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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 17:45

http://static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/0/8/0/7/9782080704955FS.gifAnna Karénine / Léon Tolstoï. Traduit du russe par . Flammarion, 2010. 571 + 476 pages. 4*

" Quand Tolstoï a esquissé la première variante d'Anna Karénine, Anna était une femme très antipathique et sa fin tragique n'était que justifiée et méritée. La version définitive du roman est bien différente, mais je ne crois pas que Tolstoï ait changé entre-temps ses idées morales, je dirais plutôt que, pendant l'écriture, il écoutait une autre voix que celle de sa conviction morale personnelle. Il écoutait ce que j'aimerais appeler la sagesse du roman. Tous les vrais romanciers sont à l'écoute de cette sagesse suprapersonnelle, ce qui explique que les grands romans sont toujours plus intelligents que leurs auteurs. Les romanciers qui sont plus intelligents que leurs œuvres devraient changer de métier. "

 

Encore un grand classique que je n'avais jamais ouvert mais qui m'a bien moins déçu que le "Lolita" de Nabokov.

Même si j'en connaissais la trame et la chute tragique, j'ignorais que sa taille était due en grande partie aux intrigues annexes. C'est volontairement que j'utilise le terme annexe et non secondaire car les amours de Levine et Kitty m'ont bien plus intéressés que ceux d'Anna et de Vronski, non seulement parce que l'on sait leur couple voué à l'échec mais simplement par le caractère de ces deux personnages qui, à l'image de bon nombre de couples que j'ai connu, en refaisant leur vie - enfin c'est le cas d'Anna - n'en reste pas moins insatisfaite ; une déception que connaît également Vronski qui n'attend qu'un signe d'elle pour la rendre à son mari. Tout deux restent dans un état permanent d'amertume, de passion assouvie mais somme toute amère, par rapport à leurs vies passées. Tolstoï sait admirablement rendre ces sentiments, la souffrance de chacun jusqu'à une lassitude de ces personnages de la part de la lectrice que je suis. Je ne dis pas qu'il a trouvé La solution pour mettre un terme aux souffrances de ces personnages, mais aucune n'aurait pu être adéquate pour conclure ce roman.

Ainsi que je le disais, le personnage de Levine m'a davantage intéressé car, même si avec Vronski nous suivons "la vie" d'un militaire, la vie à la campagne en laquelle Tolstoï semble avoir donné énormément de lui-même, donne un rendu si véridique que j'attendais avec impatience, le retour aux expériences et à la vie de Levine. Confronté aux changements de mentalité des anciens serfs, aux méthodes modernes qui effraient les paysans, aux expériences participatives pronées par d'autres. Et, parallèlement on le suit en ville, se renseignant sur ce qui se déroule dans les autres pays européens. Oui cela semble moins tenir du roman que du livre d'histoire, mais l'ensemble de ces détails, de cette vision des changements donnent une tout autre tournure à l'ouvrage, nous le rend plus vivant.

Bien entendu, les trois visions du couple que donnent Tolstoï (plus celles qui gravitent autour des personnages croisés) sont un rendu de la société. La mort d'Anna n'est pas à mes yeux la punition divine des amours coupables d'Anna et Vronski mais seulement l'échec dans la construction de leur couple.Ce n'est certainement pas la vision voulue par l'auteur qui oppose les couples Anna-Vronski et Levine-Kitty comme il oppose la vie ville / campagne et la vie militaire-administrative (noblesse russe) / à celle de celui qui vit de son travail physique au contact de la terre et des autres. Ces aspects positifs n'empêchent en rien Levine de s'interroger sur son existence et d'avoir des pensées aussi fatales que celles d'Anna.

Pour avoir lu, une brève biographie de Tolstoï, j'ai réellement l'impression qu'il a beaucoup transposé de lui-même dans ces personnages, bien entendu dans celui de Levine mais pas seulement.

Un roman fait de paradoxe et d'opposition mais une oeuvre magnifique.

