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12 avril 2009 7 12 /04 /avril /2009 06:31
Comme je ne résiste guère aux tentations*, j'ai accepté de recevoir cet ouvrage après lecture  de la 4ème de couverture, et du titre qui m'intriguait, il est vrai.
Ouvrage hâtivement à classer dans le registre de l'espionnage, semi polar, dans lequel je me suis d'abord laissée happer. L'histoire débute étrangement. Comment 2 anciens spécialistes de la guerre, dont l'un qui semble encore plus fou que l'autre, a-t-il pu se laisser berner par cette frêle jeune fille et se faire tuer ? Qui est-elle pour mériter l'attention d'une organisation secrète qui a envoyé deux experts pour l'enlever ?
Tous les éléments semblaient réunis pour me plonger totalement dans cette aventure.
L'auteur y ajoutait un soupçon de "légendes" indiennes dont je suis friande et j'étais acquise à sa cause. Mais pourquoi a-t-il fallu qu'il vienne parler d'affaires politiques trop proches et trop fraîches dans ma mémoire, qu'il nous parle d'une femme se lançant dans la campagne présidentielle, mère de 4 enfants ? Volonté de vouloir coller à l'actualité, de situer son ouvrage chronologiquement, d'apparaître quasi comme une référence historique, je ne sais vraiment pas ce qui lui est passé par la tête mais en ce qui me concerne, cela a commencé à me présenter ce livre comme un repoussoir. Je n'étais plus dans un roman d'espionnage, on me lançait dans une semi-réalité et ce n'est pas ce que j'attendais de ce livre de fiction.
Prise néanmoins par ma lecture et souhaitant connaître qui était Méléna, cette jeune fille indienne, et sa famille, j'ai poursuivi....
Le dernier chapitre n'étant pas du tout à la hauteur de mes attentes, je suis
donc déçue. J'ai dû louper quelque chose et, je referme ce livre sans avoir obtenu la chute que j'espérais, alors que plus des 3/4 de l'ouvrage trouvaient grâce à mes yeux.
Comme quoi une conclusion est bien ce qui reste le plus présent dans l'esprit d'un lecteur.
N'ayant pas, dans l'immédiat, trouvé de billets de personnes étant allées jusqu'au bout de leur lecture, j'attends avec impatience les autres réactions.

L'avis de Sandrine qui a laissé ce livre en plan,


Paysage sombre avec foudre / Alain Claret. Robert Laffont, 2009. 340 pages
Luc ne voulait pas revenir dans cette région de lacs et de montagnes où sa mère a dû être hospitalisée.
Un matin, il découvre dans son jardin le corps inanimé d'une jeune fille inconnue. En la portant avec précaution dans sa maison, il ne peut pas imaginer qu'il s'engage sur un chemin qui va le conduire en enfer. Qui est cette étrange jeune femme ? D'où vient-elle ? Qui sont ces hommes cruels et déterminés décidés à l'abattre sans autre forme de procès ? Quel crime a-t-elle bien pu commettre pour provoquer un tel acharnement ? Et où trouve-t-elle cette incroyable énergie qui lui permet de rendre coup pour coup ?.

*Merci à La Bob Team et aux éditions Robert Laffont




Tout en écrivant ces lignes, j'écoute ;-D



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9 avril 2009 4 09 /04 /avril /2009 06:09
Victoria la scandaleuse : La vie extraordinaire de Victoria Woodhull [1838-1927] / Nicole Blondeau, Jean-Paul Feuillebois, avec la collaboration de Anne-France Dautheville. Editions Mengès (Le Livre de Poche), 1980. 391 pages
Outrageusement belle, championne des droits de la femme, prônant l'amour libre et la libération totale de l'individu, première femme " broker " à Wall Street, associée de Vanderbilt, fondatrice à New York d'un journal ayant atteint 100.000 exemplaires, candidate à la Présidence des Etats-Unis contre le Général Grant et obtenant 5% des voix, alors que les femmes n'ont pas encore le droit de vote, féministe, socialiste, spirite, Victoria WOODHULL fut l'un des personnages les plus populaires des Etats- Unis à la fin du XIXe siècle.

Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que cette femme se présenta aux élections présidentielles en 1872 ! Je ne sais pas pour vous, pour ma part je ne dois pas être assez féministe (j'avoue, je n'ai pas lu d'ouvrages sur le sujet) car jamais je n'avais entendu parler de Victoria Woodhull. En effectuant quelques recherches, je me suis rendue compte que son aura n'avait pas totalement disparu au vu des ouvrages et documentaire (qui date de 1998) qui lui ont été consacrés. Si vous êtes originaires d'Amérique du Nord (ou avez des connaissances plus approfondies que les miennes concernant ce Continent), pourriez-vous me dire si vous en avez entendu parler ?
Concernant l'ouvrage en lui-même, il s'agit comme vous l'aurez deviné d'une biographie "romancée".
Je n'ai pas assez de connaissance sur le sujet pour savoir si les auteurs se sont fait les chantres de cette femme. Je pense néanmoins que, n'ayant pas cherché à dissimuler les faits et travers de la belle Victoria et de sa famille, ils ont essayé de donner un portrait assez véridique du personnage. Et quelle personnalité ! Quelle famille !
Un père escroc, joueur professionnel, voleur... et une mère hurleuse, mystique jusqu'à la folie. Des parents exploitant sans vergogne la crédulité des gens et vivant aux crochets de leurs enfants : Victoria fut tout d'abord spirite et sa soeur Tennessee, voyante, avant que ses deux inséparables ne découvrent leur chance en arrivant à New-York avec Vanderbilt lui-même.
C'est dans une vie de folie que les deux soeurs nous entraînent, une vie que Victoria prend à bras le corps, qu'elle vit avec passion, tout comme la passion qu'elle déchaîne elle-même. Femme au charisme impressionnant, possédant une voix capable de retourner une salle entière à sa cause, elle fut capable de se présenter à une conférence en manteau de vison alors qu'elle s'adressait à une salle d'ouvriers et de les faire totalement occulter ce fait tant sa force était dans son élocution, sa présence...
Elle est étourdissante et les faits semblent d'autant plus irréels lorsque l'on prend conscience de l'époque à laquelle elle a vécu. Cette période nous est rappelée par des faits historiques, politiques inclus dans cette biographie et propre à nous interpeller un peu plus sur la force de cette "scandaleuse".
Tout n'est pas certainement heureux dans cette vaste fresque dédiée à la famille Claflin, mais je me suis prise au jeu, j'ai découvert des faits ignorés jusqu'alors et ai suivi Victoria jusqu'à Londres et la fin de son existence, alors que sa soif de la nouveauté, de la vitesse (grâce aux véhicules automobiles) est toujours là.

Je vous laisse avec la dernière phrase de celle qui se voyait depuis la prime enfance
diriger son pays :
"Il y a un bonheur supérieur à celui de commander au monde, c'est de n'obéir à personne."

Si vous le découvrez dans une bibliothèque, au fin fonds d'une armoire, ouvrez-le, !  Vous découvrirez également comment Tennessee utilisera ses dons de bien des manières avant d'être nommée colonel d'un régiments de Noirs, et finira sa vie avec les titres de Vicomtesse de Montserrate, Lady Bountiful de Cintra :)
(D'après
les sites consultés, l'édition originale comporte également des illustrations)
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11 mars 2009 3 11 /03 /mars /2009 22:00
Non je ne vous entraîne pas dans une lecture historique, mais bien dans le domaine du fantastique avec le 2nd roman publié par la jeune maison d'édition Griffe d'encre.
Cette principauté peut être ne vous dit pas grand chose, à moins que vous ne soyez férus de géographie ou du sujet qui va suivre :)
Si je vous dit : Vlad Tepes, les neurones doivent commencer à cogiter. Summum si je vous parle de Bram Stoker.
Là je crois vous avoir tout dévoilé ou presque ... Ne me reste plus qu'à vous parler de :

Lemashtu : Chronique des strygues / Li-Cam. Griffe d'encre éditions, 2009. 399 pages
Lemashtu Dracul, futur Roi de Walachie, a dû fuir la Roumanie et l’oppression dont sont victimes les siens.
En exil à Londres, il a pour seuls compagnons deux stryges : Féhik, un prêtre dont la sévérité n’a d’égale que la propension aux sarcasmes ; et Aratar, un maître enseignant suspicieux et moralisateur.
Lem étouffe sous la surveillance constante de ses aînés et les innombrables règles de sécurité édictées par le Vatican. Il aimerait pouvoir vivre comme les autres adolescents.
Mais Lem n’est pas humain. À l’aube de ses quinze ans, il sent monter en lui des pulsions obscures et commence à prendre la mesure de sa véritable nature.
L’arrivée de Liéga, un jeune strigoï, vient bousculer son morne quotidien et le confronter à la vérité.
Et si Lem se trompait, s’il était infiniment plus précieux qu’il l’imaginait…
Si c’était lui qui était en danger

