La femme de nos vies / Didier van Cauwelaert. Albin Michel, 2013. 294 pages.
Elle m’a sauvé la vie en m’offrant le plus fascinant des destins. J’avais quatorze ans, j’allais être éliminé en tant qu’attardé mental, mais grâce à elle on m’a pris pour un génie précoce. J’étais gardien de vaches, et je suis devenu le bras droit de plusieurs prix Nobel. Je lui dois tout : l’intelligence, l’idéal, l’insolence, la passion. Cette héroïne de l’ombre, d’autres l’ont fait passer pour la pire des criminelles.
Je viens enfin de retrouver sa trace, et je n’ai que quelques heures pour tenter de la réhabiliter.
Il y a plus de 10 ans j'avais découvert via "Cheyenne" et quelques autres titres, Didier van Cauwelaert. Certains titres m'avaient beaucoup plus, d'autres moins et, un peu lassé, je l'avais oublié. Voici quelques mois, je l'ai entendu parler de ce roman, et me suis dit que c'était l'occasion de renouer :) Quelle chance, le Prix Relay des Voyageurs m'a proposé de le lire.
Le sujet me parlait. En dépit des atrocités liées au sujet : le test des chambres à gaz sur des enfants jugés inadaptés par le Reich, la perspective de cet enfant sauvé par une femme qu'il retrouvait à l'aube de sa mort me donnait l'impression de lire des faits nouveaux sur la Seconde Guerre Mondiale et ces atrocités.
J'ai retrouvé dans les premiers chapitres la plume que j'avais aimé et, au fil des pages, je pense avoir compris pourquoi je m'en étais détaché. Au bout d'un moment, le charme n'opérait plus totalement et j'ai eu la sensation que l'auteur avait du mal à nous mener à la chute de son ouvrage, répétant plus ou moins ses propos à l'image de ce vieil homme qui s'est tu toute sa vie et qui, aujourd'hui, a rencontré le public qui convient, devant qui il peut se mettre totalement à nu tout en réhabilitant la mémoire de cette femme qui l'a sauvé et qui espérait tant de lui, des autres, de la vie.
En voulant créer une complicité sans faille entre ses deux personnages, en centrant toute la narration par la voix de Jürgen/David, la lassitude a fini par me guetter. Dans les dernières pages, j'ai perdu l'intérêt initialement construit.
Pourtant les thèmes étaient là : notre vision du passé, grandeur et décadence de nos aïeux en quelque sorte. Pouvons-nous, devons-nous les juger aux travers de l'image qui nous est donné d'eux de manière indirecte ? L'histoire de Jürgen prenait aux tripes dès les premières lignes. Sa description de l'hôpital psychiatrique d'Hadamar, comme celle des autres enfants qu'ils rencontrent est saisissante. Quant à cet échange de vie, il laisse sans voix. Mais à force de faits exceptionnels dans la vie de David, je me suis détachée. La crédibilité tombait. Et, contrairement à d'autres lecteurs, je n'ai apprécié ce roman qu'à 90% alors que j'aurais tant voulu que cela soit au-delà des 100% et pouvoir dire que c'était là mon grand coup de coeur.