La ville insoumise / Jon Fasman. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Madeleine Nasalik. Seuil, 2010. 380 pages. A trente-quatre ans, Jim Vilatzer considère que sa vie s'enlise dans la médiocrité.
Employé dans le delicatessen que ses parents, enfants d'immigrés russes, ont ouvert dans une banlieue de Chicago, échaudé par un échec sentimental, pris à la gorge par des créanciers, il suffoque et rêve d'un changement de décor. Lorsque l'opportunité lui est offerte de partir en Russie, il la saisit sur-le-champ. C'est ainsi que le jeune Américain s'installe à Moscou, où il est embauché par la Fondation de la mémoire pour recueillir des témoignages.
Peu à peu, il se familiarise avec une ville inhospitalière qui ne ménage pas ses habitants, loin de se douter qu'en tombant amoureux de la belle Kaisa et en rencontrant d'anciens prisonniers, il sera mêlé à un complot d'envergure planétaire, au grand dam du gouvernement russe et de la CIA. Ce thriller mené tambour battant est avant tout une déclaration d'amour à une ville chargée d'émotions et d'histoire ainsi qu'une réflexion tout en finesse sur le déracinement et l'identité familiale.
A force de vouloir nous donner force détails sur le quotidien des moscovites, qu'il s'agisse des conditions de vie, des contrôles de papier, des ventes à la sauvette, en passant par le système de chauffage, Jon Fasman pourrait égarer plus d'un lecteur. Si cela m'a tout d'abord interpellé et quelque peu géné, je me suis dit qu'après tout, je connaissais bien mal ce pays contrairement au quotidien américain vu le nombre de romans publiés qui sont sensés s'y dérouler.
Là où l'auteur m'a perdu c'est en voulant imbriquer dans une seule et même histoire, complot politique, enlèvement de savants, guerre biologique, histoire d'un arrière petit-fils de juifs russes : sa vie, son passé, la conquête d'un monde meilleur, sa dette envers ses ascendants (ouf !) et, un état des lieux concernant les minorités ou les peuples qui constituent cette Russie (cela se voit que je n'y connais rien !). Bref un tel fourre tout que j'ai eu bien du mal à ne pas perdre le fil de l'histoire et à m'intéresser au nombril de son personnage principal ou à l'histoire que J. Fasman essayait de nous raconter. Vers la page 200, miracle !! Le roman prend vie. Tout ce qui nous avait été présenté jusqu'alors trouve un lien avec le héros : Jim Vilatzer. L'action démarre et je me dis que ça y est, je vais accélérer, à l'image de ce livre, ma lecture. Pfft, pour moi le soufflé est retombé.
C'est décevant tant j'ai eu la sensation que l'auteur avait voulu transcrire une part de lui-même et nous faire partager son regard sur la Russie. Mais un pseudo message aux âmes de bonne volonté, que quelque soit vos origines, les hommes sont égaux n'ont pas suffit à me complaire dans cette lecture. Quel dommage !
Lecture effectuée en partenariat avec Chez les filles (merci Suzanne) et le Seuil. Merci.