Mêlant habilement faits historiques et l'imaginaire Li-Cam nous plonge dans la vie de Lemashtu, dernier voïvode, descendant du légendaire Vlad Tepes.
C'est dans un quotidien "banal" de lycée seulement perturbé par la personnalité et le physique du héros, qui attire les regards et la peur mais qui aimerait être à l'image de ses pairs, tout en connaissant sa différence, que nous entraîne l'auteur.
Habilement elle intercale dans les pages du récit des "archives" qui nous permettent de mieux comprendre l'évolution et la position du Vatican par rapport aux stryges, et parallèlement de mieux percevoir la personnalité de Féhik, le prêtre et parrain de notre héros.
La place de l'Eglise, les travers de l'histoire, de l'extrêmisme et la peur de la différence joue un rôle essentiel dans ce roman. C'est ainsi que le retour d'une branche extrêmiste :  "Le bras de la miséricorde et de l'expiation" va permettre au jeune Lemashtu de
se retrouver dans la situation qu'il espérait : se mélanger aux jeunes humains qui ne sont en fait qu'une sorte de bouclier face à ce groupuscule. Inconscients du rôle joué par leurs amis Arthur, Pauline, Maria..., Lem et Liéga découvrent et apprennent la vie de leurs contemporains. Mais que vous soyez humain ou vampire, rien ne peut empêcher le destin et la volonté d'un groupuscule d'aller jusqu'au bout de leurs idées.
Etant juste amatrice de fantastique, je me suis rendue compte a posteriori, que l'auteur avait su tirer parti de bon nombre d'éléments connus de l'histoire du présumé ancêtre de Lem.
Mais Li-Cam a su également jouer habilement sur les peurs qui ont traversé les siècles, peurs liées à la religion, au mal incarné par le diable et les personnes différentes ou se comportant selon la société comme telle, et bien souvent nommés, les sorciers.  Comme lesdites socières  en leur temps, innocentes ou juste perçues comme un danger quelconque ou permettant l'élimination d'une personne génante, Lem est trainé par des hommes d'Eglise sûrs de leurs bon droit vers la mort.

Que vous dire de plus sans tout vous raconter ?
Un excellent moment de lecture :)
Les avis de Lucile et de Chiffonnette - Nous avons fait notre achat le même jour et la déception n'est pas à l'ordre du jour ;-D.
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27 février 2009 5 27 /02 /février /2009 23:25
Les naufragés de l'île de Tromelin / Irène Frain. Michel Lafon, 2009. 373 pages
Un minuscule bloc de corail perdu dans l'océan Indien. Cerné par les déferlantes, harcelé par les ouragans. C'est là qu'échouent, en 1761, les rescapés du naufrage de L'Utile, un navire français qui transportait une cargaison clandestine d'esclaves.
Les Blancs de l'équipage et les Noirs de la cale vont devoir cohabiter, trouver de l'eau, de la nourriture, de quoi faire un feu, survivre. Ensemble ils construisent un bateau pour s'enfuir.
Faute de place, on n'embarque pas les esclaves, mais on jure solennellement de revenir les chercher.
Quinze ans plus tard, on retrouvera huit survivants : septs femmes et un bébé. Que s'est-il passé sur l'île ? A quel point cette histoire a-t-elle ébranlé les consciences ? Emu et révolté par ce drame, Condorcet entreprendra son combat pour l'abolition de l'esclavage.

