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17 août 2009 1 17 /08 /août /2009 22:30
Le modèle / Lars Saabye Christensen. Roman traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud. JC Lattès (Le Livre de Poche), 2009. 379 pages

Peter Wihl est un peintre reconnu.
Alors qu'il prépare sa prochaine exposition, prévue le jour de ses cinquante ans, Peter est victime d'un malaise. Le diagnostic est imparable : il va devenir aveugle. Catastrophique, cette nouvelle menace l'activité créatrice du peintre, et va réveiller les instincts les plus vils chez cet homme faible et souvent indélicat. Quelles limites morales et éthiques Peter Wihl est-il capable de franchir pour enrayer le mal ? A qui faire confiance ? A Thomas Hammer, l'ophtalmologue au parcours douteux, qui lui promet la guérison ? Peter devra pour cela conclure un pacte démoniaque.
Un roman aux accents faustiens.

Le plus difficile lorsqu'une lecture vous a déçu et d'enchaîner, car vous craignez à chaque instant d'être dans une mauvaise série.
Attraper un peu au hasard, grâce à son format et à sa légéreté, je n'ai finalement aucun regret à l'issue de cette lecture. D'une part, parce qu'elle m'a permis de découvrir la plume de Lars Saabye Christensen qui a enchanté d'autres bloggueurs, et parce qu'en dépit d'un sujet important à mes yeux (le jeu de mots est bien involontaire, ne vous en déplaise, je le laisse) : la peur de devenir aveugle et ses implications dans le quotidien d'une famille, l'auteur nous donne beaucoup plus à lire que ce thème. La richesse de l'ouvrage est beaucoup plus grande.
Il sait aborder - vous l'aurez deviné,sinon !!! je spoile !!! - le traffic d'organes, avec une justesse dans les propos qui vous fait froid dans le dos alors que tout n'est qu'évoqué le temps de deux chapitres.
Le génie créatif, sa folie, l'égoïsme que l'on prête à ses "maîtres de la création" est décrit avec une grande habilité. Bien entendu, l'auteur a su créer un personnage apte à cela, mais son histoire n'en est que plus forte, plus intense, et le rendu qu'il en fait à travers les yeux de sa femme, de sa fille et de son ami Ben rend l'ensemble plus tragique et réel.
Enfin, L. S. Christensen a su trouver, pour moi, les bons mots afin de décrire cette force artistique dans le trait du peintre, sa recherche du trait de la couleur et de la lumière dans son quotidien comme dans son travail. Ces phases de travail, d'observation pour Peter Wihl ne sont que lumière, parfait constraste avec la perte de la vue.
Au travers de ses personnages, l'auteur aborde tous les sujets sensibles : la mort, la reconnaissance, l'amour, la peur, la faiblesse...
Je n'ai qu'un regret, le chapitre où Thomas Hammer entraîne Peter avec lui à cette réunion d'anciens élèves. J'avais bien compris les traits de ce personnage, nul besoin de forcer le trait ;  ce chapitre m'a profondément déplu (même si tel était le but de l'auteur).
Un livre émouvant et grave sans aucune recherche de larmoyant, où la place du peintre dans son travail m'a semblé réellement bien rendu.

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