Quelques avis personnels...
Le maître et Marguerite / Mikhaïl Boulgakov.Traduit du Russe par Claude Ligny. Révisé par Marianne Gourg. Pocket, 2009. 529 pages. 3, 5*
Ecrit sous la terreur par un homme malade et désespéré, " Le Maître et Marguerite " a mis vingt-cinq ans pour s'imposer comme l'un des chefs-d'œuvre de la littérature russe et devenir un livre culte dont la construction diabolique n'a pas fini d'enchanter les lecteurs. Comment définir un mythe ? Les personnages de ce roman fantastique sont le diable, un écrivain suicidaire, un chat géant, Jésus et Ponce Pilate, la plus belle femme du monde... On y trouve des meurtres atroces et des crucifixions. C'est une satire acerbe, une comédie burlesque, une parodie politique, un poème philosophique dévastateur avec des fantômes et des transformations magiques. Mais cette fantasmagorie baroque, ce film noir, cette vision d'apocalypse est aussi l'une des plus belles histoires d'amour jamais écrites.
Ce billet aurait également pu s'intituler : Comment découvrir l'étendue de son absence de culture
Car oui je ne connaissais absolument pas cette oeuvre, pas plus que les oeuvres de Gogol dont Mikhaïl Boulgakov était, si j'en crois les notes de cet ouvrage, un admirateur. Ajoutez à cela qu'heureusement que les notes existent, car sans cela, bon nombre de passages, références seraient restés lettre morte à l'ignare que je suis. Bon je me suis rassurée comme je pouvais, via mes connaissances à toutes les références musicales mais, c'est parfois un peu court. Preuve qu'en dépit de l'âge, on peut encore apprendre, découvrir etc...
J'ai failli oublier de mentionner que la Russie reste, en dehors des notions scolaires un pays dont j'ignore tout ! Cet ouvrage fut, comme vous pouvez l'imaginer, un quasi challenge à lui seul.
Merci à Titine et Cryssilda, avec "Un hiver en Russie" je sors un peu de mes sentiers battus, et dans les méandres de ma bibliothèque, je lis des auteurs dont je ne connaissais que le nom (et quelques titres) sans jamais avoir ouvert un seul livre.
C'est avec beaucoup de perplexité que j'ai lu les premiers chapitres de cet ouvrage. Au vu des références à Gounod, Berlioz et tant d'autres je cherchais où était Marguerite et quand elle allait rencontrer le diable. Car oui le diable était là mais apparaissant sous un jour bien différent de celui des histoires lues jusqu'à aujourd'hui ! Et que signifiait donc cette intrusion de Ponce Pilate et des dernières heures de Jésus dans cette histoire ? J'étais perplexe. Oui, bien entendu, l'entame de l'ouvrage débutait sur l'existence ou non de Dieu entre Berlioz et Ivan, mais pourquoi insérer des chapitres aussi précis dans la narration faite par Woland (le diable) ? Oui je sais que la religion a été remise en question par la Révolution russe, néanmoins....
Un peu obstinée, j'ai poursuivi ma narration et peux conclure aujourd'hui .
Bien entendu, comme je le disais toute ma lecture ne fut pas limpide de par les références ou par certains passages que j'ai trouvé un peu long, mais tout me semble à présent beaucoup plus clair et cette imbrication de 3 actions en une histoire, force l'admiration. Surtout lorsque l'on prend conscience à la fois de tous les thèmes abordés dans cet ouvrage, des styles disparates : conte fantastique, histoire d'amour, critique politique et de la société de cette période, comédie... Grâce aux notes déjà abondemment citées, on prend conscience (même en ayant lu l'introduction cela n'était pas si évident à quelqu'un ayant une absence de connaissance de cet auteur) que Mikhaël Boulgakov rend énormément de son vécu à travers l'ouvrage et retranscrit le quotidien des moscovites de cette période.
C'est donc un ouvrage ambitieux qui, grâce à l'humour /et des personnages hétéroclites qui accompagnent notre professeur / magicien étranger : - un ancien chef de choeur, Fagotto qui fera bénéficier de ses services toute une administration que ne fait plus que chanter, - un chat non pas botté mais aux vies multiples, bavard et quelque peu pyromane : Béhémoth, - un tueur Azazello, et, - la sorcière Hella nous entraînent dans une folle sarabande, comme tous ceux qui croisent leur chemin qui se retrouvent bientôt soigner dans un hôpital psychiatrique.
Ce même hôpital où le Maître est soigné, auteur aigri, dénigré par les critiques suite à son ouvrage sur Ponce Pilate.
Quant à Marguerite, vous l'aurez deviné, il s'agit de la femme aimée par le Maître qui est prête à sacrifier son existence en devenant une sorcière afin de permettre à celui qu'elle aime de revenir ... d'où ? elle l'ignore. Tout ce qu'elle sait c'est que depuis 6 mois il a disparu et lorsqu'Azazello lui propose de le sauver, elle n'hésite guère.
Si vous avez du mal à poursuivre votre lecture, je ne peux que vous invitez à tenir, lire ... pour arriver tout d'abord à Marguerite et à sa transformation, sa vengeance envers un critique (en dire plus, je ne peux), à ce grand bal chez Satan (oui, vous aurez lu quasi la moitié de l'ouvrage, et tant mieux). Un bal où tous les personnages les plus tristement célèbres apparaissent pour saluer leurs hôtes, flux intarissable, sortant de leurs cercueils et reprenant forme humaine pour l'occasion. La folie de cette nuit gagne Marguerite, les participants et le lecteur s'interroge juqu'où l'auteur va aller.
Oui certaines pages sont plus folles (la soirée du magicien et les conséquences sur le public en plus de ce bal, les allers retours, la surveillance de cet appartement où la folie est partout alors qu'il semble vide), mais il faut se laisser emporter par ce roman puis, une fois la dernière page tournée, prendre conscience (ou non, selon vos besoins d'appréhender votre lecture) de tout ce que l'auteur aborde.
Nous n'avons pas le même niveau de lecture :0)