Quelques avis personnels...
Nord et Sud / Elizabeth Gaskell. Tradiot de l'anglais, préfacé et annoté par Françoise de Sorbier. Fayard, 2005.499 pages. 4,5*
C'est le choc de deux Angleterre que le roman nous invite à découvrir : le Sud, paisible, rural et conservateur, et le Nord, industriel, énergique et âpre. Entre les deux, la figure de l'héroïne, la jeune et belle Margaret Hale. Après un long séjour à Londres chez sa tante, elle regagne le presbytère familial dans un village du sud de l'Angleterre.
Peu après son retour, son père renonce à l'Église et déracine sa famille pour s'installer dans une ville du Nord. Margaret va devoir s'adapter à une nouvelle vie en découvrant le monde industriel avec ses grèves, sa brutalité et sa cruauté. Sa conscience sociale s'éveille à travers les liens qu'elle tisse avec certains ouvriers des filatures locales, et les rapports difficiles qui l'opposent à leur patron, John Thornton. En même temps qu'un étonnant portrait de femme dans l'Angleterre du milieu du xixe siècle, Elizabeth Gaskell brosse ici une de ces larges fresques dont les romanciers victoriens ont le secret. Fille et femme de pasteur, Elizabeth Gaskell (1810-1865) connaissait intimement la vie provinciale et les milieux industriels.
Sa sensibilité aux questions sociales la porta à peindre avec sympathie la condition des opprimés de son temps : les ouvriers et les femmes. Proche de Charles Dickens, Georges Eliot et Charlotte Brontë, elle a occupé une place importante sur la scène littéraire victorienne. On la redécouvrira avec bonheur.
Une belle découverte que je dois, une nouvelle fois, à ce groupe accroc de la période victorienne. Merci !
Si j'avais trouvé le roman de George Eliot fort intéressant, j'ai découvert sous la plume d'Elizabeth Gaskell, un style qui me convient davantage. L'auteur nous plonge à la fois dans la vie quotidienne de Londres ou dans celle d'un pasteur d'un village du Sud de l'Angleterre. Si les contrastes sont déjà importants, ce n'est absolument rien par rapport à ce que l'on va découvrir lorsque la famille va déménager dans le Nord.
Même si l'héroïne Margaret Hale est triste de devoir quitter son havre de paix et une certaine sérénité auprès de ses parents qu'elle a quitté fort tôt, ayant vécue à Londres durant une 10aine d'années, elle s'imagine qu'elle pourra s'adapter. Néanmoins ses préjugés envers les commerçants sont présents et elle n'en fait pas mystère.
C'est réellement un roman d'opposition que nous propose Elizabeth Gaskell : apologie de la nature, des bienfaits de la vie au grand air, de ces joies petites et grandes que sont les promenades dans la forêt, de simplement avoir un jardin proposant à la fois des fleurs et les fruits qui font le bonheur des habitants. Bien entendu, l'auteur est consciente que la vie dans le Sud, dans les campagnes n'est pas si angélique qu'il y parait, et elle mettra les mots dans la bouche de Margaret lorsqu'Higgins aspirera à déménager afin d'obtenir de l'ouvrage et une vie meilleure dans le Sud sous l'influence des propos que la jeune femme et sa famille avaient pu tenir. Bien vite elle démontrera que les splendeurs et la vie quotidienne sont peu adaptés à ceux qui n'y sont pas nés. C'est là certainement, le moment où elle avoue ses regrets du temps passé mais montre également les aspects positifs de la vie dans cette cité industrielle. Mais avant cela bien des événements font faire changer son point de vue sur cette ville du Nord.
Tout cela nous est fidèlement transcris pas les mots d'Elizabeth Gaskell qui ne se contente pas de nous faire suivre la vie de la famille Hale, la pauvreté et la richesse de cette famille, mais nous propose également le quotidien tantôt d'une de ses nouvelles familles qui s'est enrichie grâce au commerce, et celui des ouvriers qui travaillent dans ses usines. Les bienfaits et méfaits de cette industrialisation sont nommés mais sans pesanteur, juste avec ce qu'il faut pour que tout se glisse intelligement dans la trame de l'histoire et permette à l'auteur de faire rebondir l'action, de faire évoluer les personnages.
Alors oui ce roman est également une histoire d'amour, mais le tout n'est pas mièvre.
Il est également drôle dans la description faite de la cousine de Margareth et de son époux, deux contrastes (de plus) saisissants avec Margaret, le frère du capitaine, Henry Lennox, et John Thornton dont la soeur est un poème et une caricature à elle seule.
Si un ou deux passages m'ont paru un peu long, l'ensemble se lit quasi d'une traite avec les rebondissements de l'affaire du frère de Margaret, les remises en question de son père, les décès auxquels l'héroïne est confrontée et les hsitoires personnelles des uns et des autres.
A découvrir si vous ne connaissez pas encore ce roman ou cet auteur.