La route des petits matins / Gilles Jobidon. vlb éditeur, 2003. 138 pages. 4,5 *
La route des petits matins s’inspire du parcours initiatique d’un réfugié de culture sino-vietnamienne après la chute de Saigon. Entre autres personnages, on y trouve maître Wou, un maître de thé dont les enseignements sont illustrés de proverbes et de dictons qui puisent à une sagesse immémoriale très inspirante pour notre époque agitée
Tout au long du récit, le narrateur conserve pour le héros et sa culture une pudeur chargée de tendresse amoureuse. Le texte, empreint d’émotion et de poésie, utilise des tournures qui s’apparentent à la structure fleurie des langues asiatiques et donnent aux phrases une musicalité envoûtante.Écrite comme une longue lettre d’amour, La route des petits matins salue le courage, la solidarité, la détermination et la faculté d’adaptation des réfugiés, d’abord pour fuir leur pays, puis pour s’intégrer à une culture et à un climat diamétralement opposés à ce qu’ils ont auparavant connu.
Comme je l'ai souvent dit ici, la poésie et moi ne sommes pas les meilleures amies du monde. Donc, forcément, lorsque l'on me dit qu'un ouvrage va me parler de poésie, je tique un peu mais, lorsqu'une amie vous offre un roman vous avez forcément envie de l'ouvrir !
Alors je n'ai qu'un mot à dire : MERCI !
Ce texte est absolument magnifique, tout en étant prenant et émouvant puisqu'il raconte la recherche de liberté d'un jeune garçon sino-vietnamien. Tout lui est progressivement arraché : ses études, ses droits, sa mère et ses soeurs, son maître de thé, ses amis. Mais tout cela, nous allons le découvrir au fil de cours chapitres au style épistolaire. Nul plaidoyer, pas de recherche de bons sentiments, juste des faits que l'on apprend au fil des pages dans un style poétique qui magnifie à la fois les visages, souvenirs, faits du quotidien et les horreurs des vainqueurs, la peur, la fuite et l'espoir. Car oui, il règne en maître, se raccrochant à la beauté des mots, d'un sourire, d'un regard, des espérances d'un monde où la liberté sera le maître mot : "fleedom".
A mon tour, je ne peux trouver plus de mots pour évoquer ce texte attachant qui sait magnifier ces réfugiés En quête d'un monde meilleur, bercés par les récits et magazines mais qui ignorent à quoi ils seront confrontés dans la réalité.
Saluons également la couverture de cet ouvrage qui m'a rappelée ma lecture si différente mais si poétique dans la peinture de cet héron "Le héron de Guernica"d'Antoine Choplin.
L'initiatrice de cette lecture, Abeille, en parle ici. Merci pour cette découverte !
Un autre billet très parlant.