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24 août 2014 7 24 /08 /août /2014 20:45

Le duel / Arnaldur Indridason. Traduit de l’islandais par Eric Boury. Métaillié Noir, 2014 (Bibliothèque nordique). 308 pages

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Entre mes mains le bonheur se profile / Agnès Martin-Lugand. Michel Lafon, 2014. 332 pages.
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17 août 2014 7 17 /08 /août /2014 18:56

http://decitre.di-static.com/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/2/9/0/0/9782290077443FS.gifLa tête de l'emploi / David Foenkinos. J'ai Lu, 2014. 285 pages

A 50 ans, Bernard se voyait bien parti pour mener la même vie tranquille jusqu'à la fin de ses jours. Mais parfois l'existence réserve des surprises... De catastrophe en loi des séries, l'effet domino peut balayer en un clin d'oeil le château de cartes de nos certitudes. Et le moins que l'on puisse dire est que cet homme ordinaire, sympathique au demeurant, n'était pas armé pour affronter ce qui l'attendait.
Buster Keaton post-moderne, il va devoir traverser ce roman drôle et mélancolique pour tenter de retrouver sa place dans un monde en crise.

 

Banalité du quotidien d'un quidam ordinaire, tel est le sujet de ce roman de David Foenkinos.

Requiem pour un Bernard, voilà la pensée qui m'est venue à l'esprit à la moitié de l'ouvrage. Le sort semble s'acharner sur lui, et les évidences des situations qui vont de mal en pis s'enchaînent avec une banalité pour le lecteur qui ne l'est pas pour le personnage central, anti-héros autant que possible. Grincements de dents de ma part, et reproches amers d'avoir entamé cette lecture en soirée, de quoi me mettre d'humeur morose au vu de ces galères, reflet de notre quotidien (l'histoire se déroulant hier, aujourd'hui).

Où l'auteur veut-il nous emmener ? Dans le vécu de la galère. Cet homme de 50 ans qui perd tout et se retrouve bientôt quasi à la case adolescent.

Mais qu'elle fut longue l'attente de la réaction de Bernard, personnage qui m'a mis en colère face à son absence totale de réaction. ("Mais monte donc idiot, va lui casser la gueule et les virer de chez toi. Au moins qu'il se passe quelque chose dans ce bouquin, au lien d'enfiler les perles ! )

Fort heureusement la réaction et les enchaînements du dernier tiers m'ont réconcilié avec la vie ce matin, même si Foenkinos ne peut s'empêcher une ultime pirouette : notre anti-héros semble déjà prêt à retomber dans ces travers habituels.

J'ai lu ici et là que des lecteurs plus assidus de David Foenkinos avait été déçu par ce roman : ils retrouvaient l'esprit de l'auteur, les ingrédients de son écriture (un personnage banal dont la vie bascule), mais ils leur manquaient un petit quelque chose et craignait qu'il ait oublié de se renouveler, et qu'à force d'utiliser la banalité, la plume ne s'use. N'étant pas une lectrice assidue, j'y ai néanmoins trouvé mon compte, même si ce roman m'a déplu dans la première partie.

 

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5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 06:23

http://decitre.di-static.com/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/2/6/0/0/9782260020714FS.gifN'oublie pas les oiseaux / Murielle Magellan. Julliard, 2014. 240 pages

Une jeune artiste débarque à Paris, des rêves plein la tête. A l'école de chansons où elle étudie, elle est subjuguée par l'un de ses professeurs, de plus de vingt ans son aîné. Autour de lui, les femmes défilent, attirées comme des papillons de nuit par la lumière. Comment capter son attention ? Pleine de bruits et de fureur, cette histoire s'étend sur vingt ans et retrace les soubresauts d'une passion au long cours.
Elle brosse le portrait d'un homme complexe et attachant, à la fois pygmalion, ami, amant, compagnon et père, qui se révèle être un don Juan impénitent. Mais elle décrit aussi l'éclosion d'une femme à la force insoupçonnée, qui se construit et se découvre au fur et à mesure qu'elle tente d'échapper au piège d'un amour absolu et dévorant. Pour son troisième roman, Murielle Magellan a choisi la voie du récit autobiographique.
Une démarche littéraire qui lui réussit, comme si son histoire, au fil des pages, nous racontait aussi la nôtre.

