Il y a quelques années j'ai découvert et vraiment beaucoup aimé la ville de Budapest. Par le biais de l'ouvrage de Viviane Chocas, j'ai retrouvé certains instantanés de ce voyage, mieux appréhendé l'histoire de cette ville et de la Hongrie de manière générale. Au travers de la langue et de la nourriture, Klara part à la recherche de ses racines, elle dont les parents oublient leur langue d'origine et taisent leur histoire. C'est à la fois une histoire de mots, de maux (formule guère originale mais fort réelle dans le cas présent) dans laquelle j'ai retrouvé une part des éléments que Fashion a décrit dans son billet sur Montecore. Cette image de la langue, de sa force est, merveilleusement rendu dans les propos de Zsuzsa lorsqu'elle retrouve son premier amour qui, lui, a vécu en Grande-Bretagne pendant qu'elle vivait en France :
" (...) Et nous nous retrouvons, là, maintenant, avec ce pauvre vocabulaire qui nous était commun, ce hongrois de notre jeunesse... Il manque du poids à nos mots, Klara, il manque du liant ! (...) Je me vois mal soupirer dans ses bras avec les mots de mes seize ans, tu peux imaginer cela ? (...)
De la Hongrie nous ne retenons bien souvent que le Tokaji, ses ponts, sa musique, ses bains ..., bref les clichés habituels (le français avec sa baguette, son camenbert, son béret et son mauvais caratère ;-D). Au travers de "Bazar magyar", l'auteur se cherche dans l'histoire de sa famille, nous donne quelques éléments liés aux événements de 1956 grâce à ses parents, puis grâce à son métier et aux histoires / mots des passants et des articles qu'elle rédigera, verra la boucle se refermer en 1989.
Je pense que vous aurez compris que j'ai apprécié ce livre, qu'il m'a parfois beaucoup émue, même si j'ai regretté quelques maladresses dans l'écriture dans un ou 2 passages.
Je vous livre un autre bref extrait qui compense amplement à mes yeux ces passages :
"(...) De leur départ, je ne savais rien ou presque.
De cette combustion qui rassemble les instants chauds d'une enfance, les enserre et les enfouit au fonds de la poitrine, de cette rage qui n'éclaire plus que le désir meurtri d'un autre soi possible, de ce partage d'une âme et du choix d'un voyage, de cette implosion qui donne, par-delà tout ce qui reste en ruines mais qui reste encore, le sens du mouvement, l'intuition d'une issue et permet de continuer à vivre...
Avec quelles forces fait-on ce pas déterminant ? (...)".
Bazar magyar / Vivian Chocas. Editions Héloïse d'Ormesson, 2008 (Le Livre de Poche).125 pages «
Parfois, il suffit de manger pour que tout, ou presque, puisse être dit.» Pour Klara, c’est une aubaine, car Zsuzsa et Péter, ses parents, ne lui ont rien transmis de leur histoire, restée cadenassée derrière le rideau de fer. Seule concession à leurs origines, la cuisine de Zsuzsa entre goulasch et Tokay. Klara chérit ce lien. Son alphabet intime, ce sont ces voyelles paprika, ces consonnes
galuska, ces accents graves au goût de noix, aigus à l’amertume du concombre. Pour le reste – l’exil en 1956, la famille, le Danube–, elle va tout imaginer, recomposant ainsi son identité, son « bazar magyar ». Un livre qu’une fois goûté, on garde en mémoire et en bouche. Quatre recettes de cuisine hongroise, inédites et savoureuses, figurent en fin de volume.
Ouvrage reçu dans le cadre d'une opération promotionnelle pour Le Livre de Poche