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18 juillet 2010 7 18 /07 /juillet /2010 07:39

http://www.decitre.fr/gi/40/9782842631840FS.gifL'échappée belle / Anna Gavalda. Le Dilettante, 2009.166 pages (si, si 166 - jetez un coup d'oeil sur la dernière page avec un peu plus d'attention si ce n'est pas encore fait :-D). 4*

Simon, Garance et Lola, trois frères et soeurs devenus grands (vieux ?), s'enfuient d'un mariage de famille qui s'annonce particulièrement éprouvant pour aller rejoindre Vincent, le petit dernier, devenu guide saisonnier d'un château perdu au fin fond de la campagne tourangelle.
Oubliant pour quelques heures marmaille, conjoint, divorce, soucis et mondanités, ils vont s'offrir une dernière vraie belle journée d'enfance volée à leur vie d'adultes. Légère, tendre, drôle, L'Echappée belle, cinquième livre d'Anna Gavalda aux éditions Le Dilettante, est un hommage aux fratries heureuses, aux belles-soeurs pénibles, à Dario Moreno, aux petits vins de Loire et à la boulangerie Pidoune.

 

J'aime Anna Gavalda. Enfin il semblerait que j'apprécie un ouvrage sur deux de cet auteur. Néanmoins, je garde un souvenir ému de mon premier contact avec sa maison d'édition en  1999 (?) lors du Salon du Livre où était proposé à la vente, "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part". J'avais reçu un accueil merveilleux et leurs conseils et gentillesse n'avaient été que les prémices à une lecture enchantée et enchanteresse.

Avec Je l'aimais, déception, mais Ensemble c'est tout m'avait réconcilé avec mon auteur contemporaine fétiche. Un bon gros pavé enchanteur que j'ai relu plusieurs fois avec plaisir. Puis il m'a semblé lire un autre de ces romans mais pfft aucun souvenir... si ce n'est à la sortie de La Consolante, l'idée que ce roman devait être le fameux 1 sur 2, mais hésitation .... et je ne l'ai pas lu, ne parvenant pas à me souvenir si vraiment j'avais lu un écrit d'Anna Gavalda  depuis Ensemble... Tergiversation avec des échos mitigés.

Voici quelques semaines une collègue ; elle lit du Gavalda, L'échappée belle : une conversation commence, mais mon cerveau fait toujours des bulles, toujours ignorant si cette lecture a eu lieu ou non (il me semble finalement que oui, mais que je l'ai rangé dans le même registre que Je l'aimais). Bref la jeune femme est déçue de sa lecture. Rebelote, avant hier une autre collègue me demande ce que je pense de l'auteur car elle reste sur sa faim avec le même ouvrage. J'accepte son prêt (souriez, car il se cache peut être dans mes étagères, je n'ai toujours pas vérifié).

Verdict.

Oui j'avais lu ce livre et, effectivement, ma première lecture ne m'avait pas enchanté, car je n'y retrouvais pas le charme de mes livres doudou, mais cette relecture fut très positive. Est-ce parce que j'avais un a priori négatif, des avis mitigés qui entachaient cette nouvelle ? Je ne sais, mais j'ai néanmoins pris du plaisir à cette lecture.

Il est facile pour des trentenaires de se retrouver dans cette histoire de fratrie qui, pris par le cours de la vie, s'échappe, vole quelques heures à leur quotidien, histoire de retrouver leur enfance, la joie, l'absence des soucis liés aux problèmes matériels ou sentimentaux.

Alors bien entendu, cela peut sembler absurbe, facile de s'évader ainsi et, certains se demanderont à quoi leur a servi ces 24 heures de fuite ? A faire le plein de vie, à se retrouver entre eux, à vivre et à parler en toute quiétude, sans tabou. A retrouver une part d'enfance qu'ils savent enfuie depuis longtemps, notamment pour les aînés qui ont vécu le divorce des parents. Le simple plaisir d'être ensemble, d'adopter une attitude parfois enfantine, de se remémorer des instants fugaces de plaisir et de complicité que l'on a entre frères et soeurs ou entre cousins. Profiter de ces moments uniques, revoir des instantanés du passé qui font du bien au coeur, avant de reprendre son bâton de pélerin, ou plus simplement le chemin du quotidien avec ses tracas petits ou grands.