 

Quelle étrange sensation !  Crainte du  voyeurisme lorsque je lis que cette histoire est autobiographique, alors que bon nombre de romanciers n'omettent pas de préciser que tous les éléments sont de la pure fiction. Ici, tout est à l'opposé ! Muriel Magellan nous donne la couleur et même les couleurs, puisque dès les premières pages nous apprenons que l'Homme Slave est mort, qu'elle a eu un enfant avec lui et que leur histoire d'amour fut à rebondissement.

La crainte du glauque pointe ? Et bien pas du tout. En dépit de ma connaissance de tous ses événements à venir, je me suis laissée gagner par le texte, tout en sachant que le JE était bien réel.

Phrases courtes.  Aucun condensé ou voile pudique sur les tromperies, les amours d'attente. Elle aime l'Homme Slave, souhaite vivre sa passion avec lui, aimerait qu'il soit le père de ses enfants, mais sait qu'elle ne doit pas se cacher la face. Il est plus âgé et aime les femmes.

Et pourtant, le fil tenu persiste, leurs talents se croisent sans cesse. Il ne joue pas un rôle uniquement de mentor, il reste l'Homme qui lui dit de persister, d'écrire encore et toujours, celui dont elle veut bien plus qu'un simple encouragement ou de la tenir par la main dans son évolution professionnelle. Car si elle l'attend au fond d'elle-même, les périodes où ils se sont perdus de vue, ne lui ont pas fait abandonner ses projets artistiques qui les rapprochent et les éloignent.

Oui la passion est en flux tendu dans ce roman, où tout un chacun retrouve parfois les aspects de sa propre vie privée : la rupture, la jalousie n'est pas exempte du récit. Et en dépit de l'aspect autobiographique, de cette  chute attendue, le noeud au creux de l'estomac gagne lorsque l'inéluctable moment arrive. L'Homme Slave n'est plus. Son histoire ne s'arrête pas là. Ses histoires devrais-je dire car, sa vie fut un peu à l'image de ses spectacles : fécond, parfois imprévisible, fruit de passions.

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19 janvier 2014 7 19 /01 /janvier /2014 17:30

http://decitre.di-static.com/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/2/2/6/2/9782226249692FS.gifLa nuit en vérité / Véronique Olmi. Albin Michel, 2013. 309 pages. 2,5*

Enzo et Liouba Popov vivent dans un grand appartement dont ils ont la jouissance près du jardin du Palais Royal. Les propriétaires ne sont jamais là, Liouba y est femme de ménage. Enzo est en 6e au collège où il est le bouc émissaire de ses camarades. Trop différent, trop gros, trop silencieux. Il a la hantise du lundi matin et son refuge ce sont les livres qu’il dévore et, la nuit, les histoires qu’il s’invente.
Quand le harcèlement scolaire devient lynchage, la vie d’Enzo bascule, la fièvre et le délire lui font entrevoir ses origines russes, des Russes blancs venus combattre en 14 avec les soldats français puis envoyés en Creuse dans un camp militaire. Un roman magnifique, ample, ondulant, qui évoque une relation forte et fragile entre une mère très jeune et un gamin sensible, victime de la méchanceté scolaire.

 

Autant j'ai été totalement conquise par la première partie de ce roman, me demandant comment l'auteur allait bien pouvoir poursuivre son récit, autant j'ai été déçue par le côté fantastique qu'elle y a intégré. Plonger dans un roman où la réalité et le quotidien accaparait mon attention, ce subterfuge m'a gênée dans ma lecture et a fait perdre le fil des thèmes soulignés par l'histoire contée par Véronique Olmi.

Néanmoins ce roman parle magnifiquement de l'exclusion, de l'image que votre couleur de peau ou votre nom donne à ceux qui vous entourent lorsqu'ils ne cherchent pas à en savoir plus sur vous.

Oui le nom de famille d'Enzo et Liouba sonne étranger mais ils sont français... Les différences ne s'arrêtent pas là et la quête absolue d'amour de Liouba, comme le surpoids ou son intérêt pour les livres d'Enzo les plongent dans la différence d'une certaine manière.

