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15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 21:02

http://static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/165x250/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/2/5/9/2/9782259216623FS.gifLa fabrique des illusions / Jonathan Dee. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anouk Neuhoff. Plon, 2012 (feux croisés). 446 pages. 3,5*

Molly Howe ne s'attache à personne. Elle traverse l'existence telle une ombre, fuyante et insaisissable, son propre pouvoir de fascination lui échappe. Trop à l'étroit dans un monde étriqué, elle s'enfuit à Berkeley où elle rencontre John Wheelwright, étudiant en histoire de l'art, prêt à tout pour elle. Jusqu'à ce qu'elle disparaisse. A dix années de là, New York. John est devenu un jeune homme brillant, sa carrière dans la publicité démarre en flèche, il vient d'être repéré par le gourou visionnaire Mal Osbourne et s'apprête à le suivre dans un défi exaltant et révolutionnaire : tuer la publicité et sauver la création.
Absorbé tout entier par l'aventure, il a presque oublié cette béance dans son passé, jusqu'à ce que Molly rejaillisse de l'ombre. Chassé-croisé narratif de génie, La Fabrique des illusions entremêle les trajectoires de ses créatures et dresse le portrait d'une gigantesque machine à rêves : l'Amérique des années 1980-1990.

 

2 destins. Molly, 2nd enfant d'un couple dont la femme est névrosée, instable et qui cherche dès la prime jeunesse de l'enfant à s'échapper de son mal être par la reconnaissance de la beauté de son enfant. Mais Molly n'est pas seulement que cette fragile beauté qui se construit, elle observe et apprend. Apprend des échecs qu'elle perçoit de ses parents, de ses erreurs, de cette existence qui déjà se dessine bien morne.

Une enfant dont le frère semble l'opposé mais qui se cherche également ; cela nous le découvrirons bien plus tard dans le roman, car dans cette première partie, il n'est qu'un personnage dans l'univers de sa soeur.

Parallèlement, Jonathan Dee nous fait croiser le destin de John, la trentaine, publicitaire épris d'art que les hasards de l'existence font qu'il est mis en relation avec un des associés de son entreprise, Mal Osbourne, visionnaire, grand amateur d'art contemporain et qui voudrait voir la publicité évoluer avant tout vers l'art.

Quel est le point commun de Molly et de John ?

Longtemps je me suis demandée vers quoi voulez nous amener Jonathan Dee au travers de ces univers si différents : une petite ville que nous allons voir régresser et un jeune publicitaire en couple à New-York;

Rien n'est anecdotique dans tous ses faits, car le lecteur découvre que ces deux personnages ont vécu ensemble à un moment clé de leur existence et que Molly a bouleversé la vie de John, qui semblait bien partie pour être linéaire. Sa rencontre avec elle fut un choc, son départ un électrochoc dont, nous allons le découvrir il n'a pas encore pris totalement conscience.

Après Molly, un second élément perturbateur entre dans sa vie en la personne de Mal Osbourne, mais une nouvelle fois, John n'y verra que des apparences. Et lorsqu'il se réveille, c'est lui qui prend la parole au moyen de son journal intime.

Non, il ne s'agit pas seulement d'un état des lieux des années 80-90, la banalisation de la publicité, de notre société de consommation  ou de la vie amoureuse d'un couple. Oui leur histoire reste essentielle, suscitant la curiosité du lecteur quant à leur passé, leur futur (?). L'ensemble forme un tout. Une certaine forme de folie semble partout présente : dans cette petite ville perdue ou Molly est née, dans les universités qui suscitent des vocations, dans le milieu artistique, publicitaire. Tout un chacun essaie de se comprendre, d'aller au-delà de ses limites, entraînant parfois les autres dans un univers d'incompréhension.

J'ai totalement accroché à cette histoire, en dépit de quelques longueurs, mais la chute m'a semblé de trop : trop de retour vers l'univers publicitaire, vers une certaine forme de récrimination envers ce milieu, les excès qui apparaissent.

Sans doute, que l'absence des "Messages" en fin de roman ne m'auraient pas manqué. Je les ai trouvé sans intérêt (et les ai à peine parcouru) ; ils m'ont semblé redondant par rapport aux propos tenus par Mal et j'avais l'impression de lire les dogmes du Palladio et parfois de lire les sermons de Richard. Une chute du roman juste après l'oeuvre ultime de Milo et quelques lignes concernant John m'auraient très certainement suffit, car autant j'attendais ce  qui allait advenir de John et Molly avant cette performance, autant ce qui a suivi m'a laissé quasi de marbre, sans parler (j'aime la redondance) de ces "Messages" indigestes à mes yeux. 

Une très intéressante découverte néanmoins de Jonathan Dee que j'avais pris grand plaisir à écouter pendant le Festival America de Septembre dernier. Je dois relire les notes que j'avais pris au cours des conférences où il était intervenu....

 

L'avis de Titine qui m'avait entrainée dans une des conférences où il intervenait.

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commentaires

T
<br /> Je suis contente de voir que ton billet est globalement positif. Il te reste à essayer "Les privilèges" que j'ai vraiment préféré à celui-ci.<br />
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U
<br /> <br /> Oui je vais tenter l'expérience. Par contre je dois aller à la bib aujourd'hui mais je vais donner mes livres et m'enfuir à toutes jambes, car après mes excès au<br /> Troc Livres, cela commence à faire beaucoup ! Cela n'est pas comme cela que ma PAL va baisser.<br /> <br /> <br /> <br />