La tête de l'emploi / David Foenkinos. J'ai Lu, 2014. 285 pages
A 50 ans, Bernard se voyait bien parti pour mener la même vie tranquille jusqu'à la fin de ses jours. Mais parfois l'existence réserve des surprises... De catastrophe en loi des séries, l'effet domino peut balayer en un clin d'oeil le château de cartes de nos certitudes. Et le moins que l'on puisse dire est que cet homme ordinaire, sympathique au demeurant, n'était pas armé pour affronter ce qui l'attendait.
Buster Keaton post-moderne, il va devoir traverser ce roman drôle et mélancolique pour tenter de retrouver sa place dans un monde en crise.
Banalité du quotidien d'un quidam ordinaire, tel est le sujet de ce roman de David Foenkinos.
Requiem pour un Bernard, voilà la pensée qui m'est venue à l'esprit à la moitié de l'ouvrage. Le sort semble s'acharner sur lui, et les évidences des situations qui vont de mal en pis s'enchaînent avec une banalité pour le lecteur qui ne l'est pas pour le personnage central, anti-héros autant que possible. Grincements de dents de ma part, et reproches amers d'avoir entamé cette lecture en soirée, de quoi me mettre d'humeur morose au vu de ces galères, reflet de notre quotidien (l'histoire se déroulant hier, aujourd'hui).
Où l'auteur veut-il nous emmener ? Dans le vécu de la galère. Cet homme de 50 ans qui perd tout et se retrouve bientôt quasi à la case adolescent.
Mais qu'elle fut longue l'attente de la réaction de Bernard, personnage qui m'a mis en colère face à son absence totale de réaction. ("Mais monte donc idiot, va lui casser la gueule et les virer de chez toi. Au moins qu'il se passe quelque chose dans ce bouquin, au lien d'enfiler les perles ! )
Fort heureusement la réaction et les enchaînements du dernier tiers m'ont réconcilié avec la vie ce matin, même si Foenkinos ne peut s'empêcher une ultime pirouette : notre anti-héros semble déjà prêt à retomber dans ces travers habituels.
J'ai lu ici et là que des lecteurs plus assidus de David Foenkinos avait été déçu par ce roman : ils retrouvaient l'esprit de l'auteur, les ingrédients de son écriture (un personnage banal dont la vie bascule), mais ils leur manquaient un petit quelque chose et craignait qu'il ait oublié de se renouveler, et qu'à force d'utiliser la banalité, la plume ne s'use. N'étant pas une lectrice assidue, j'y ai néanmoins trouvé mon compte, même si ce roman m'a déplu dans la première partie.