Véronique Olmi nous montre à travers ses maladresses et ses silences l'amour de Liouba envers son fils. Comment elle est l'esclave moderne de ses employeurs afin que son fils puisse aller dans une école des beaux quartiers. Mais l'adresse postale ne fait pas tout et la différence et l'indifférence d'Enzo envers ses camarades vont le plonger dans l'horreur et la cruauté des enfants comme l'incompréhension des adultes qui les entourent.

Leur vie semble plus simple lorsqu'ils ne sont que tous les deux, se raccrochant simplement l'un à l'autre en tant que mère et fils, chacun comptant sur la présence de l'autre mais de manière silencieuse. Certes Liouba n'est ni une mère parfaite, ni une employé idéale. A force de vouloir bien faire, elle abime les objets d'arts ou les rideaux (à force de nettoyage) de l'appartement de ses employeurs et, de la même manière, sans mode d'emploi pour son fils, elle essaie de lui transmettre tout l'amour qu'elle a pour lui.

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14 décembre 2013 6 14 /12 /décembre /2013 06:52

http://decitre.di-static.com/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/3/3/0/0/9782330022600FS.gifKinderzimmer / Valentine Goby. Actes Sud, 2013. 218 pages. 4*

En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille femmes. Sur ce lieu de destruction se trouve comme une anomalie, une impossibilité : la Kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Dans cet effroyable présent une jeune femme survit, elle donne la vie, la perpétue malgré tout. Un roman virtuose écrit dans un présent permanent, quand l'Histoire n'a pas encore eu lieu, et qui rend compte du poids de l'ignorance dans nos trajectoires individuelles.

 

La perspective de nourrissons dans ces camps de la mort me donnait le frisson et, en dépit de la finesse de la présentation de son ouvrage, de toutes les remarques formulées au cours d'un débat, j'ai eu beaucoup de mal à me décider à prendre ce livre. (En fait j'avais mal compris les propos tenus ce soir-là ; j'avais entendu que c'était l'enfant qui relatait dans le moindre détail ses perceptions et, j'avais du mal à pouvoir imaginer cela. Valentine Goby parlait en fait de son héroïne).

Les premières pages (pas le prologue) m'ont laissée dubitatives. Les phrases me semblaient obscures. Les mots isolés. Je ne comprenais pas. Et puis, et puis... je suis entrée dans ce roman pour finalement ne pas l'abandonner, comprenant mieux ces primes hésitations une fois l'ensemble lu. Comme quoi, j'ai parfois raison de m'obstiner à vouloir lire les livres jusqu'au bout.

Alors oui ce livre parle d'un camp de concentration, mais il parle avant tout d'une femme. De son regard, de tout ce qui la raccroche à la vie, de ses moments d'égarements devant ce monde inconnu loin de tout ce qu'elle connaît, de cet apprentissage de mots dans une langue étrangère, dans une violence dont elle ignorait tout et qui explique un début chaotique que j'ai eu bien du mal à appréhender. Car non contente de nous présenter son personnage et son arrivée au camp, Valentine Goby nous restitue les images, les mots et les sensations de Mila. Son monde a disparu et elle doit tout réapprendre ou simplement découvrir. Mais dans cet univers carcéral, elle n'est pas / plus seule. D'autres femmes, plus jeunes, plus vieilles, sans âge... juste dans le même espace qu'elle, dans un même enfer et qui tente de survivre à l'enfer si proche et si réel.

Mila est presque sans âge. Elle a agi, jusque-là, quasi par automatisme : elle s'est raccrochée à sa cousine dans son enfance, au cryptage des messages et elle se retranche en elle-même, sur son secret, son enfant qu'elle dissimule non par honte, mais pour le sauver. Devant l'horreur, elle apprend les gestes, les odeurs, savoure un rayon de soleil, un sourire, un souffle d'haleine qui réchauffe et un chien qui ne la mord pas. Aucune réponse, simplement des faits.

Et puis, ... son fils qui naît

Cette Kinderzimmer où les petits sont entassés, où le temps leur est compté.