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16 juillet 2010 5 16 /07 /juillet /2010 23:00

http://www.decitre.fr/gi/02/9782092513002FS.gifLes enquêtes d'Enola Holmes. 1. La double disparition / Nancy Springer. Traduit de l'anglais par Rose-Marie Vassallo. Editions France Loisirs, 2010. 247 pages. 4*

Ma mère m'a appelé Enola, qui, à l'envers, se lit alone, " seule " en anglais.
Et lorsque Mère disparaît, le matin de mon quatorzième anniversaire, c'est bel et bien seule que je me suis retrouvée. Appelés à l'aide, mes frères Mycroft et Sherlock Holmes - oui, le célèbre détective - n'avaient en fait qu'une idée en tête : m'envoyer en pension pour faire de moi une lady. Mais, me refusant à accepter ce sort, je décidai plutôt de prendre mon destin en main et de me lancer, seule, à la recherche de ma mère.

 

Comment susciter ma curiosité (et celle de bien d'autres lecteurs, j'en suis certaine), en renouvelant le "mythe" Sherlock Holmes ? Simplement par une idée adaptée à la jeunesse : créer une jeune soeur au héros national anglais et en faire elle-aussi, par la force des choses, une enquêtrice.

C'est grâce à Papillon que j'ai découvert cette série, elle fut la première à m'en parler, soutenue dans ses propos par Chiffonnette. Enquêtes, lecture jeunesse, Holmes... tous les éléments étaient là et je savais, qu'un jour ou l'autre, j'allais finir par craquer. Et voilà ! :-D

Sans doute ce premier opus n'est-il pas le plus simple à lire, mais en même temps il est la base même du lancement de la vie de Enola Holmes. Adolescente indépendante et libre, vivant à la campagne, au matin de son 14ème anniversaire, elle découvre la disparition de sa mère. Nul besoin d'être Sherlock pour comprendre les raisons de cette disparition, il est surtout nécessaire d'être une femme et de ne pas vivre à la fin du XIXème siècle - je ne puis vous en dire plus sans déflorer une partie de l'intrigue -. 

Avec beaucoup d'intelligence Nancy Springer explique doctement la situation juridique, la place de la femme dans la société et plus encore dans la bonne société anglaise de cette fin de siècle. En quelques pages, elle crée sous nos yeux son personnage : Enola passe du rôle d'une gamine un peu rêveuse à une jeune héroïne marquée par la vie et obligée de se prendre en mains.

En disparaissant de sa vie, sa mère l'entraîne vers son indépendance et vers une réflexion non demandée aux jeunes femmes de cette période. Bien entendu, les accrocs de Sherlock ne doivent pas s'attendre à des enquêtes similaires, mais le cheminement du raisonnement suit son cours et me semble parfaitement répondre à de jeunes lecteurs. Pour ma part, comme bien souvent lorsqu'il s'agit d'oeuvres jeunesse, je suis conquise et vais poursuivre ma lecture, avide de savoir comment notre jeune héroïne va déjouer la ruse de son frère grâce à sa propre intelligence et parvenir à conserver cette nouvelle indépendance.


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12 juillet 2010 1 12 /07 /juillet /2010 23:38

http://www.decitre.fr/gi/63/9782283022863FS.gifLes jarres chinoises / William C. Gordon. Roman traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Julie Sibony.  Buchet Chastel , 2010. 309 page. 3,5*

" Reginald Rockwood III est décédé ce jour à l'âge de trente-cinq ans.
Il était l'héritier d'une des plus grandes fortunes de Californie". Samuel Hamilton, fidèle compagnon de libations du disparu, découvre ces quelques lignes dans la rubrique nécrologique du journal local de San Francisco. Pourquoi et comment le sémillant Rockwood est-il mort ? En reporter néophyte, Hamilton se lance dans l'enquête, avec l'aide de son ami Charles, assistant du procureur général de Californie, lui-même absorbé par un trafic d'oeuvres d'art en provenance de la Chine communiste. Ils écument ensemble les ruelles de Chinatown. Leurs investigations progressent au rythme des cadavres, et des ramifications de plus en plus nombreuses brouillent les pistes. Une question lancinante les obsède : qui tire donc les ficelles ? Des policiers corrompus, des hommes d'affaires véreux ou des malfrats de seconde zone? William Gordon signe là un brillant roman d'atmosphère, dans la veine de Raymond Chandler.

 

Premier roman de l'auteur.

Potentiel certain des personnages même si j'ignore si W. C. Gordon souhaite en faire des héros récurrents, mais ma première impression serait de répondre par l'affirmatif :) ; nénamoins je n'ai pas eu encore le courage de vérifier si mon intuition est bonne.