Je suis partagée pour vous parler de cette lecture car les faits sont réels et Irène Frain s'est basée sur un minutieux travail d'enquête pour nous le restituer, pour nous confronter à la vie de ces personnes, aux idéaux et points de vue tant personnel qu'historique.  Même si pour une large part, on peut parler d'extrapolation et donc d'un travail d'imagination, la réalité rattrape la fiction et se confond dans ce livre. Du coup, vous pouvez parfois vous laissez entrainer dans cette lecture et parfois revenir bien vite avoir à l'esprit, de découvrir un document.
J'ai essayé de me laisser aller au fil de l'écriture et y suis suffisamment parvenue pour laisser filer mon imagination au niveau de l'île de Tromelin, qui fait que je me suis rendue compte que j'avais une vision totalement erronée mais similaire à celles des contemporains de nos navigateurs infortunés lorsqu'ils vont raconter leur histoire. Comme eux je m'imaginais une île à la Robinson Crusoé et je n'ai pu en prendre conscience qu'en me rendant à mi-parcours de ma lecture sur le site*,
et lorsque l'histoire de W. Defoe est évoquée par la narratrice elle-même. (*regarder la section Photos et plus particulièrement la 3ème vous comprendrez déjà beaucoup mieux sur quel îlot nos naufragés se sont retrouvés ; dans la partie Vidéos, les vagues sont vivantes !).
Une fois le "décor" planté, il est certain que cette histoire aborde bien d'autres sujets. Le charisme de Castellan et sa force de caractère tout comme son esprit éclairé par la réflexion, l'esprit des Lumières, font de lui un personnage que l'on souhaite suivre et voir réussir dans ses projets. Il n'est bien entendu pas le seul auquel on s'attache et c'est la grande réussite de l'auteur de faire vivre ces héros ordinaires en se basant notamment sur quelques gueules propres à créer l'histoire.
La construction du bateau destiné à leur sauver la vie et auquel participent les esclaves va faire prendre conscience au petit groupe de marins ayant décidé de cette entreprise, proche de la folie mais seule échappatoire à une mort certaine, combien Noirs et Blancs sont des êtres humains, simplement ; ils ne parlent pas la même langue, mais en dépit de cela, la seule différence qui les distingue est la couleur de peau.
Jamais ces marins et encore moins Castellan, n'oublieront la promesse faîte, mais le retour à la "civilisation", à la confrontation avec le gouverneur des "Isles à sucre" et la main mise de la Cie des Indes va les rappeler à la réalité, à l'obscurantisme dans lequel souhaite demeurer bon nombre d'hommes, qui préfèrent voir dans ces esclaves, la perte de marchandises.
Munis de leur courage, de leur obstination, de la plume et de l'ouverture des esprits, cette histoire finira par donner lieu au sauvetage des survivants. L'histoire sera reprise et utilisée par Condorcet.
Le 4 février 1793, par décret de la Convention, l'esclavage est aboli. "Tous les hommes sans distinction de couleur, domiciliés dans le colonies, sont citoyens français, et jouiront de tous les droits assurés par la Constitution".
C'est sur ces deux dernières phrases que se terminent l'ouvrage.

Merci à Suzanne  de Chez les filles et aux éditions Michel Lafon.

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23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 20:00
Rien qu'avec le titre, je suis certaine que bon nombre d'entre vous lecteurs assidus de blogs, savent déjà de quoi il est question ci-dessous.
Poisson rouge ou étourderie ? Lé réponse est là :

La vieille anglais et le continent / Jeanne-A. Debats. Griffe d'encre éditions (Novella), 2008. 71 pages
Certaines personnes sont si profondément attachées à la Vie sous toutes se formes, tous ses aspects, qu'elles consacrent leur existence à sa préservation, quitte à sacrifier celle des autres...
Ann Kelvin, elle, lui consacrera sa mort.

En quelques pages l'auteur nous plonge dans des débats de société qui, à mon sens, ne vont aller qu'en s'accentuant dans les années à venir : - le désir de vivre éternellement (celui-là c'est l'arlésienne),  - l'abus de la puissance et de l'argent, - l'utilisation personnelle des nations les plus pauvres, - la destruction de notre planète, ici les fonds marins, etc. Rien de bien novateur alors me direz-vous et autant de thèmes en si peu de pages, c'est mission impossible ! Et bien pas du tout.
Sans économie de mots, avec beaucoup de savoir faire nous suivons Ann Kelvin qui, à l'aube de sa mort se voit offrir une nouvelle opportunité d'agir, de mieux connaître un monde pour lequel elle "s'est dévouée" (mettant sa fortune à disposition), en servant de cobaye à une expérience qui s'avère double. Le tout lui étant présenté par un de ses anciens élève avec qui, on le devine aisément, les relations furent autre, elle finira par répondre positivement.
Cette double expérience va entraîner nos personnages principaux bien plus loin qu'ils ne pouvaient l'imaginer. L'Homme étant de ce qu'il est, l'auteur sait nous rappeler par une pirouette finale que ceux qui possèdent la fortune et le pouvoir vont là où va leur intérêt. 
Vous êtes vous jamais imaginé ce que pourrait être de passer quelques heures dans la peau d'un animal que vous admirez particulièrement ? Si l'élément aquatique vous fascine, vous ressortirez enchanté par la plume de Jeanne-A. Debats.