Sa lutte reprend inlassablement alors que le souffle des enfants est si faible qu'il peut à tout moment s'éteindre comme une bougie, ces vieillards à peine nés qui ne savent pas crier.

Comme Mila, on espère, on s'accroche à ses choix si peu nombreux, parfois dangereux, elle qui erre dans cet univers où l'être humain tient si peu de place.

 

L'avis de Stephie.

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7 décembre 2013 6 07 /12 /décembre /2013 18:00

http://decitre.di-static.com/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/0/2/1/1/9782021119138FS.gifL'échange des princesses / Chantal Thomas.Seuil, 2013. 334 pages. 2,5*

En 1721, Philippe d’Orléans est Régent, dans l’attente que Louis XV atteigne la maturité légale. L’exercice du pouvoir est agréable, il y prend goût. Surgit alors dans sa tête une idée de génie : proposer à Philippe V d’Espagne un mariage entre Louis XV, âgé de onze ans, et la très jeune Infante, Maria Anna Victoria, âgée de quatre ans, qui ne pourra donc enfanter qu’une décennie plus tard. Ce laps de temps permet l’espoir d’un "malheur" qui l’assiérait définitivement sur le trône de France… Et il ne s’arrête pas là : il propose aussi de donner sa fille, Mademoiselle de Montpensier, comme épouse au jeune prince des Asturies, futur héritier du trône d’Espagne, pour conforter ses positions.
La réaction à Madrid est enthousiaste, et les choses se mettent vite en place. L’échange des princesses a lieu début 1722, en grande pompe, sur une petite île au milieu de la Bidassoa, la rivière qui fait office de frontière entre les deux royaumes. Tout pourrait aller pour le mieux. Mais rien ne marchera comme prévu. Louis XV dédaigne l’Infante perdue dans l’immensité subtile et tourbillonnante du Louvre et de Versailles ; en Espagne, Mademoiselle de Montpensier ne joue pas le jeu et se refuse à son mari, au grand dam de ses beaux-parents Philippe V et Elisabeth de Farnèse.

 

Je sais bien que contrairement à de nombreuses critiques, je n'avais pas aimé  Les adieux à la reine et qu'il peut paraître étrange que je me sois lancée dans la lecture du dernier roman de Chantal Thomas, mais la curiosité l'a emportée sur la sagesse. Les critiques miintriguaient et une interview plus tard, je décidais de le lire....

Cette fois encore, c'est raté ...

Si j'avais aimé son style et sa plume dans l'ouvrage précédemment cité, je ne peux en dire autant cette fois. Toute la première partie m'a paru totalement poussive. Ne comprenant pas ces choix d'écriture, j'ai repris la page de titre et y ai bien lu roman (on peut même lire Fictions sur la sur-couverture). C'est bien là ce qui me gêne ! J'entends bien que l'histoire ne peut nous donner tous les détails qui se sont déroulés dans les années 1720, mais j'aurais aimé que l'auteur joue totalement le jeu et ne nous propose pas des extraits de correspondances comme s'il s'agissait de documents. J'ai réellement eu la sensation de lire dans certains chapitres un exposé et non pas un roman.

Quelle déception ! Car ce fait historique intrigue et le fait de nous faire vivre en parallèle ces deux destins des 4 cousins qui ne semblent que des marionnettes dans les mains des adultes avaient beaucoup d'atout pour fasciner. Leurs différences d'âges, d'éducation, de sentiments auraient certainement dû m'intéresser. Mais le style m'ayant déplu, je me suis attachée à tout ce qui me paraissait improbable et, en particulier cette enfant de 4 ans à la fois si raisonnable, si réfléchie (lorsqu'elle ne joue pas, néanmoins) mais qui ne sait ni lire et écrire. Cela semble irréaliste !

Si j'ai découvert bon nombre de faits, révisé mon histoire concernant cette courte période de fiançailles entre Louis XV et l'infante d'Espagne, on ne peut pas dire que j'y ai trouvé du plaisir en dépit de tous les chemins pris par Chantal Thomas.

A fuir !


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1 décembre 2013 7 01 /12 /décembre /2013 21:29

http://decitre.di-static.com/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/3/3/0/0/9782330022648FS.gifUne part de ciel / Claudie Gallay. Actes Sud, 2013. 448 pages.

