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28 mai 2008 3 28 /05 /mai /2008 22:11
Grâce à Amanda, je viens de découvrir un écrivain dont j'ignorais tout et dont le style m'a beaucoup plu.
La bâtarde d'Istanbul / Elif Shafak. Traduit de l'anglais par Aline Azoulay. Phébus, 2007. 320 pages.
Je tiens également à souligner la qualité du texte du préfaceur : Amin Maalouf. Moi qui suis une adepte de passer à toute vitesse sur les préfaces, j'ai pris beaucoup de plaisir à la lire et elle m'a permise d'entrer dans ce roman avec beaucoup de facilité.

Chez les Kazanci, Turcs d’Istanbul, les femmes sont pimentées, hypocondriaques, aiment l’amour et parlent avec les djinn, tandis que les hommes s’envolent trop tôt – pour l’au-delà ou pour l’Amérique, comme l’oncle Mustafa. Chez les Tchakhmakhchian, Arméniens émigrés aux États-Unis dans les années 20, quel que soit le sexe auquel on appartient, on est très attaché à son identité et à ses traditions. Le divorce de Barsam et Rose, puis le remariage de celle-ci avec un Turc nommé Mustafa suscitent l’indignation générale. Quand, à l’âge de vingt et un ans, la fille de Rose et de Barsam, désireuse de comprendre d’où vient son peuple, gagne en secret Istanbul, elle est hébergée par la chaleureuse famille de son beau-père. L’amitié naissante d’Armanoush Tchakhmakhchian et de la jeune Asya Kazanci, la «bâtarde», va faire voler en éclats les secrets les mieux gardés.
Avec ses intrigues à foison, ses personnages pour le moins extravagants et l’humour corrosif qui le traverse, "La Bâtarde d’Istanbul" pose une question essentielle: que sait-on vraiment de ses origines? Enchevêtrant la comédie au drame et le passé au présent, Elif Shafak dresse un portrait saisissant de la Turquie contemporaine, de ses contradictions et de ses blessures.

Le roman est écrit avec beaucoup de sensibilité vis-à-vis des communautés turques et arméniennes. L'auteur ne cherche pas à juger, à s'expliquer mais intègre à son roman le génocide arménien de plusieurs points de vues.
La discussion sur un forum entre Armanoush, Asya et des arméniens est un des moments qui m'a le plus touché. Chacun demande à Asya de demander pardon pour les souffrances endurées par les arméniens, au minimum la reconnaissance du génocide.
Cette page d 'histoire semble complètement mise en retrait dans les livres d'histoire de la Turquie, et la transmission orale l'a "oubliée".
Deux des intervenantes sur ce forum résument en 2 phrases la colonne vertébrale de ce livre (même si des éléments plus complexes sont présents) : le passé et la transmission.
"(...) Fille de Sapho. L'oppresseur n'a que faire du passé, alors que l'opprimé, lui, n'a rien d'autre.
Si tu ne connais pas l'histoire de ton père, comment peux-tu espérer créer la tienne propre ? ajouta Dame Paon / Siramark. (...)"

Et la conclusion de cet échange :
"A vrai dire, chère Ame en Exil et chère Fille Nommée Turquie, parmi les Arméniens de la diaspora, il s'en trouve qui n'ont aucun intérêt à ce que les Turcs reconnaissent le génocide. Car si ces derniers le faisaient, ils nous tireraient le tapis de sous les pieds et briseraient le lien le plus fort qui nous unit. Tout comme les Turcs ont pris l'habitude de nier leurs crimes, les Arméniens se sont accoutumés à leur statut de victimes. Il semble qu'une remise en question s'impose, dans les deux camps. Dixit Baron Baghdassarian".
Je ne cherche nullement à prendre partie en vous donnant ces quelques bribes, ma connaissance de l'histoire étant, à moi aussi, fort limitée, mais ces lignes m'ont réellement interpellées.
Je crois que ce livre contient beaucoup d'humanité, et je viens d'en parler avec une collègue arménienne ; elle semblait intéresser mais comme je ne connais pas ses goûts en matière de littérature, j'ignore si elle va accrocher à l'histoire. Si  tel est le cas, et si elle concrétise son achat, j'espère pouvoir poursuivre notre discussion.
Ce livre ne parle pas que de ces sujets, c'est également un ouvrage constitué de personnages au caractère fort divers, d'un qui n'est autre qu'Istanbul. Vous découvrirez quelques habitudes de vie et alimentaires des
Stambouliotes - je ne connaissais pas ce nom -, et pour les plus férues de cuisine une recette dans la dernière partie du livre dont l'histoire montre le mélange de cette ville : le Asure, recette née sur l'Arche de Noé, selon la tante Banu :
"(...) Bientôt la nourriture vint à manquer. (...) animaux et humains, oiseaux et insectes, gens de différentes confessions, tous apportèrent le peu de vivres qu'il leur restait. On mélangea le tout dans une énorme marmite et c'est ainsi que le asure fut inventé, (...)"
Je me rends compte que je ne vous ai parlé que deux ou trois choses alors que ce livre est plus riche, mais je vous laisse découvrir tout cela par vous même...
Pour me compléter je vous laisse lire :
L'avis d'Amanda - que je viens juste de lire car je ne souhaitais pas me laisser influencer, mais qui, devrait décider ceux qui ne le sont pas encore :)

Pour information, Elif Shafak a été accusée d' "Insulte à l'identité nationale" par la Turquie. Elle a été acquittée.
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commentaires

F
Il fait partie de ceux qui me tentent beaucoup, reste maintenant à trouver le temps pour m'y plonger, mais je ne désespère pas ! :-)
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U
<br /> Jamais lecteur ne désespéra de trouver du temps pour ses lectures :))<br /> Jamais suffisamment à son goût, mais bon...<br /> <br /> <br />
A
Je trouve le sujet très intéressant. Je note !
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U
<br /> Note, note. J'espère qu'il te plaira et qu'Amanda verra une critique de plus apparaître sur un blog :))<br /> <br /> <br />
A
chouette ! je trouve que ce roman a été peu évoqué sur la blogosphère, alors qu'il le mérite amplement ! C'est un excellent souvenir de lecture (j'aurais voté pour lui lors du Prix Elle, si j'avais pu !!). Merci merci delphine d'en parler, il le mérite (je me répète, non ?!)
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U
<br /> Pas plus que moi dans mes billets, pourquoi lol<br /> Encore merci du prêt.<br /> <br /> <br />