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15 décembre 2008 1 15 /12 /décembre /2008 07:25
Les porteurs de glace / Anna Enquist. Traduit du néerlandais par Micheline Goche. Actes Sud, 2006 (Babel). 142 pages.
Dans ce roman, Anna Enquist retrace avec une grande justesse la dérive psychologique de ses personnages. Leurs sentiments, subtilement déviants, sont les clefs d'un univers familier et inquiétant, baigné de culpabilité protestante et de freudisme implicite.
Il ne s'agit pas d'un oubli de ma part de ne pas vous mettre la 4ème de couverture en son entier, mais bien d'un acte délibéré. Peut-être l'avais-je lu lorsque j'ai acheté ce livre (en mars 2007), mais j'ai omis de le faire en prenant ce livre dans ma PAL et c'est à la fin de ma lecture que j'ai pris le temps - comme je le dis souvent ici, certains "résumés" valent leur pesant d'or et j'aime bien les lire après avoir découvert l'ouvrage - et là, je me suis rendue compte que tout était dit ! Bien entendu le roman est court et on se rend compte rapidement de la direction qu'il devrait prendre, mais là ... Bref je ne souhaite pas en dire plus et vous laisse prendre la décision par vous-même. Mais laissez-moi vous dire que plus vous ouvrirez ce livre sans rien savoir, mieux vous en apprécierez la lecture, j'en suis certaine. Oui je réalise que, par la même occasion, je ne vous incite pas à lire les lignes qui vont suivre, mais tant pis, je vais néanmoins vous parler de cette lecture ! (Vive la mémoire de poisson rouge dans ce cas :-D)

D'un chapitre à l'autre nous suivons le quotidien de Lou et de Nico qui, s'ils sont mari et femme, ne partagent plus guère que le quotidien et encore. L'éloignement est frappant. Lou n'en fait pas mystère, n'écoutant pas son mari, vaquant aux tâches domestiques, hochant la tête à sa discussion, se plongeant dans le jardinage et sa lutte vaine contre le sable afin de créer un espace non stérile. Tout est dit dans ce premier chapitre, mais vous n'aurez les clés qu'à la fin du roman. Que s'est-il passé ? Pourquoi en sont-ils là ? Crise de la quarantaine ou autre ? Les réponses apparaissent progressivement.  Leur fille est partie, elle est majeure et donc... rien. Le sujet est clos pour Nico et doit l'être pour son épouse également. D'autres questions se posent. Lou s'est jetée dans son travail pour oublier l'absence, et dans le jardinage pour occuper ses week-end, mais tout comme le sable revient, l'absence d'échanges dans le couple concernant leur enfant et son mal être, leur propre souffrance et leur manière de l'exprimer demeure. Que s'est-il passé ? C'est la question qui tourne et retourne dans votre tête au fil de lecture (très courte, comme déjà signalée). Bientôt, vous saurez. Mais avant enchaînons un chapitre avec Nico, il vous faut découvrir son quotidien pour comprendre, pour vous aiguiller vers des pistes, pour que Lou vous donne sa version. Le couple va-t-il parvenir à communiquer ?
Oui Anna Enquist fut psychanalyste mais n'allez pas vous imaginer que cet aspect est l'unique élément de ce roman (en dépit des quelques lignes que j'ai reprise issue de la 4ème). L'ensemble du roman est beaucoup plus riche que de vagues références à Freud, et est avant tout le questionnement de la communication au sens large.
J'espère ne pas trop vous en avoir dit et que vous prendrez autant d'intérêt que moi à lire cet ouvrage.   
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