Aux premiers jours de décembre, Carole regagne sa vallée natale, dans le massif de la Vanoise, où son père, Curtil, lui a donné rendez-vous. Elle retrouve son frère et sa soeur, restés depuis toujours dans le village de leur enfance. Garde forestier, Philippe rêve de baliser un sentier de randonnée suivant le chemin emprunté par Hannibal à travers les Alpes. Gaby, la plus jeune, vit dans un bungalow où elle attend son homme, en taule pour quelques mois, et élève une fille qui n'est pas la sienne.
Dans le Val-des-Seuls, il y a aussi le vieux Sam, pour-voyeur de souvenirs, le beau Jean, la Baronne et ses chiens, le bar à Francky avec sa jolie serveuse... Dans le gîte qu'elle loue, à côté de la scierie, Carole se consacre à une traduction sur la vie de Christo, l'artiste qui voile les choses pour mieux les révéler. Les jours passent, qui pourraient lui permettre de renouer avec Philippe et Gaby un lien qui n'a rien d'évident : Gaby et Philippe se comprennent, se ressemblent ; Carole est celle qui est partie, celle qui se pose trop de questions.
Entre eux, comme une ombre, cet incendie qui a naguère détruit leur maison d'enfance et définitivement abîmé les poumons de Gaby. Décembre s'écoule, le froid s'installe, la neige arrive... Curtil sera-t-il là pour Noël ?

 

Après la découverte de son roman  Les déferlantes, j'avais très envie de lire le dernier roman de Claudie Gallay. L'opportunité me fut donnée et je ne regrette absolument pas même si, je suis certaine qu'une nouvelle fois, cet opus ne plaira pas à tout le monde.


Si on retrouve des images similaires, c'est dans le milieu montagnard que, cette fois, l'histoire nous est contée. Un village qui semble prêt à mourir à petit feu, perdu dans les habitudes des anciens ou du quotidien. Où la scierie et le café semblent les deux piliers de la  survie du Val-des-Seuls, mais il y a l'avalanche qui entraîne les hommes vers leur idéal de l'Or blanc : la perspective de la création d'une piste de ski alpin divise les habitants. La modernité, le tourisme... La survie du village est-elle à ce prix alors que tout ferme, s'étiole, que chacun semblant suivre son quotidien ?

A l'image de cette avalanche, Curtil le père de Carole, Philippe et Gaby provoque et suscite les interrogations de la part des habitant comme de ses enfants pour qui il reste l'errant, qui ignorent quand et s'il viendra. La perspective de son retour leur permet de se retrouver pour un court laps de temps, et pour Carole de soulever les interrogations qu'elle  était parvenue à enfouir en partie au fond d'elle en quittant le Val-des-Seuls et en construisant sa vie familiale et professionnelle.

C'est à travers ses yeux, son quotidien, son emploi du temps et son regard à la fois appartenant tout à tour à ce village et à celui d'une étrangère que nous allons progressivement voir et vivre quelques semaines en compagnie des vivants et des morts de ce village. Chaque chapitre se fait l'écho d'une journée et, les répétitions de cette vie, de ce microcosme agaceront bon nombre de lecteurs ; s'ils ont suscité chez moi parfois un peu de lassitude, l'envie d'aller jusqu'au bout afin de savoir fut la plus forte. Savoir... Bien peu de choses car nulle enquête n'est réellement proposée, mais simplement d'en connaître un peu plus à la fois sur cette fratrie, leur famille au sens large et tous ces habitants de second plan mais qui s'emboitent dans l'histoire en donnant la vie, la fragilité du Val-des-Seuls.

De la même manière la carapace de Carole se fissure tout au long des chapitres. On découvre d'abord la fin de sa vie maritale, les manques et les absences puis, les non-dits et les questions qui poursuivent cette enfant que l'on dit si semblable à son père par certains côtés. Et Curtil, quand va-t-il arriver ? Pourra-t-il répondre à ses questions ?

 

Ce livre a été lu dans le cadre des Matchs de la Rentrée Littéraire organisés par Priceminister. Je lui attribue une note de 16/20 !