Les événements se déroulent en 1960 à San Francisco, ce qui semble laisser un champ d'actions assez intéressant à notre auteur. Ici, millionnaire et bas fonds de Chinatown se côtoient. Les flics sont bien entendu corrompus, mais les indics peuvent se révéler de fidèles alliés. Les couleurs de peau déterminent votre importance dans la hiérarchie de la ville dominée par les irlandais et les italiens d'origine. Hommes et femmes ont leur franc parler, la vie est difficile mais les communautés soudées et la confiance, une fois accordée, demeure.

Quant au personnage principal, Samuel Hamilton, grand dadais dont l'évocation des pellicules donnent envie d'accélerer le temps vers ce shampoing faisant la réclame de son utilisation * mais je m'abuse*, on s'attache à lui en dépit de son allure de traîne-savates, de pauvre bougre au manteau brulé par ses cigarettes, amateur de whisky glaçons... Un portrait peu flatteur couronné par son manque d'expérience de la vie et sa maladresse avec les femmes. Mais ce jeune homme n'est pas né avec une cuillère dans la bouche, l'auteur en fait un portrait profondément humain par toutes ces maladresses, sa franchise et son amitié éternelle qui l'entraîne sur la piste du mystérieux décès de son ami Rockwood.

Enfin ami c'est vite dit, comme il va rapidement s'en rendre compte. Car qui connaissait réellement cet homme ? Progressivement nous allons nous rendre compte que rien ni personne ne peut dire qui il était, même pas Melba la patronne du Camelot, pourtant si observatrice.

Pour l'aider dans cette enquête, Hamilton n'est après tout que vendeur de publicité dans le journal local en dépit de ses aspirations à devenir journaliste d'investigation, notre héros va faire appel à un assistant du procureur, qui semble encore plus tacheron que lui si cela est possible. Bientôt leurs enquêtes personnelle et professionnelle vont s'enchevêtrer et tous deux seront aux premières loges, risquant leur vie avant d'élucider * pas forcément avec brio * avec de la patience, de la chance et un peu d'habileté une affaire qui les dépasse.

Comme je le disais, un premier roman fort sympathique mais où quelques maladresses perdurent à l'image de Samuel. Mais le tout en fait un vrai bon moment de lecture qui devrait réjouir plus encore ceux qui connaissent la ville de San Francisco ; en suivant les déambulations de Samuel Hamilton la promenade devrait leur rappeler quelques souvenirs.


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10 juillet 2010 6 10 /07 /juillet /2010 10:15

http://www.decitre.fr/gi/12/9782714445612FS.gifLes amants de la terre sauvage / Katherine Scholes. Traduit de l'anglais (Australie) par Françoise Rose. Belfond, 2010. 331 pages.

Dans les décors époustouflants de la savane africaine, une histoire d'amour bouleversante.
Le portrait d'une femme en quête d'indépendance, un hymne à la nature et à la vie sauvage, dans la lignée d'Out of Africa et de Sur la route de Nairobi. Un mari follement séduisant, un lodge niché au coeur de la brousse, une vie au plus près de la nature : Mara pensait avoir trouvé le bonheur éternel. Trois ans plus tard, la réalité est tout autre : John multiplie les absences et Mara se retrouve seule à la tête d'un domaine au bord de la faillite.
C'est alors que débarque une équipe de cinéma. Décidée à profiter de l'aubaine pour sauver le lodge, Mara ne ménage pas ses efforts. Elle d'habitude si timide et discrète s'affirme jour après jour, gagnant le respect de ses employés et l'admiration de l'équipe du film qui n'hésite pas à l'utiliser comme doublure de l'actrice principale. Où s'arrête la vie et où commence le cinéma ? Mara ne peut résister au charme de Peter Heath, le héros du film.
Déchirée entre son attirance pour un homme inaccessible et son sens du devoir, saura-t-elle faire le bon choix ?

 

J'avoue que lorsque j'ai lu la quatrième de cet ouvrage, proposé par Suzanne, j'ai aussitôt pensé aux Harlequinades et aux derniers échanges entre les deux protagonistes entendus ces dernières semaines (non ce n'est pas un secret, faut juste qu'elles reviennent à leurs activités blogesques ;-D).

Je vois certains me faire les gros yeux à cette collection. N'en déplaise, cette collection reste la référence en matière sentimentale et même si le style de Katherine Scholes est différent la romance garde la place fondamentale dans ce roman. La différence essentielle réside dans les lieux de cette histoire qu'elle domine parfaitement étant australienne d'origine et ayant vécue en Tanzanie, lieu où se déroule 95% de ce roman.

