Une vie / Simone Veil. Le Livre de Poche, 2009. 343 pages.4,5*
Simone Veil accepte de se raconter à la première personne. Perconnage au destin exceptionnel, elle est la femme politique dont lé légitimité est la moins contestée en France et à l'étranger ; son autobiographie est attendue depuis longtemps. Elle s'y montre telle qu'elle est : libre, véhémente, sereine.
C'est une superbe autobiographie que Simone Veil nous donne à lire. Si vous le croisez chez vos amis, en bibliothèque etc, n'hésitez surtout pas. Quelles que soient vos convictions politiques, je pense que vous risquez d'être agréablement surpris par un texte très franc, une écriture habile tout en restant accessible au plus grand nombre, quels que soient les termes abordés par l'auteur.
La première partie est, comme il se doit pour toute biographie qui se respecte, consacrée à sa prime enfance. Simone Veil revient donc sur ses jeunes années et n'omet pas de nous parler des convictions politiques familiales qui, si elles semblent peu affiché par ses parents seront néanmoins le terreau des idées de leurs enfants. Mais c'est avant tout leur éducation et le contexte professionnel de son père et la présence de son entourage qui feront d'elle ce qu'elle deviendra. Bien entendu elle ne passe nullement sous silence sa déportation comme celles des membres de sa famille mais le tout est dit, une nouvelle fois avec beaucoup de simplicité, sans pathos excessif, et laisse une part aux "rencontres" liées aux camps, à la solidarité et à la présence de sa sœur ainée comme à celle de sa mère qui vont leur permettre d'endurer le tout.
La seconde partie est, bien entendu, consacré davantage à sa vie professionnelle et à celle de son époux, à leurs rencontres politiques. Sans être une fana de politique, j'ai trouvé très intéressant son point de vue sur cette Vème République, même si bien entendu c'est à partir du mandat de Valéry Giscard d'Estaing que l'histoire nous est davantage narrée. Ses rencontres, son point de vue sur les décisions politiques comme sur les hommes : elle revient sur tout.
Même si je ne suis pas toujours en accord avec elle, sa vie reste une existence fort intéressante ; elle incarne pour moi une page historique et permet une rétrospective fine et bien menée. Parue en 2007 après l'élection de Nicolas Sarkozy à qui elle avait apporté son soutien, et terminé au moment où Rachida Dati entamait la réforme de la carte judiciaire, je serais aujourd’hui curieuse de connaître son point de vue sur cette réforme de la justice ; elle qui en parle au cours de ses stages et de sa vie professionnelles, comment la voit-elle, les mesures apportées sont-elles satisfaisantes à ses yeux ? .
Les dernières pages m'ont laissé une impression un peu plus mitigé - moins d'allant dans la forme et le texte - , mais, réellement, plus de 90% de cette autobiographie se lit d'une traite.