Quelques avis personnels...
Tout doit disparaître / Mikaël Olivier. Editions Thierry Magnier, 2007. 155 pages. 4,5*
Hugo a suivi ses parents en poste pour quatre ans à Mayotte, petit bout de France perdu au cœur de l'océan Indien. Seul élève blanc de sa classe, il a du mal à s'adapter : les bidonvilles, la chaleur, la façon d'appréhender le monde, les relations amoureuses. Pourtant c'est au retour en métropole que le choc est le plus brutal. Frénésie des soldes, invasion des marques, publicités tapageuses et surconsommation... Au regard de ce qu'il a vécu sous les tropiques tout révolte Hugo et le dégoûte. Il entre en résistance.
Je suis tombée sous le charme de l'écriture de Mikaël Olivier dès les premières pages de ce livre, alors que je n'attendais rien de particulier de cet ouvrage.
Mais au travers d'Hugo, il sait nous transmet une vision extraordinaire de Mayotte et de ses habitants, de ses rencontres, sensations d'expatriées. En quelques pages l'auteur nous donne couleurs, images et vie de cette île tout en sachant rester à sa place. Il avoue par le biais de son personnage qu'il n'appartient pas à cette société, qu'il reste un passant, un m'zoungou, qui prend mais rentrera ensuite chez lui.
Il est intéressant de noter l'évolution des sentiments éprouvés par Hugo. Sans doute ce personnage, sans la présence indispensable de Françoise, la documentaliste de son collège, ne serait pas parvenu à éprouver ces sentiments contrastés envers ces îles et ses habitants. Qui nous dit, qu'à l'image de sa mère, il ne les aurait pas prises en grippe, voire en horreur ainsi qu'il décrit fort bien ses premières heures à Mayotte, de nuit comme de jour.
C'est réellement un roman d'initiation mais également un fort beau portait de Mayotte auquel semble s'être prêté Mikaël Olivier. Roman d'initiation sous bien des aspects : déracinement, confrontation à un monde différent et pourtant faisant partie de la France (DOM), une culture et un peuple mais également son lot d'immigrés, et pour les îliens comme pour les voisins attirés par ce département, une pauvreté méconnue pour notre jeune Hugo, ainsi qu'un climat aux antipodes de celui auquel il est habitué. Le choc est rude. Le Noël intermédiaire en France renforce à tous les niveaux cette opposition.
Néanmoins Hugo s'intègre plus ou moins à Mayotte et y découvre l'amour, ce qui le contraindra à rentrer de manière anticiper en France.
Mais cette expérience, ses échanges avec Françoise, leurs regards croisés sur les expatriés, leur place etc., , l'adolescence et son retour en France face à une société de consommation exacerbée le bouleverse et le pousse à réagir. Mais comment ?
Contraste saisissant entre la France et ses consommateurs, la folie des soldes, le besoin irrémédiable du dernier modèle de portable..., et Mayotte et ses habitants, consommateurs également mais pas encore à la manière effrénée des continentaux dont ils ne possèdent pas le pouvoir d'achat.
Hugo cherche à s'affranchir de tout cela, de sa famille également, mais trouver sa place lui semble tout aussi difficile qu'à son arrivée sur l'île. Une nouvelle fois, l'amour lui ouvre les yeux et lui permet de "trouver sa voie". Un nouvel interlocuteur prend place, de manière brève mais grâce à lui il poursuit sa quête identitaire et sa compréhension, à son niveau, du monde qyu l'entoure, des sentiments qu'il ressent.
L'ensemble est superbe mais je fus beaucoup plus sensible au rendu au charme de l'écriture de Mikaël Olivier dans la description de l'île, à toute la partie se déroulant à Mayotte.
Photos de Mayotte sur le site du Routard qui vous permetront de mettre en images les propos de l'auteur.! Photos personnelles des auteurs, non libres de droit. !
Comme je ne suis pas douée pour localiser les territoires & département d'Outre Mer, j'imagine que c'est le cas pour beaucoup d'entre nous :