Son histoire est l'occasion d'enchanter le lecteur grâce aux paysages idylliques aux yeux de son héroïne et de l'équipe cinématographique, de rappeller la richesse de la faune par leur omniprésence et, en situant l'action dans un lodge. Bien entendu, la situation géographique, tout comme les personnages ne sont pas sans rappeler le film "Out of Africa" (je me souviens être sortie de la salle de cinéma ayant l'impression d'avoir passé la durée du film sous la chaleur, c'est donc une lecture de saison ;-D) et Katherine Scholes n'hésite pas à y faire référence par le biais de l'actrice emballée de jouer sur les traces de Meryl Streep. L'auteur n'omet pas d'ajouter les touches exotiques grâce à la présence des villageois, boys, 2-3 notions quasi invisible si l'on n'y prend garde concernant l'histoire et la situation économique du pays. Bref tous les éléments sont là pour en faire un roman qui se lit sans réel déplaisir mais dont on devine aisément la fin car c'est une histoire déjà lu, déjà vu. 

Dernier rebondissement en Tasmanie où l'auteur vit et la boucle sera bouclée avec en pointe d'exotisme un restaurant proposant de la cuisine française.

Une lecture de plage sympathique à mes yeux mais qui devrait convenir aux amoureux des romances avec une pointe d'exotisme d'un point de vu géographique.

 

Lu en partenariat avec ChezLesFilles et les éditions Belfond.

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6 juillet 2010 2 06 /07 /juillet /2010 21:53

http://www.decitre.fr/gi/75/9782070359875FS.gifLes jardins publics / Gilles Leroy. Folio, 2009. 309 pages. 4*

C'est l'histoire d'une couturière qui aimait trop la photographie et c'est l'histoire de ses photographies.
C'est l'histoire d'un jardinier qui aimait trop les femmes et c'est l'histoire de son jardin. C'est l'histoire du zouave qui chantait et celle de Sarah qui abandonne son tambourin. C'est l'histoire du prêtre défroqué, amoureux de Sarah. C'est l'histoire de Muriel, l'enfant inachevée. Il y a aussi deux miliciens interlopes, une contrebandière scandaleuse et son mari boucher. Il y a aussi un lieutenant allemand, des aviateurs dans les déserts, des architectes dans les jardins.
Et il y a Lou. Lou au centre du monde et qui réunifie le monde. Enfin, il y a cet homme qui se souvient sans avoir rien connu, qui les interroge tous et cherche une réponse. Dans Les jardins publics, l'univers de Gille Leroy atteint l'ampleur d'une fresque contemporaine.

 

Mélangeant passé et présent, Gilles Leroy nous entraîne dans l'Histoire qui enlace étroitement la vie de Lou, personnage au centre de ce roman. Elle n'est pourtant pas seule car, par le biais de ces allées-retours, le lecteur découvre la vie de "la voleuse", sa mère : voleuse d'images, de vie, de bonheur perdu, souvent triste sombre et folle penseront certains. Mais tous ces personnages n'ont-ils pas une part de folie ? Ce père, jardinier que l'on découvre épris de son idéal jardin bleu ? Qui, au coeur de la guerre, poursuit inlassablement sa construction et son entretien. Sarah, la grand-mère dont l'histoire se rattache à un prêtre défroqué lui-même interné à maintes reprises. Mais là ne réside pas le seul lien entre tous les intervenants. Leurs liens familiaux restent des arrangements avant tout, qui font que les questions demeurent dans leur esprit sur leur légitime parenté, et le cercle semble quasi inépuisable lorsque l'on parvient à "cet homme qui se souvient, sans avoir rien connu", lui qui a décidé d'être le dernier de sa famille.

A ces liens parentaux se mêlent la guerre, la première qui fait de Sarah une veuve et la seconde qui abandonne la couturière à ce même sort. Mais c'est également une vision de cette période avec la peur que la croix accrochée au cou et le baptème ne suffisent pas à empêcher la déportation. Ces maisons qui se vident, ses pancartes de haîne qui s'affichent.

Une vie, des vies qui tiennent sur des photographies, qui racontent ces vies à ce dernier maillon qui sans avoir rien connu, nous plonge dans la vie de Lou : enfant heureuse et surtout malheureuse, dans un monde d'adulte qui se débat tout comme elle.

On retrouve des thèmes déjà évoqués dans les romans de Gilles Leroy, mais avec une plume néanmoins différente.

La partie "Univers littéraire" de l'encyclopédie en ligne vous en dira davantage.