 



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17 février 2013 7 17 /02 /février /2013 20:10

http://static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/2/6/6/1/9782266134378FS.gifLe maître et Marguerite / Mikhaïl Boulgakov.Traduit du Russe par Claude Ligny. Révisé par Marianne Gourg. Pocket, 2009. 529 pages. 3, 5*

Ecrit sous la terreur par un homme malade et désespéré, " Le Maître et Marguerite " a mis vingt-cinq ans pour s'imposer comme l'un des chefs-d'œuvre de la littérature russe et devenir un livre culte dont la construction diabolique n'a pas fini d'enchanter les lecteurs. Comment définir un mythe ? Les personnages de ce roman fantastique sont le diable, un écrivain suicidaire, un chat géant, Jésus et Ponce Pilate, la plus belle femme du monde... On y trouve des meurtres atroces et des crucifixions. C'est une satire acerbe, une comédie burlesque, une parodie politique, un poème philosophique dévastateur avec des fantômes et des transformations magiques. Mais cette fantasmagorie baroque, ce film noir, cette vision d'apocalypse est aussi l'une des plus belles histoires d'amour jamais écrites.

 

Ce billet aurait également pu s'intituler : Comment découvrir l'étendue de son absence de culture

Car oui je ne connaissais absolument pas cette oeuvre, pas plus que les oeuvres de Gogol dont Mikhaïl Boulgakov était, si j'en crois les notes de cet ouvrage, un admirateur. Ajoutez à cela qu'heureusement que les notes existent, car sans cela, bon nombre de passages, références seraient restés lettre morte à l'ignare que je suis. Bon je me suis rassurée comme je pouvais, via mes connaissances à toutes les références musicales mais, c'est parfois un peu court. Preuve qu'en dépit de l'âge, on peut encore apprendre, découvrir etc...

J'ai failli oublier de mentionner que la Russie reste, en dehors des notions scolaires un pays dont j'ignore tout ! Cet ouvrage fut, comme vous pouvez l'imaginer, un quasi challenge à lui seul.

Merci à Titine et Cryssilda, avec  "Un hiver en Russie" je sors un peu de mes sentiers battus, et dans les méandres de ma bibliothèque, je lis des auteurs dont je ne connaissais que le nom (et quelques titres) sans jamais avoir ouvert un seul livre.

C'est avec beaucoup de perplexité que j'ai lu les premiers chapitres de cet ouvrage. Au vu des références à Gounod, Berlioz et tant d'autres je cherchais où était Marguerite et quand elle allait rencontrer le diable. Car oui le diable était là mais apparaissant sous un jour bien différent de celui des histoires lues jusqu'à aujourd'hui ! Et que signifiait donc cette intrusion de Ponce Pilate et des dernières heures de Jésus dans cette histoire ? J'étais perplexe. Oui, bien entendu, l'entame de l'ouvrage débutait sur l'existence ou non de Dieu entre Berlioz et Ivan, mais pourquoi insérer des chapitres aussi précis dans la narration faite par Woland (le diable) ? Oui je sais que la religion a été remise en question par la Révolution russe, néanmoins....

Un peu obstinée, j'ai poursuivi ma narration et peux conclure aujourd'hui .

Bien entendu, comme je le disais toute ma lecture ne fut pas limpide de par les références ou par certains passages que j'ai trouvé un peu long, mais tout me semble à présent beaucoup plus clair et cette imbrication de 3 actions en une histoire, force l'admiration. Surtout lorsque l'on prend conscience à la fois de tous les thèmes abordés dans cet ouvrage, des styles disparates : conte fantastique, histoire d'amour, critique politique et de la société de cette période, comédie... Grâce aux notes déjà abondemment citées, on prend conscience (même en ayant lu l'introduction cela n'était pas si évident à quelqu'un ayant une absence de connaissance de cet auteur) que Mikhaël Boulgakov rend énormément de son vécu à travers l'ouvrage et retranscrit le quotidien des moscovites de cette période.

C'est donc un ouvrage ambitieux qui, grâce à l'humour /et des personnages hétéroclites qui accompagnent notre professeur / magicien étranger  : - un ancien chef de choeur, Fagotto qui fera bénéficier de ses services toute une administration que ne fait plus que chanter, - un chat non pas botté mais aux vies multiples, bavard et quelque peu pyromane : Béhémoth, - un tueur Azazello, et, - la sorcière Hella nous entraînent dans une folle sarabande, comme tous ceux qui croisent leur chemin qui se retrouvent bientôt soigner dans un hôpital psychiatrique.

Ce même hôpital où le Maître est soigné, auteur aigri, dénigré par les critiques suite à son ouvrage sur Ponce Pilate.

Quant à Marguerite, vous l'aurez deviné, il s'agit de la femme aimée par le Maître qui est prête à sacrifier son existence en devenant une sorcière afin de permettre à celui qu'elle aime de revenir ... d'où ? elle l'ignore. Tout ce qu'elle sait c'est que depuis 6 mois il a disparu et lorsqu'Azazello lui propose de le sauver, elle n'hésite guère.

