Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur / Harper Lee. Roman traduit de l'anglais par Isabelle Stoïanov. Postface d'Isabelle Hauser. Le Livre de Poche, 2009. 448 pages. 4,5* Dans une petite ville d'Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout.
Homme intègre et rigoureux, cet avocat est commis d'office pour défendre un Noir accusé d'avoir violé une Blanche. Ce bref résumé peut expliquer pourquoi ce livre, publié en 1960 - au coeur de la lutte pour les droits civiques -, connut un tel succès. Il ne suffit pas en revanche à comprendre comment ce roman est devenu un livre culte aux Etats-Unis et dans bien d'autres pays. C'est que, tout en situant son sujet en Alabama à une époque bien précise - les années 1930 -, Harper Lee a écrit un roman universel sur l'enfance confrontée aux préjugés, au mensonge, à la bigoterie et au mal.
Racontée par Scout avec beaucoup de drôlerie, cette histoire tient du conte, de la court story américaine et du roman initiatique. Couronné par le Prix Pulitzer en 1961, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur s'est vendu à plus de 30 millions d'exemplaires dans le monde entier.
Vu à la hauteur d'une enfant, Scout, que nous suivrons durant 3 années, la vie pourrait sembler plus douce, même durant les années qui suivent la grande dépression des années 30. Mais, confrontée aux événements de sa petite communauté du Sud, Scout vit des événements qui, s'ils semblent parfois incompréhensibles ou difiiciles de son point de vue, nous rappellent la réalité économique et sociale des Etats-Unis et plus particulièrement de ces Etats ségrégationnistes. Grâce à l'humour distillé, au quotidien de ces enfants (Scout, Jem son frère et leur ami Dill) dont le regard suit les événements et affrontent le regard des étrangers à leur ville (l'institutrice qui vient d'une autre ville et ne peut comprendre et connaître la pauvreté de certaines familles), de l'ancien faste de familles qui ne possédent désormais quasi plus que leurs nom et arbre généalogique (la famille Finch au premier plan), de la vie domestique et religieuse de cette communauté, de leurs relations avec leurs concitoyens noirs devenus des hommes libres mais, qui demeurent aux yeux de quasi tous une source de peur parfois ,mais surtout d'amertume confrontés aux réminiscences de la défaite des confédérés.
Tolérance, intégrité tels pourraîent être les maîtres mots de ce roman dont la lecture ne m'a pas ennuyée une seule seconde, mais également un roman d'apprentissage grâce au regard un peu flou d'Atticus Flinch, qui distille à ses enfants une liberté tant d'espace que de réflexion, les invitant à réfléchir par eux-mêmes, à grandir où à se poser les questions qui correspondent à leur âge. Bien entendu il n'est pas pour autant un surhomme, ses enfants ne sont pas forcément des surdoués ou des anges, mais le tout nous permet d'intégrer l'histoire avec plus d'aisance et de réalisme.
Comme le fait si justement constaté Isabelle Hauser dans une postface fort documentée et réfléchie, il est étonnant de constater que nous saurons peu de choses au demeurant d'Atticus : - pourquoi a-t-il cessé de chasser, - à quoi est due la mort de sa femme etc... mais que tous ces éléments s'ils nous intriguent, ne coupent en rien la lecture de ce roman, fort et finement ciselé.
Papillon partage mon enthousiasme, ne parlons pas de Tamara ;-D.
Si vous ne l'avez pas encore lu, le moins que l'on puisse dire et que vous avez de la chance :))