A la fois triste, cruel, le destin de Lou n'en reste pas moins une évocation du quotidien de la seconde guerre mondiale et avant tout des liens familiaux et des souffrances personnelles qu'ils entraînent parfois.

 

Merci Stéphanie :)


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29 juin 2010 2 29 /06 /juin /2010 21:55

http://www.decitre.fr/gi/59/9782253126959FS.gifTriptyque / Karin Slaughter. Roman traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Paul Thoreau. Le Livre de Poche,  2010 (Thriller).599 pages.

1986.
John Shelley se réveille après une soirée d'étudiants mouvementée à côté de sa petite amie - morte, la langue tranchée... II vivra l'enfer derrière les barreaux pour un crime dont il n'a aucun souvenir. 2006. Le détective Michael Ormewood, en patrouille dans les bas-fonds d'Atlanta, découvre le cadavre d'une jeune prostituée sauvagement assassinée, la langue arrachée d'un coup de dents. A sa sortie de prison, Shelley est poursuivi par un mystérieux maître chanteur et trouve le réconfort auprès d'une jeune inspectrice infiltrée dans le milieu des prostituées.
Pour son sixième roman, Karin Slaughter, au sommet de son art, a créé un univers où se conjuguent la noirceur de Seven et les trouvailles délicieusement glaçantes du Silence des agneaux. Un chef-d'oeuvre du genre.


En 3 tableaux, Karin Slaughter nous promène dans un thriller parfois peu ragoutant tant les détails sordides ne lui font pas peur. Trois tableaux que l'on peut également voir sous la forme de 4 personnages ; les deux derniers constituant une unité que je vous laisse découvrir ; mais tout d'abord...

Le premier qui nous permet de suivre sur la scène d'un crime particulièrement sanglant et macabre, le détective Michael Ormewood. En parallèle nous découvrons sa vie de tous les jours qui nous montre une facette domestique d'un couple aux prises avec le quotidien d'un enfant handicapé et à l'argent qui permet d'ouvrir bien des portes. Mais, bien vite, l'aspect lisse de notre inspecteur se craquelle. Le voilà dans les bras de sa voisine... Qui peut juger ? Problèmes de couple ? La vérité mise à nue vous semblera beaucoup moins politiquement correcte, mais j'anticipe et ne souhaite pas vous spoiler.

Avant de découvir cela, une seconde scène apparaît avec le personnage de John Shelley. Nous sommes en 2006, John est en liberté provisoire, mais l'auteur joue avec nous en distillant les informations des faits qui se sont déroulés en 1986 et durant la détention de John. En 20 ans, il a tout connu, enduré et cette sortie de prison semble parfois aussi sombre que son quotidien de détention.

Les deux derniers personnages entrent en scène et déjà, le lecteur a  compris que Michael n'est pas celui que les premières pages nous avaient laissé imaginer. La confrontation entre nos protagonistes se poursuit sur fonds de solitude, de folie meurtrière, de pauvreté, prostitution, drogue et quotidien de la police. Toutes les pages n'engendrent pas le même dégoût face aux éléments macabres mais les éléments ne manquent pas pour vous plonger dans l'âpreté, la folie des personnages et de l'univers carcérale.

En dépit de pages plus ardues que d'autres, je m'accroche à ma lecture afin de connaître la folie des hommes et si l'auteur parviendra à dénouer tous ses fils, à créer une réelle unité dans ce triptyque. Quelques imperfections (même si je ne suis aucunement un spécialiste *juste une sensation*) mais un livre dense qui en sus de son aspect policier / thriller rappelle en tout petit que la bonne famille ne fait pas tout, que les apparences sont souvent trompeuses.

Si vous parvenez à lire ces passages éprouvants, vous finirez votre ouvrage. Ame très sensible s'abstenir, cela reste un thriller.


Lu en partenariat avec Le Livre de Poche.

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22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 22:30

http://www.decitre.fr/gi/19/9782070342419FS.gifLa ligne de sang / DOA. Folio Policier, 2010. 644 pages. 4 *

Cela n'aurait pu être qu'un banal accident de moto sur les hauteurs de la Croix-Rousse.
Un homme dans le coma victime d'un accrochage... C'est le début d'une enquête des plus troubles menée à l'instinct par les officiers de police Marc Launay et Priscille Mer. La victime, entourée de mystères, est bien trop inquiétante. Tout sue l'angoisse et la peur dans sa grande maison vide. Trop de portes fermées, de questions, de silences oppressants. Sa compagne même a disparu, comme volatilisée, et personne ne sait rien.
Jamais cette dernière ne mentionnait son nom. Jamais elle ne parlait de lui. À sa demande. Comme s'il avait voulu ne jamais exister. Comme s'il avait souhaité que personne ne puisse un jour savoir ce qu'il était vraiment...