Si vous avez du mal à poursuivre votre lecture, je ne peux que vous invitez à tenir, lire ... pour arriver tout d'abord à Marguerite et à sa transformation, sa vengeance envers un critique (en dire plus, je ne peux), à ce grand bal chez Satan (oui, vous aurez lu quasi la moitié de l'ouvrage, et tant mieux). Un bal où tous les personnages les plus tristement célèbres apparaissent pour saluer leurs hôtes, flux intarissable, sortant de leurs cercueils et reprenant forme humaine pour l'occasion. La folie de cette nuit gagne Marguerite, les participants et le lecteur s'interroge juqu'où l'auteur va aller.

Oui certaines pages sont plus folles (la soirée du magicien et les conséquences sur le public en plus de ce bal, les allers retours, la surveillance de cet appartement où la folie est partout alors qu'il semble vide), mais il faut se laisser emporter par ce roman puis, une fois la dernière page tournée, prendre conscience (ou non, selon vos besoins d'appréhender votre lecture) de tout ce que l'auteur aborde.

 

Nous n'avons pas le même niveau de lecture :0)

 


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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 06:27

http://www.babelio.com/users/AVT_Leon-Tolstoi_6424.jpegIdylles paysannes / Léon Tolstoï. Traduction d'Emmanule Bove et Georges d'Ostoya. La Castor Astral, 1995.140 pages. 4*

Le Père Serge / Léon Tolstoï. Traduit du russe par J.-W. Bienstock. Le temps qu'il fait, 1992.100 pages. 3 *

Ces contes de Tolstoï posent un regard aigu sur la société paysanne russe au tournant du XXème siècle. Tolstoï s'intéresse particulièrement à la représentation de femmes redoutables et volontiers diaboliques. Placés dans un contexte passionné, ses personnages sont confrontés à des situations extrêmes dues le plus souvent aux frasques féminines.

Le Père Serge est l'histoire d'un jeune prince comblé qui quittera le monde pour devenir moine. S'infligeant les plus dures épreuves afin de taire en lui l'ambition et le désir de gloire, il se fera ermite, sera tenté plus rudement encore, péchera et combattra au point que sa sainteté sera connue dans toute la Russie. Il lui faudra, pour retrouver le chemin qui mène à Dieu, devenir errant et se perdre dans l'anonymat.

 

Des trois contes c'est le premier et le plus long qui m'a davantage plu : "Une idylle". Sans doute sa longueur m'a-t-elle permis de rester dans le texte et de suivre le personnage de Mélanie et ses histoires amoureuses qui semblent prétexte à montrer la condition féminine, les harcèlements (le mot n'existait pas, selon va sans dire) que les femmes vivent, qu'elles soient mariées ou non, leur quotidien de tous les jours et les travaux auxquels elles participent dans les campagnes. Sans être un portrait totalement détaillé  de cette jeune femme, on s'attache à ses tours d'esprits, son adresse et sa chance à échapper à tous ces hommes qui la convoitent. Elle n'est pas la plus aimable et la meilleure lorsque l'on voit son comportement avec le valet mais il semble qu'elle profite de la jeunesse, de la naïveté de ce jeune homme pour lui faire endurer les railleries de certaines.

Ainsi que je le mentionnais tout est scrupuleusement détaillé et le texte se lit d'un bout à l'autre avec attention. Même chose pour les deux contes qui suivent. "Les deux retours" voit un homme dont le passé n'est pas exempt d'erreur revenir pour la dernière fois sans son village. Quant à "Le père et la fille" il narre de manière abouti (car moins tardive) de la réconciliation après la maternité de sa fille.

Le Père Serge nous montre tous les tourments de l'homme quant à sa volonté de devenir le meilleur dans tout ce qu'il fait et souligne ses faiblesses. Au seuil de sa vie, alors qu'il avait fini par la consacrer à Dieu, il prend conscience *spoilers* que sa cousine a sans doute répandu davantage à la Foi que lui qui s'y est consacré pendant toutes ces années.

Je connais mal l'oeuvre de Tolstoï, mais la femme au travers de ses contes, quelque soit sa condition ou sa vie semble plus à même de montrer une figure humaine même si des exceptions persistent. Le texte du Père Serge, écrit un an avant sa mort met en exergue l'aspect religieux qui a régenté la fin de la vie de l'auteur.

Des textes qui m'ont permis de découvir le style de Léon Tolstoï avant de me plonger dans des oeuvres plus longues.

 

 

Hiver russe

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