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5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 20:20

http://static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/9/1/0/9/2/0/9791092068092FS.gifMigne Mystique / Matthieu Dhennin. Imperiali Tartaro, 2013 (Collection Oria) . 336 pages.  

Eté 1409, dans un béguignage de la Flandre bourguignonne, une communauté de femmes vit dans le secret et à l'écart de la société. Elle rejette toute autorité civile ou religieuse. C'est dans ce contexte d'isolement et de crise théologique entre Avignon et Rome qu'une jeune novice, Mechtilde, découvre à ses dépens les règles strictes, autoritaires et sombres de la vie du béguinage. Non sans peur, elle enquête, malgré les menaces, au sein de sa nouvelle communauté pour comprendre ce qui s'y déroule et décrypter la migne mystique, entre crimes et châtiments.

 

Ce roman est présenté comme un thriller médiéval et la vision de la couverture m'avait confortée dans cette idée, tout comme les premiers chapitres où la mort pointe son nez : décès inexpliqué, monde du silence et des non-dits, univers clos et féminin où les membres du béguinage semble s'épier (pratique qui sera confirmée par la suite). Sans remettre en question, les qualités du roman à mon sens, ce terme de thriller est un peu exagéré, car je ne suis jamais parvenue à éprouver des craintes pour la vie de Mechtilde, même si...

Il est certain que les choses ne tournent pas ronds dans ce béguinage et l'accueil de la grande dame n'est pas fait pour arrondir les angles. Les secrets, les non-dits semblent grouiller de partout dans ce lieu, et le fait de nous y faire pénétrer en même temps qu'une novice est certes une excellente idée.

Tout comme le choix du lieu : le béguinage dont j'ignorais quasi tout, que j'assimilais à un ordre clos et dont la définition est un réel parallèle avec le ressentie de Mechtilde (comme celui du lecteur). Se situant aux limites du religieux et du civil, on retrouve bien l'opposition dans le comportement des personnes qui le composent : à la fois religieuses mais attachées à une passion : la peinture, la musique, la fabrication de la bière, la recherche en médecine, etc. 

Un lieu clos, des morts suspects, tout pourrait être dit, et alors l'assimilation à une enquête policière comme on en a déjà lu beaucoup pourrait être facile !

Mais l'auteur opte pour un autre choix et au travers de son roman, de son enquête (à première vue). Il n'omet pas le contexte historique, mais aussi, en profite pour nous rappeler la condition féminine en ce XVème siècle. Car, effectivement, même si on a tendance à l'oublier, c'est sans contexte la place de la femme qui crée ce roman. Le choix de Mechtilde, comme celui de ses soeurs est simple : ses droits sont inexistants, sa place dans la société se situe de manière bien inférieure à celle de l'homme. Et, en obtenant des avantages si minimes soient-ils, du fait de leur volonté de leur indépendance, les béguines suscitent convoitise, et mauvais regards.

En cherchant à sauver leur place, dans la quête d'un protecteur, en plein Concile de Pise, Matthieu Dhennin imbrique l'histoire dans l'Histoire. Même si cela se prête, j'ai trouvé parfois que des passages donnaient la sensation de digressions et longueurs. L'auteur ne fait pas étalage de ses recherches et connaissances, loin s'en faut, mais je pense que quelques coupes auraient pu apporter un peu plus d'élan à certains chapitres.

En dépit de ces travers à mes yeux, c'est un roman original qui m'a fait traverser des paysages magnifiques grâce à Bloemke et sa comparse, fait vivre une époque totalement en opposition avec mon mode de pensée, et dont la chute est somme toute inattendue.  Bien loin des standards, c'est le moins que l'on puisse dire, mais plus proche de l'exactitude historique.


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31 octobre 2013 4 31 /10 /octobre /2013 22:28

La jument verte / Marcel Aymé. Le Jument-verte.JPGLivre de Poche, 1966. 256 pages. 2*

Au village de Claquebue naquit un jour une jument verte, non pas de ce vert pisseux qui accompagne la décrépitude chez les carnes de poil blanc, mais d'un joli vert de jade. En voyant apparaître la bête, Jules Haudouin n'en croyait pas ses yeux, ni les yeux de sa femme. - Ce n'est pas possible, disait-il, j'aurais trop de chance. Cultivateur et maquignon, Haudouin n'avait jamais été récompensé d'être rusé, menteur et grippe-sou...