 

Lorsque superstition, sorcellerie et polar (je généralise) se rencontrent voilà le roman auquel on peut aboutir. Je vois des sourcils sceptiques se soulever. Vous avez tort !

Comme je l'ai lu chez d'autres, les premières pages ne me semblaient pas impérissables. Oui bah voilà un p'tit polar, me suis-je dit. Puis, c'est quoi ce bordel lorsque des images d'enfance ont commencé à surgir ? S'agit-il de Paul ou de Marc enfant ? Les passages durs, cradingues, tirés par les cheveux  (à mon sens) ne m'ont pas arrêté. Oui j'étais prise dans le style de l'auteur même si tout ne me convenait pas, la lecture me semblait facile en dépit des horreurs décrites d'un chapitre à l'autre, parfois juste sous entendues mais déjà trop présentes et qui vont aller crescendo vers la fin de l'ouvrage.

La force de ce roman réside très certainement dans le suivi, en parallèle des deux officiers de police que l'on ne quitte pas du début jusqu'à la fin du roman : Marc Launay et Priscille Mer. A travers eux, c'est tout un corps de métier que l'on suit, et les difficultés de la vie quotidienne. Confrontés à l'horreur, aux souffrances, ils doivent "oublier" tout cela lorsqu'ils rentrent chez eux. Mais si les échanges avec un conjoint restent tabou (confidentialité, trop d'horreurs), lorsque vous rentrez chez vous et que vous n'êtes que face à vous-mêmes, le boulot prend rapidement le dessus et commence à vous pourrir la vie. C'est donc également d'êtres humains dont il est question dans ce roman. De la peur de chacun face à la solitude, de communication et à l'extrême de l'aspiration de quelques uns à la vie éternelle grâce à des actes de folie et de cruauté inimaginables.

En dépit de descriptions qui peuvent amener le dégoût, de scènes où quasi rien n'est épargné au lecteur (viol, torture, pédophilie, zoophilie, ...) on suit tous les protagonistes sans parvenir à lâcher l'ouvrage. Là réside sans doute le tour de force de l'auteur.

 

L'avis de Xiane à qui je dois le prêt de cet ouvrage. Ceux de Papillon, Stephie,

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19 juin 2010 6 19 /06 /juin /2010 23:58

http://www.decitre.fr/gi/09/9782070419609FS.gifLa Reine des lectrices / Alan Bennett. Folio, 2010. 121 pages. 4*

Que se passerait-il outre-Manche si Sa Majesté la Reine se découvrait une passion potin la lecture ? Si, d'un coup, rien n'arrêtait son insatiable soif de livres, au point qu'elle en vienne.
à négliger ses engagements royaux ? C'est à cette drôle de fiction que nous invite Alan Bennett, le plus grinçant des comiques anglais. Henry James, les soeurs Brontë, Jean Genet et bien d'autres défilent sous l'oeil implacable d'Elizabeth, cependant que le monde so British de Buckingham Palace s'inquiète. Du valet de chambre au prince Philip, tous grincent des dents tandis que la royale passion littéraire met sens dessus dessous l'implacable protocole de la maison Windsor.
Un succès mondial a récompensé cette joyeuse farce qui, par-delà la drôlerie, est aussi une belle réflexion sur le pouvoir subversif de la lecture.

 

Ah quel plaisir de découvrir une LCA qui s'ignore :) Et oui, la Reine découvre à près de 80 ans, une passion subite pour la lecture. Elle prend conscience que l'esprit et la timidité qu'elle inspire (le respect) lui a fait passer à côté d'auteurs dont la plume est plus brillante que l'élocution. Que ses impressions passées sont à l'opposé de ce que E. M. Forster rapporte de leur "rencontre". 

Brillant et imaginatif telles furent mes premières impressions de lecture. à l'égard du style et de la plume d'Alan Bennet L'amusement pointe son nez alors que la Reine brise le protocole par petites touches incongrues, que ses chiens éprouvent de la jalousie à l'égard de ses nouveaux compagnons - imaginez un peu la Reine prendre son téléphone pour s'excuser car l'ouvrage emprunté a été déchiqueté par ses compagnons à quatre pattes, et que bien entendu elle va le faire remplacer (certains lecteurs devraient en prendre de la graine) -. Que dire de ses salutations à la foule dans son carosse alors qu'elle poursuit sa lecture, la têt  bien droite puisqu'on lui tient son ouvrage :-D En voici enfin une digne de comprendre les affres de tous les lecteurs prêts à oublier leur nuit de sommeil pour finir le roman entamé, oubliant leur arrêt de bus (ça c'est moi !) ou de métro (que ceux à qui cela n'est jamais arrivé se dénoncent).

