Irénée : roman / Antoine Broto. La Table ronde, 2009. 185 pages Dans les années 1930 à Saint-Bonnacin, au sud de la France, Irénée, un jeune luthier, coule des jours heureux auprès de Louise, écrivain public qui exerce son métier dans la gare du village.
Irénée voit passer les trains, mais n'en a jamais pris aucun. Son paysage familier et ses amis de toujours suffisent à son bonheur, jusqu'au jour où le médecin lui annonce qu'il est atteint d'une maladie incurable. Lorsque ce mal se confirme, Irénée prend la fuite. Le hasard le mène dans un gros bourg chinois. Il y passera de longs mois, entre une jeune fille très douce et un empereur de pacotille, le temps de se perdre, puis de s'accepter.
Irénée est un roman sensuel et sensible sur l'apprentissage de la différence.
Me tenant peu au fait de l'actualité littéraire (comme vous avez pu vous en rendre compte, j'ai parfois quelques trains de retard), lorsque j'ai lu une critique dans Les Echos (?), je me suis tournée vers quelques bloggueuses parisiennes afin de savoir si des rumeurs concernant ce roman étaient arrivées jusqu'à elles.
Caro[line] m'en a su gré et après sa lecture, me voici en possession de son exemplaire :)
C'est d'abord une couverture sobre, agrémentée d'un violon - il est question d'un luthier - , déjà ce premier contact me plait :)
Ne me reste plus qu'à tourner les pages. La magie opère. Le chant du Sud est là tout comme la vie des années 30 bercée par le passage des trains, le quotidien qui, pour Irénée, se traduit par son métier et sa passion dans la réalisation de ses violons, entrecoupé par les vendanges, une pause au café avec ses amis, aller chercher sa femme Louise et ses souvenirs...
Une vie simple, rythmée par les saisons.
Mais cette illusion d'harmonie qui s'installe au fil des chapitres, l'auteur a su, dès l'ouverture de son roman nous dire qu'elle n'était que façade. Le couperet est tombé : la maladie va bouleverser la vie d'Irénée, et s'il en est conscient, il préfère l'ignorer et nous entraîner dans son quotidien.
Se taire pour faire reculer cette maladie qui le ronge, qui va l'obliger à une quête de lui-même à laquelle il n'avait jamais songé. Changer son quotidien.
Une maladie qui tait longtemps son nom, et qui va le pousser plus loin qu'il n'aurait pu l'imaginer : en Chine.
A l'image de son quotidien, il doit tout réapprendre dans cet univers qui lui est totalement étranger et dans cette province où il est l'étranger.
De la même manière que son héros, Antoine Broto, nous fait basculer dans un espace quelque peu fantaisiste que tout oppose à l'espace très terrien de la partie se déroulant à Saint-Bonnacin : pour exemple cet empereur de pacotille, mais également la magie de la neige qui n'était pas tombée depuis des années sur ce village.
La Chine, la sensualité des corps dans la dernière partie de l'ouvrage m'ont évoqué Baricco et son roman Soie. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que Baricco est un auteur admiré par Antoine Broto.
J'ai dévoré cet ouvrage, cherchant semble-t-il de la musicalité là où l'auteur n'en a certainement pas mis ; ainsi, j'ai imaginé le retour du thème principal à la fin de l'ouvrage avec les dernières pages.
Bref je me suis laissée bercer par cette ballade, même si, comme Caro[line], la fin ouverte me gêne un peu.
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