 

Le roman de Marcel Aymé était en bonne place sur les étagères familiales, mais je dois avouer qu'il prenait un tantinet la poussière depuis tout ce temps. L'envie de le découvrir et le Challenge de Fersenette, voilà ce qui m'a aidé à l'ouvrir et à lui faire prendre l'air ces derniers temps.

Comme bon nombre d'ouvrages connus / adaptés au cinéma, même si on ne les a ni vu, ni lu, la sensation de connaître le contenu ou au moins une idée générale, est trompeuse.

Là, je dois avouer que je partais avec de grandes lacunes et l'ouvrage ne m'ayant pas vraiment emballé, il risque fort de retourner dans les fonds oubliés.

Ce roman est avant tout un portait de moeurs de la fin du XIXième siècle, de la vie d'un village  et plus particulièrement de la famille Haudouin. C'est chez le père que va naître la jument verte. Cultivateur et maquignon il a tôt fait de comprendre les bienfaits qu'il peut retirer de cet étrange animal. Son esprit d'à-propos et ses ruses permettent à la famille de voir ses biens s'agrandir, une reconnaissance et des liens avec les politiciens qui le mène à voir naître pour son dernier fils des aspirations aux études et à devenir quelqu'un :; Ferdinand deviendra vétérinaire.

Cette brève partie n'est en fait qu'une introduction à la suite de l'ouvrage, une mise en bouche de ce qui va suivre : les aspects politiques, religieux, sexuels, relations familiales ... le tout traité avec ironie, audace dans les mots et les pensées des personnages. La jument morte qui trône dans le salon, vivante grâce à l'art d'un peintre, nous transmet son savoir sur la famille Haudouin et sur leurs us en matière de sexualité et leurs singularités.

Car tout en opposant les 2 frères : Honoré à la campagne et Ferdinand, versus ville, ce sont deux mondes que Marcel Aymé peint, deux modes de pensée. Le premier est plus libéré dans ses actes et ses mots, plus satisfait de son quotidien comme de sa famille, son seul bien avec ses bras puisque sa ferme et ses terres ne lui appartiennent plus. Ferdinand, présente l'aspect d'un refoulé sexuel - tentations confrontées aux interdits religieux -, immature, chez qui la peur d'absence de bienséance dans les mots, les actes provoquent des crises permanentes et minent son quotidien comme celui de sa femme et plus particulièrement celui de ses enfants.
Deux frères totalement distincts par bien des points.

Vient s'ajouter à cet héritage, la vieille rancune avec une autre famille de Claquebue, les Maloret pour qui le curé du village reste le maître à penser. Espérant des avantages politiques pour la future carrière de son  fils, Ferdinand entend que son frère soutienne la candidature pour la Mairie du père Maloret. Mais, Honoré ne l'entend guère de cette oreille et, raconte à son frère un des dernier secret de leur mère dont Maloret et lui-même furent les acteurs.

En voulant dépeindre à la fois cette vieille haine entre les deux familles, reconstitué à la fois le climat politique et la vie d'un village comme ses moeurs, brassé la sexualité des campagnes, des parents comme des enfants / adolescents, Marcel Aymé nous emmène dans une histoire biscornue, avec une prose parfois tendancieuse qui peut faire rire ou grincer des dents, mais une histoire un peu boiteuse à mes yeux, où le lecteur attend des événements graves qui n'auront jamais lieu.

Bref ce roman fut pour moi tout juste distrayant, mais n'a pas répondu à toutes les attentes qu'il portait.

