Mrs Craddock / W. Somerset Maugham. Traduit de l'anglais par Paul Couturiau. Le Livre de Poche, 1994 ( Biblio). 310 pages. 3*
Mrs. Craddock est le premier tourbillon annonciateur du maelström des veuves où s'engouffre l'oeuvre de Somerset Maugham. La future Mrs. Craddock, Bertha Ley, jouit d'un vaste domaine, d'une belle rente et d'un nom illustre.Elle vit seule avec une tante dont l'esprit n'a rien à envier à Madame du Deffand. Bertha Ley se nourrit de Montaigne, de Marc Aurèle et de Madame de Sévigné; elle s'est mis en tête d'épouser un de ses métayers, Mr. Craddock, parce qu'il a des mains fortes et viriles, parce que ses botte font naître en elle un frisson de plaisir, par leur seule taille, qui suggère une fermeté de caractère et une autorité des plus rassurantes.Sommerset Maugham se révèle d'une rosserie réjouissante. Peu à peu il distille un acide cynique qui ronge les pages d'abord imprégnées de niaiserie sentimentale. Les belles bottes de Mr. Craddock broient une à une toutes les illusions de son épouse. [...] Et Sommerset Maugham de laisser entendre que souvent, dans un roman d'amour, le livre de la vie pour l'un est écrit en italiques, pour l'autre, il est composé en grosses lettres capitales.Linda Lê
Un auteur dont je connaissais le nom, mais dont je n'avais jamais lu une ligne ! Voilà c'est chose faîte .
Lorsque l'aristocratie britannique décide de faire une mésalliance et découvre qu'elle n'a pas le monopole de l'attention. Voici en quelques lignes le résumé que je pourrais faire de ce roman mais cela serait plus que réducteur. Car, une nouvelle fois, j'ai été étonnée par la modernité du rôle donnée à cette jeune femme (au moins en début de roman) : Bertha Ley. Mais également, son manque de réalisme quant à une alliance amoureuse, en dépit de son intelligence. Doit-on le reprocher à son éducation, ses lectures, une certaine aspiration à l'idéale ou simplement à un mouvement de rébellion d'où une attirance vers la différence, je ne sais et je ne vais pas me lancer dans une analyse (dont je suis bien incapable d'ailleurs).
Une chose est certaine : Bertha épousera l'homme qu'elle souhaitait * rien n'y personne ne pouvant s'y opposer*, mais le cours de sa vie ne sera pas un long fleuve tranquille et, en dépit de ses chimères amoureuses ou idéalismes, la chute viendra. Et, à 30 ans (gloups), sa vie prend bien une tournure irrémédiable à ses yeux et plus aucun idéal ou illusion ne pourra faire changer son existence.
Somerset Maugham semble prendre plaisir à détruire les idéaux et rêveries de cette jeune épousée, le tout sans avec une plume aiguisée grâce notamment au personnage de Miss Ley.
La galerie de portrait pourrait être quasi complète et être un petit théâtre de la société, mais ce roman montre avant tout les déconvenues du mariage dans un couple que tout sépare et ne partageant aucune passion, aucun point commun.