Mais vous trouverez bien plus dans ce petit roman que les affres qui pertubent la vie des lecteurs acharnés que nous sommes ! En effet, si la Reine vient à la lecture, c'est grâce à un bibliobus ainsi qu'à l'intérêt d'un lecteur issu des cusiines qui bien vite va voir l'inimitié gagner les autres membres du personnel à son égard. Car ce jeune homme échange, s'intéresse à la lecture et aux lectures de sa Reine sans chercher pour autant à gagner ses faveurs. Il est là pour discuter lectures, pour l'aider à appréhender certains écrivains ou des ouvrages plus difficiles dans la bibliographie des uns et des autres. Sa culture littéraire il l'a acquise seul, de manière empirique et est tout disposé à la faire partager. La Reine rapidement souhaite elle-aussi paratger ses bonheurs de lecture ou discuter simplement ; mais les échanges restent infructueux, quelque soit les personnes à qui elle s'adresse. Le Roi ne la comprend pas, ses conseillers, entourage proche dénigrent cette  passion, et cela jusqu'à la faire passer pour une victime d'Alzheimer lorsqu'elle décide de prendre des notes relatives à ses lectures. (Si elle écrit c'est parce qu'elle oublie cqfd ;-D).

Les échanges avec son Premier ministre sont de premier ordre : à se demander comment il s'informe. Mais j'oubliais, comme à la Reine lors de rencontres, des synthèses doivent lui être communiquées. C'est bien joli un résumé, mais comme nous le savons tous lire un texte c'est le vivre d'une certaine manière et l'écriture, la plume nous touche plus ou moins selon nos sensibilités, les termes choisis ou l'instant de la lecture (temps présent, âge, ... ) mais aussi en fonction de l'expérience personnelle comme sait bien le montrer Alan Bennett.

Le départ de Norman Seakings a provoqué une coupure dans le roman qui fait que si les passages suivants sont toujours inspirés et souvent ironique et drôle, cette partie a trouvé moins de grâce à mes yeux, tout en restant d'une grande originalité et d'un bel esprit critique.

Vu la taille de l'ouvrage et son contenu, tout lecteur devrait prendre quelques minutes pour lire cet opuscule.

 

2 courts extraits de la page 49 sortis de leur contexte mais compréhensibles ; échanges entre la Reine et son secrétaire particulier :

" - (...) Pourquoi le public s'intéresserait-il à mes lectures ? La reine lit. Les gens n'ont pas besoin d'en savoir plus. J'imagine leur réaction dans leur grande majorité : "Et alors ? La belle affaire. "

- Lire, c'est se retirer, dit sir Kevin. Se rendre indisponible. La chose serait peut-être moins préoccupante si cette recherche relevait d'une démarche moins... égoïste. (...)


- On lit pour son plaisir, dit la reine. Il ne s'agit pas d'un devoir public.

- Peut-être cela serait-il plus préférable, rétorqua sir Kevin. (...)"

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14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 06:30

couino-ergo-sum.jpgEt oui depuis que je suis en contact permanent avec d'autres blogeuses (j'ai décidé aujourd'hui qu'en dépit de toute règle grammaticale, le féminin l'emporte), je ne peux plus guère me cacher derrière une facette bon teint. Alors quitte à horrifier un peu plus, je revendique aujourd'hui d'être en sus de tous mes travers et défauts une COUINEUSE.

La charte de la Couinerie est aujourd'hui disponible grâce aux esprits en ébullition permanente de Fashion & Bookomaton - mais vous les auriez reconnues sans mal à la lecture de ladite charte -

Avant de vous laisser la lire, un dernier :

Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

 

(cliquer sur la charte pour mieux la voir)


Charte

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13 juin 2010 7 13 /06 /juin /2010 15:17

http://www.decitre.fr/gi/77/9782754017077FS.gifJéricho / Josef Ladik. First, 2010 (Thriller). 409 pages

Eté 1816. La frégate la Méduse s'échoue au large des côtes africaines. Sur les cent quarante-sept passagers qui vont alors dériver sur un radeau de fortune, seuls quinze survivront à ce véritable enfer. L'un deux est recueilli par une tribu, et fait une découverte qui pourrait bouleverser l'ordre du monde si elle venait à tomber entre deux mauvaises mains. Une découverte qui ramène aux sources du monothéisme et du langage. De retour en France, devenu éditeur au Palais Royal, il couche son secret sur un manuscrit qu'il fait disparaître, puis publie le récit du naufrage.

