Quelques avis personnels...
La fille tatouée / Joyce Carol Oates. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Claude Seban. Livre de Poche, 2010. 405 pages. 2,5*
Joshua Seigl, la quarantaine, écrivain estimé, riche et séduisant, se voit contraint, à cause d'une mystérieuse maladie, d'engager une assistante.
Lorsqu'il rencontre par hasard Alma Busch, une jeune femme pauvre et illettrée, recouverte d'intrigants tatouages, Seigl ne peut résister à l'envie de jouer les Pygmalion. Convaincu de lui offrir la chance de sa vie, il lui propose le poste. Malheureusement pour lui, Alma Busch n'est pas la créature vulnérable qu'il croit... La Fille tatouée est un huis clos érotique qui réunit deux visages de l'Amérique : l'élite cultivée, européenne, urbaine, et les exclus du système, analphabètes, sans ressources ni perspectives.
Variation magistrale sur le thème du maître et du serviteur, ce roman est sans doute le plus controversé de Joyce Carol Oates.
Bon encore une fois Joyce Carol Oates, enfin la lecture de cet auteur ne m'a pas transcendé. Je vais finir par croire que je ne suis pas une adepte des auteurs américaines, si j'en crois mes piètres résultats avec Laura Kasischke, portée aux nues par la critique.
Contrairement à cette dernière, je trouve que le style de Oates est beaucoup plus agréable à mes yeux et je ne m'ennuie pas, à la limite de ne pas avoir envie de finir le roman tant cela me semble télécommandé chez Kasischke, ainsi que je l'ai déjà dit.
Non, dans ce roman, les thèmes évoqués sont fort intéressants mais la forme ne m'a pas totalement emballé. Le fait de présenter ces deux extrêmes de l'Amérique, se retrouvant sous le même toit, par le jeu de coïncidences, qui parviennent néanmoins à cohabiter me semble un raccourci facile pour les juxtaposer.
Bref, néanmoins la confrontation entre ces mondes de lettrés, une certaine forme d'élite décrit à partir du corps professoral ou de ces intellectuels confrontés à une enfant de l'Amérique profonde, perdue et manipulée nous renvoie, selon moi, à notre propre société. Comment peut-on comprendre ces personnes qui n'ont rien, et se laissent entraîner par des discours racistes ou envieux ? Comment pouvons-nous réagir quelque soit notre place dans la société ? Comment empêcher que l'histoire ne bégaie comme elle sait si bien le faire ? Qu'un manipulateur de foule use de son charisme, de la misère et des peurs pour susciter la haine ?
C'est tout cela que j'ai perçu avant tout dans ce roman.
Mais "l'élite" n'est pas absoute de défauts. Pour preuve, le regard que Joshua Seigl jette sur tous ses assistants potentiels, son comportement parfois paternaliste ou concupiscent à l'égard d'Alma. Enfin la personnalité totalement déjantée de sa soeur, folle à lier.
Aucun des personnages de Oates n'est tout blanc ou tout noir ; elle montre que la complexité de l'être humain fait de lui cet être à part entière, qui vit, qui s'effraie d'un rien, de la vie, de la mort comme de son héritage.
Si j'ai un avis personnel à donner pour une prochaine édition, je conseillerais de modifier radicalement la quatrième de couverture qui est une des pires que j'ai lu, par rapport au contenu de l'ouvrage.
- Ce n'est pas vraiment la maladie qui pousse Joshua Seigl à embaucher une assistance, il y pense avant (même si intuitivement il doit sentir qu'elle n'est guère loin).
- Alma Busch n'est pas illettrée ! Elle sait lire, écrire mais son niveau semble être celui du cours préparatoire. Il est certain que comparativement à Joshua ou à son entourage, elle peut sembler "illettrée", mais je pense qu'un autre terme serait plus approprié.
- "Huit clos érotique" Euh, nous ne devons pas avoir la même vision du huit clos érotique et les amateurs de voyeurisme ou de pages de sexe ne font pas vraiment être à la fête (allez plutôt voir chez L. Kasischke, si c'est ce que vous recherchez, c'est beaucoup plus explicite et fourni chez cette dernière).
Avis de Deliregirl, sur Lecture-Ecriture,