rencontre avec un jeune homme, et ayant lu la quatrième de couverture, je m'interrogeais sur l'héritage cité : sa place, etc. Si sa signification était bien celle supposée par Constance.
Au jeu des labyrinthes, John Harwood semblait avoir trouvé sa place, nous entraînant dans une narration croisée via l'histoire de Warxford Hall par le biais de l'avocat John Montague et de sa propre histoire. Le mystère s'épaississait ! Nouveaux personnages : parfois énigmatiques, un peu savant fou et parallèlement l'histoire fatale d'un jeune couple et des malheurs s'abattant sur une heureuse famille.
Cela commençait à faire beaucoup mais je me disais que, me fiant au titre et aux expériences de Constance avec le spiritisme, tout devait se tenir.
Nous voici de retour à Waxforld et avec une nouvelle jeune femme : Eleanor qui va croiser le destin de l'avocat et de l'héritier de Waxforld. Nouveaux liens et nouveaux coups de théâtres. Mais à force, je commence à me lasser et aimerais que la conclusion arrive.
En effet, si au travers des personnages féminins, assez indépendants néanmoins, on perçoit la place de la femme en cette ère victorienne, où il suffit au mari de trouver quelques amis compatissants pour se débarrasser promptement et en tout bien tout honneur de l'épouse, j'ai eu l'impression que l'auteur faisait durer le plaisir et plaçait des éléments, non pas inintéressants, mais qui prennaient de l'espace dans l'avancée de son histoire.
Enfin l'action avance et me voici au terme de l'histoire de ces femmes et de leur place. Histoire qui reste intéressante et intrigante, dans une forme originale : l'enchevêtrement narratif via la lecture par Constance de journaux intimes, mais j'ai eu réellement l'impression de prendre des chemins de traverse pour arriver à la conclusion.