Les liaisons culinaires / Andreas Staikos. Traduit du grec par Delphine Garnier et Karine Coressis. Actes Sud, 2007 (Babel). 145 pages. 4*
Elle est aussi friande de bons petits plats que gourmande des délices de l'amour, et les deux hommes rivalisent de talent dans l'un et l'autre domaine pour gagner sa préférence. En dix-sept menus et autant de rendez-vous galants, Andréas Staïkos campe une intrigue théâtrale, drôle et savoureuse, qui invite à considérer la gastronomie comme un art et un plaisir sensuel en soi, mais aussi comme le préambule ou la métaphore d'autres voluptés.
Dans son livre de recettes pétillant d'esprit et d'originalité, qui fait la part belle aux spécialités grecques tout en plongeant ses personnages dans un piquant marivaudage assaisonné des raffinements du XVIIIe siècle, les plats sont cuisinés avec amour, parlent d'amour et invitent à l'amour.
C'est à un relation charnelle que nous invite Andreas Staikos, mais pas que... :0) Et oui c'est avant tout la confrontation de deux épicuriens épris de la même femme : Nana qui les fait tourner en bourrique, avide des plaisirs de la bonne chère, mais également des plaisirs que Dimitris et Damoclès peuvent lui apporter d'un point de vue sexuel.
Car Nana veut tout ! Alors certains la verront négativement une fois le livre refermé, mais là n'est pas le propos de ce petit opuscule.
Au fil des pages, ces deux hommes vont découvrir qu'ils sont les amants de la même femme chérie, qu'elle les trompe et leur ment à tous les deux et, qu'elle les aime pas seulement charnellement mais également pour tous les petits plats qu'ils lui préparent.
Une fois que l'un et l'autre ont pris conscience de la situation, et en dépit de leur bonne résolution face à l'indépendance de Nana et de leur amour imuable à son égard, une superbe compétition de cuisine mais aussi de faux semblants se met en place.
En 17 courts chapitres, chacun propre à ouvrir l'appétit, à donner des envies de cuisiner (mais pas forcément les plats à l'identique), nous allons entrer dans l'intimité de ces hommes, du couple que chacun forme avec Nana (même s'il ne s'agit que d'heures volées ici et là), de leur soumission à cet amour, de l'emprise que Nana exerce sur eux.
En voulant retourner la situation à leur avantage, ces hommes et le lecteur par la même occasion va prendre conscience de l'art consommé de cette "femme fatale" qui a su mettre ses hommes à ses pieds ... et plus encore...
Original dans sa composition, c'est un roman court à savourer d'une traite ou, si vous craignez l'indigestion, par petite touches.
Chiffonnette en avait parlé il y a bien longtemps, mais c'est grâce à Abeille que je l'ai redécouvert en septembre dernier :)