Quelques avis personnels...
Les carnets de Douglas / Christine Eddie. Alto, 2008. 199 pages. 5*
Le même jour, deux adolescents parviennent à fuir un destin qui les aurait emmurés. Ils se trouvent, deux ans plus tard, à Rivière-aux-Oies, un village beaucoup trop discret pour figurer sur une carte. Au cour de la nature généreuse et sauvage, ils s'aiment, à l'abri des rugissements du vingtième siècle. Jusqu'à ce que la vie, comme d'habitude, fasse des siennes. Fondu au blanc. Les années passent, Rivière-aux-Oies se métamorphose avec, en arrière-plan, une révolution à peine tranquille et le saccage des bétonnières.
Une famille singulière s'improvise, malgré les ragots et en dépit des blessures. Dans la maison du docteur, les liens se tissent avec tendresse. Un médecin au cour rafistolé, une institutrice au nom imprononçable et une enfant surgie des bois vont peut-être permettre à Douglas d'entendre enfin la réponse du vent. Une passion comme au cinéma, qui se déploie à l'ombre d'un arbre, d'une clarinette et de la beauté fragile du monde.
Si vous avez eu un moment d'absence au moment de sa sortie et que vous n'avez pas, comme moi, une amie québécoise qui partage ses passions, voici une piqure de rappel.
Amis lecteurs, vous êtes passés à côté d'un très bel ouvrage ! Mais il n'est sans doute pas trop tard si comme moi vous aimez lire après la foule.
Comme la 4ème ne dévoile pas tout, je vais tenter de ne pas tout vous raconter en vous donnant quelques impressions.
Un petit bijou de finesse et de sensibilité. De très courts chapitres qui nous entraînent dans les univers distincts de Romain et Eléna dont les destins vont s'emmêler après qu'ils aient décidé de rompre avec leurs familles respectives. Deux enfants seuls mais qui n'attendaient de la vie et de l'univers de Rivière-aux-Oies que le bonheur. La magie est partout dans ce roman : dans les personnages, leur rencontre et cette forêt qui envoute Romain et saura ensuite prendre Eléna par la main. Tout semble si facile, qu'il s'agisse des joies comme des malheurs que l'on tourne les pages avec avidité en débit de la briéveté du roman. L'attention du lecteur se fait plus forte, lorsqu'au détour des mots on découvre la vérité sur le passé de l'institutrice, et que l'on cherche à comprendre comment la féérie peut se mêler à la réalité. La folie guette-t-elle Romain ?
En fait on espère l'harmonie qui nous semble impossible entre tous ses protagonistes autour de cette enfant surgie des bois.
Avec peu de mots, Christine Eddie nous parle de la folie meurtrière des hommes, de leur avidité, mais aussi de cette nature singulière qui se trouve sous nos yeux, que nous modifions par cupidité, par ignorance. Des mots mis en musique avec grâce, le tout bercé par le concerto pour clarinette de Mozart. A défaut du livre, je vous laisse en musique.
C'est à 2'35 pour entendre le début de la prise de parole de la clarinette, si jamais vous êtes pressés.
http://www.youtube.com/watch?v=xFDK1RulwoU