Une nouvelle, oui mais au contenu riche, enchanteur et réaliste bien que d'anticipation.

L'avis de Chiffonnette, de Ketty Stewart (ActuSF), tout autre de Mes imaginaires (SBM),




(Hommage personnel)
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22 février 2009 7 22 /02 /février /2009 00:00
L'Ordre des jours / Gérald Tenenbaum. Editions Héloïse d'Ormeson, 2008. 212 pages
1946.
Dans une petite ville lorraine, Solange attend le retour de déportation de son père, Isy. Au Lutetia, elle retrouve Max, compagnon d'Isy, muré dans un silence désespéré, mais qui visiblement cache un secret. Solange ne renonce pas. Les années passent. Solange rencontre Simon, lui aussi enfant de déportés. L'un comme l'autre refusent le destin, l'impossible deuil des disparus. Leur chemin singulier, parsemé de révélations, les mènera de la jungle indochinoise, mirage de seconde chance, aux portes du Néguev et à la découverte d'un réseau de juifs qui ont poursuivi la lutte après la guerre.
Le terrible dénouement émergera des brumes polonaises. Servi par une écriture sans concession, pudique et musicale, L'Ordre des jours ressuscite lumineusement les années 1950 et nous plonge dans l'intimité de cette France qui bascule d'une guerre à l'autre.

1958, l'Algérie en toile de fonds via la TSF, Solange/Sarah sur son lit d'hôpital : toutes ses pensées se bousculent dans sa tête, pensées qui nous présentent des personnages qui ,nous le verront bientôt, constituent sa vie, son univers. Que s'est-il passé ? Agression dixit la phrase d'une infirmière ?
Nous n'en saurons pas plus car l'auteur nous renvoie en 1946 en cette fin de guerre. L'attente du retour des déportés.
Les chapitres vont ainsi alterné les 2 périodes : la présente avec l'hôpital  et le passé avec  le temps qui passe tandis que l'attente se poursuit, que l'espoir demeure même si... A travers son regard, l'auteur nous permet de vivre l'histoire, ces trains qui reviennent, le Lutetia vers lequel convergent tous ceux pour qui l'Espoir n'est pas un vain mot, le nécessaire contrôle d'identité de ses survivants à qui ils ne restent qu'un tatouage et une "livrée", tous ces faits historiques minimes auxquels nous ne prêtons pas attention, mais qui marquent celle qui les vit, qui la font devenir le personnage auquel nous nous attachons, dont nous voulons connaître ce qui la conduit ici. Oui l'émotion est présente, mais pas l'apitoiement sur soi ou sur le passé.
Ce sont les faits et le silence de Max et de tous les autres qui font avancer ce roman, tout en nous prenant à la gorge. Nul n'ignore aujourd'hui le silence imposé, voulu, souhaité après ces années de haine. L'écrit et l'attachement à un personnage fait beaucoup plus pour la mémoire même si l'Homme oublie les leçons de l'Histoire ; j'ose espérer que la littérature aide une fraction de la population à ne pas réitérer ces erreurs (soyons optimistes, même si les faits actuels nous donnent souvent tort).
J'ai eu peur que l'auteur ne bascule dans la vengeance en nous donnant le point de vue des membres du Kibboutz, la démarche de Solange et Max me faisait craindre le pire, mais avec beaucoup d'intelligence G. Tenenbaum a su venir à mes bouts de mes craintes. Non l'histoire ne peut pas bien se terminer mais, ...
la vie continue, même si l'ordre des jours a été bouleversé. 

Le billet de Caro[line] avec une réponse de G. Tenenbaum concernant l'idée de la création du roman.
Celui de Florinette qui vous renverra à d'autres billets.