 

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13 octobre 2013 7 13 /10 /octobre /2013 17:22

http://static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/165x250/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/2/4/6/8/9782246808718FS.gifLe quatrième mur / Sorj Chalandon.Grasset, 2013 325 pages. 4*

L'idée de Sam était folle. Georges l'a suivie. Réfugié grec, metteur en scène, juif en secret, Sam rêvait de monter l'Antigone d'Anouilh sur un champ de bataille au Liban. 1976. Dans ce pays, des hommes en massacraient d'autres. Georges a décidé que le pays du cèdre serait son théâtre. Il a fait le voyage. Contacté les milices, les combattants, tous ceux qui s'affrontaient. Son idée ? Jouer Anouilh sur la ligne de front.
Créon serait chrétien. Antigone serait palestinienne. Hémon serait Druze. Les Chiites seraient là aussi, et les Chaldéens, et les Arméniens. Il ne demandait à tous qu'une heure de répit, une seule. Ce ne serait pas la paix, juste un instant de grâce. Un accroc dans la guerre. Un éclat de poésie et de fusils baissés. Tous ont accepté. C'était impensable.Et puis Sam est tombé malade. Sur son lit d'agonie, il a fait jurer à Georges de prendre sa suite, d'aller à Beyrouth, de rassembler les acteurs un à un, de les arracher au front et de jouer cette unique représentation.
Georges a juré à Sam, son ami, son frère.Il avait fait du théâtre de rue, il allait faire du théâtre de ruines. C'était bouleversant, exaltant, immense, mortel, la guerre. La guerre lui a sauté à la gorge. L'idée de Sam était folle. Et Georges l'a suivie

 

J'ai beau aimer Sorj Chalandon, lorsqu'au détour d'une rencontre littéraire je l'ai entendu parler  de ce roman (que je venais d'acheter parce que c'était lui, sans avoir lu la moindre ligne), j'ai eu peur ! La guerre du Liban, monter Antigone en plein champ de bataille. Oups dans quoi allais-je m'embarquer ?

Mais voilà, Sorj Chalandon parlait et, même si mes craintes demeuraient j'écoutais, et je savais que ce livre j'allais le dévorer.

S'il n'a pas exercé la même fascination sur moi que La légende de nos pères ou Retour à Kiillybegs, je dois avouer que l'écriture et les mots de Sorj Chalandon dans ce roman ont su me toucher avec tout autant de force.

C'est bien souvent avec un poids au coeur que je tournais les pages, car même si l'auteur nous avait raconté la fin, si je connaissais bon nombre d'événements qui allaient se produire, je ne pouvais que suivre Georges qui essayait de respecter la promesse faite à Sam. Une folie, sa folie au milieu de celles des hommes qui s'entretuaient, se battaient pour un angle de rue. Tous ces hommes qui, par le passé avaient su vivre ensemble mais que la religion et la politique rendaient fous. Cela semblait une folie bien douce les miracles accomplis en amont par Sam avant qu'il ne puisse poursuivre son rêve terrassé par ses propres démons du passé. Alors en dépit de ce que je savais, je continuais à m'accrocher à l'espoir, à la vie de Georges en France, à sa femme et sa fille...

Le plus grand bruit de la guerre est le silence nous rappelle l'auteur, et il nous le fait ressentir dans le quotidien de son héros, soulignant le contraste du quotidien, de la vie, de ces amours impossibles ou devenus impossible lorsqu'on a vu trop de choses. Et, je n'ai pu m'empêcher de penser à Sorj Chalandon, journaliste, revenant à la vie quotidienne (comme ses confrères) et à sa quête de retour à une vie d'avant, avant la guerre, avant les morts, avant les massacres tels ceux de Sabra et Chatila, car comme il le dit ici et comme son personnage va le vivre, des morts sont sous ses yeux, mais le fait de prendre conscience qu'il s'agit d'un massacre vient plus tard (pour Georges par les détails atroces, pour Sorj parce que ses confrères lui donnent le mot) ; le quotidien est tel que la valeur de la vie, des événements s'avèrent totalement différent.

Plus qu'un témoignage, c'est bien un roman qu'on lit avec les espoirs de ceux qui ne connaissent pas la guerre, qui espèrent qu'il y a des bons et des méchants, mais la complexité de l'existence fait que tout n'est pas blanc ou noir. C'est déjà ce que Sam avait tenté d'expliquer à Georges et à ses amis dès les premières pages de ce livre, que je croyais avoir compris, mais la redite et mise en situation est salutaire pour tenter de ne pas oublier.

Un très beau roman, noir où l'espoir guette, même si....


  Rentrée Littéraire 2013

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