Quelques avis personnels...
Jéricho / Josef Ladik. First, 2010 (Thriller). 409 pages
Eté 1816. La frégate la Méduse s'échoue au large des côtes africaines. Sur les cent quarante-sept passagers qui vont alors dériver sur un radeau de fortune, seuls quinze survivront à ce véritable enfer. L'un deux est recueilli par une tribu, et fait une découverte qui pourrait bouleverser l'ordre du monde si elle venait à tomber entre deux mauvaises mains. Une découverte qui ramène aux sources du monothéisme et du langage. De retour en France, devenu éditeur au Palais Royal, il couche son secret sur un manuscrit qu'il fait disparaître, puis publie le récit du naufrage.
Aujourd'hui. Le Terrible, un sous-marin nucléaire, disparaît au Moyen-Orient. Le groupe terroriste "Jéricho" revendique le détournement et menace l'Etat français. Alors que l'ultimatum approche, des agents secrets sont lâchés dans Paris et un tueur psychopathe rôde alentour. Au Louvre, non loin du Radeau de la Méduse, la célèbre toile de Théodore Géricault, un guide est retrouvé décapité. Le lieutenant Lazare, amateur d'art fraîchement promu à la Brigade criminelle, tient là de quoi faire ses preuves. Comme le lui disait son père, "Lazare, dans la vie, il n'y a pas de hasard".
Des idées, Josef Ladik ne semble pas en manquer, mais à force de vouloir les juxtaposer, il a pour moi dépassé un quota - déjà limité à 400 pages - à ce que mon entendement pouvait supporter. Qu'il joue avec l'histoire initialement me fascinait. Là où ma compréhension est restée sur le bas côté est de vouloir associer à tout cela : un tueur pscychopate, des histoires de cul, les affres politiques, un sous-marin nucélaure, des enquêtes criminelles et des James Bond au berceau.
Entre les descriptions façons thriller écoeurantes et parfois inutiles de son tueur fou et ses critiques pseudo déguisées de la politique actuelle : ministère de l'immigration, pour ou contre le voile islamiste, arcanes du pouvoir, allusions à l'affaire Clearstream, presse à sensation parlant d'une aventure entre la femme du président et disc-jockey multimillionaire, j'ai eu l'impression que l'auteur remplissait parfois des pages avec force détails inutiles. Son histoire, il la voulait complexe, propre à entraîner le lecteur dans des méandres sans fin entre passé, présent, enquête policière et psychopate donc nul besoin d'ajouter ces détours à la presse qui datent fortement son roman (mais peut être est-ce volontaire, alors je n'aurais rien compris, mais mon incompréhension ne s'est pas arrêtée là).
Vous me direz qu'il a voulu montrer que hasard et coïncidences sont les maîtres mots de l'histoire et que le hasard n'est jamais très loin, mais là encore, je ne venais pas pour cela, mais pour un thriller, une enquête. De la même manière ses traits humoristiques sur les noms des personnages par exemple ne m'ont pas arraché un sourire.
Bon à force de propos négatifs, vous vous demandez bien pourquoi je suis allée au bout, n'est ce pas ?
Tout d'abord je suis curieuse, et ai toujours du mal à abandonner un roman sans lui donner sa chance jusqu'au bout. En lisant le tout, cela me permet de mieux comprendre les avis que je vais indéniablement croisés au cours de mes promenades sur le net ou dans les échanges que j'entends/lis via les média ou mon entourage plus ou moins direct. Je me demandais bien comment Josef Ladik allait pouvoir nous démêler tous les fils qu'il avait croisé ; son numéro d'équilibriste me fascinait et m'agaçait tour à tour. Certains apartés m'ont réellement semblé lourds et malvenus. Une impression d'un style un peu pesant, des clichés parfois qui plombent le roman*.
Dommage !
Livre lu en partenariat avec ChezlesFilles et les Editions First.
* Oups !
"Ils savaient encore que l'anxiété était un fluide qui se transmettait plus vite que la grippe et qu'on s'en détachait moins facilement qu'un chewing-gum dans les cheveux". p. 317
"Elle était un peu l'incarnation du fantasme de l'hôtesse de l'air, typée nord-africaine, très souriante et sans pitié avec les passagers trop prévenants. Grands yeux clairs maquillés, lèvres soulignées d'un trait plus sombre, limite vulgaire. C'était peut-être ça qui les excitait. Une tueuse sans son voile, au visage d'ange et aux joues rosées". p. 278
"La voiture de service payé par le contribuable, longue berline noire panthère à l'intérieur cuir vachette cousu à la main, déposa le magistrat à moins de 5 kilomètres de distance, grâce à un inutile moteur V6 à injection. L'automobile, de marque française mais fabriquée dans un pays de l'Est à faible coût de main-d'oeuvre, à la grande satisfaction des actionnaires non imposables pour la plupart, grâce à d'astucieux mécanismes d'optimisation fiscale, flattait l'ego du chef de cour, (...)". p. 352