Aujourd'hui. Le Terrible, un sous-marin nucléaire, disparaît au Moyen-Orient. Le groupe terroriste "Jéricho" revendique le détournement et menace l'Etat français. Alors que l'ultimatum approche, des agents secrets sont lâchés dans Paris et un tueur psychopathe rôde alentour. Au Louvre, non loin du Radeau de la Méduse, la célèbre toile de Théodore Géricault, un guide est retrouvé décapité. Le lieutenant Lazare, amateur d'art fraîchement promu à la Brigade criminelle, tient là de quoi faire ses preuves. Comme le lui disait son père, "Lazare, dans la vie, il n'y a pas de hasard".

 

Des idées, Josef Ladik ne semble pas en manquer, mais à force de vouloir les juxtaposer, il a pour moi dépassé un quota - déjà limité à 400 pages - à ce que mon entendement pouvait supporter. Qu'il joue avec l'histoire initialement me fascinait. Là où ma compréhension est restée sur le bas côté est de vouloir associer à tout cela : un tueur pscychopate, des histoires de cul, les affres politiques, un sous-marin nucélaure, des enquêtes criminelles et des James Bond au berceau.

Entre les descriptions façons thriller écoeurantes et parfois inutiles de son tueur fou et ses critiques pseudo déguisées de la politique actuelle : ministère de l'immigration, pour ou contre le voile islamiste, arcanes du pouvoir, allusions à l'affaire Clearstream, presse à sensation parlant d'une aventure entre la femme du président et disc-jockey multimillionaire, j'ai eu l'impression que l'auteur remplissait parfois des pages avec force détails inutiles. Son histoire, il la voulait complexe, propre à entraîner le lecteur dans des méandres sans fin entre passé, présent, enquête policière et psychopate donc nul besoin d'ajouter ces détours à la presse qui datent fortement son roman (mais peut être est-ce volontaire, alors je n'aurais rien compris, mais mon incompréhension ne s'est pas arrêtée là).

Vous me direz qu'il a voulu montrer que hasard et coïncidences sont les maîtres mots de l'histoire et que le hasard n'est jamais très loin, mais là encore, je ne venais pas pour cela, mais pour un thriller, une enquête. De la même manière ses traits humoristiques sur les noms des personnages par exemple ne m'ont pas arraché un sourire.

Bon à force de propos négatifs, vous vous demandez bien pourquoi je suis allée au bout, n'est ce pas ?

Tout d'abord je suis curieuse, et ai toujours du mal à abandonner un roman sans lui donner sa chance jusqu'au bout. En lisant le tout, cela me permet de mieux comprendre les avis que je vais indéniablement croisés au cours de mes promenades sur le net ou dans les échanges que j'entends/lis via les média ou  mon entourage plus ou moins direct. Je me demandais bien comment Josef Ladik allait pouvoir nous démêler tous les fils qu'il avait croisé ; son numéro d'équilibriste me fascinait et m'agaçait tour à tour. Certains apartés m'ont réellement semblé lourds et malvenus. Une impression d'un style un peu pesant, des clichés parfois qui plombent le roman*.

Dommage !

 

Livre lu en partenariat avec ChezlesFilles et les Editions First.

 

* Oups !

"Ils savaient encore que l'anxiété était un fluide qui se transmettait plus vite que la grippe et qu'on s'en détachait moins facilement qu'un chewing-gum dans les cheveux". p. 317

"Elle était un peu l'incarnation du fantasme de l'hôtesse de l'air, typée nord-africaine, très souriante et sans pitié avec les passagers trop prévenants. Grands yeux clairs maquillés, lèvres soulignées d'un trait plus sombre, limite vulgaire. C'était peut-être ça qui les excitait. Une tueuse sans son voile, au visage d'ange et aux joues rosées". p. 278

"La voiture de service payé par le contribuable, longue berline noire panthère à l'intérieur cuir vachette cousu à la main, déposa le magistrat à moins de 5 kilomètres de distance, grâce à un inutile moteur V6 à injection. L'automobile, de marque française mais fabriquée dans un pays de l'Est à faible coût de main-d'oeuvre, à la grande satisfaction des actionnaires non imposables pour la plupart, grâce à d'astucieux mécanismes d'optimisation fiscale, flattait l'ego du chef de cour, (...)". p. 352


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