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12 février 2009 4 12 /02 /février /2009 07:15
Après la balade du côté du Havre, me voici partie du côté de Rennes et de ses environs, que je connais uniquement grâce à des amis, et où mon orientation aurait beaucoup plus de mal à trouver sa place. C'est néanmoins assez drôle de voir des noms, lieux connus dans un livre et j'imagine que les familiers de la région devraient pouvoir trouver leur bonheur dans ce livre même si le polar dont il est question ne répond à leurs attentes qu'à demi, mais peut-être que le tout leur plaira...

Hortensias Blues / Hugo Buan. Pascal Galodé éditeurs, 2008. 320 pages
Un cabinet médical du centre de Rennes est décimé par un tueur en série.
Lucien Workan, un commissaire de police incontrôlable toujours à la limite de l'illégalité, petit-fils de résistant va mener l'enquête au cœur de la bourgeoisie rennaise. Assisté par Leila, une jeune femme flic d'origine berbère et flanqué de son adjoint Lerouyer, Workan va dénouer les fils enchevêtrés d'une série de crimes particulièrement odieux. Avec une force de caractère incroyable, une intuition digne des meilleurs limiers et le soutien de ses adjoints, va-t-il réussir là où son supérieur et la procureur de la République en charge du dossier ne l'attendaient plus ?

Serial Lecteur avait titillé ma curiosité voici quelques temps, et me voici donc embarquée pour un nouveau périple - enquête en Bretagne en compagnie d'un polack*,  joueur de rugby qui avait jusqu'alors élu domicile du côté de Toulouse (celui là il voyage encore plus que moi et ma famille donc cela me plait ;-D).
Le commissaire Lucien Workan est donc un flic haut en couleurs entouré d'une équipe qui semble parfois à la limite du déjanté (serait-il contagieux ?) tout comme certains des personnages croisés au cours de cette enquête : ah ce couple Simone et Pedro qui tiennent le bistrot "Condate Celtic Kafé", et Maîtresse Tina, vraiment la galerie de portrait semble irréelle lol et l'auteur semble réellement s'être amusé à la dresser. Tous les bons mots et les personnages ne gagnent pas à chaque fois, mais Hugo Buan a néanmoins réussi à m'arracher quelques gloussements qui ne sont pas toujours gagnés dans mes lectures.
Mais, car il y a un mais, je ne partage pas pour autant l'enthousiasme de Michel. J'ai apprécié cette lecture mais lui ai néanmoins trouvé quelques longueurs, et n'ai pas été totalement saisie par l'enquête. La présence des personnages, leur originalité à tous a sans doute empiéter sur ma lecture et sur la recherche du meurtrier.
J'ai également trouvé l'entrée en matière un peu longue.
N'en déplaise à ces défauts, j'ai néanmoins passé un bon moment de lecture :)
Michel nous laissait entendre qu'il s'agirait d'une série, peut-être le second volume sera-t-il plus prenant à mes yeux, une fois l'ensemble des personnages déjà connus. A découvrir sans doute, afin de voir comment l'auteur fait évoluer son petit monde et dans quelle enquête il va les entraîner.

*Merci de ne rien voir de péjoratif dans l'utilisation de ce nom (inutile de m'insulter par le biais des commentaires :-D, le nom est utilisé dans le roman).
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9 février 2009 1 09 /02 /février /2009 21:00
Voici longtemps que je n'avais pas relu du Maupassant. Cet écrivain que j'ai tendance à oublier régulièrement,  m'évoque pourtant (c'est décidément de saison chez moi en ce moment :s) de nombreux souvenirs.
1. J'ai eu de la chance que ma prof de collège ne m'écoeure pas totalement de lui ; inconditionnelle de l'écrivain (selon ma mémoire qui déraille comme vous le savez tous à présent), elle nous cassa les oreilles avec lui et je n'en pouvais plus. Je me rends compte aujourd'hui que son programme était intéressant : Le K de Buzatti, Le Horla de Maupassant, des Contes normands de Maupassant, des Fabliaux, ...  Comme souvent on constate que c'est toujours à contre coeur que nous lisons les ouvrages imposés.
2. Etant née et ayant vécue en Haute-Normandie, je navigue en terre connue lorsque je lis cet auteur.
C'est avec grand plaisir que j'ai suivi l'idée de Fashion sur la page littérature, et que j'ai commencé cette lecture.

Voiliers / E. Boudin.
Pierre et Jean / Guy de Maupassant. 1887
Un couple de commerçants parisiens, les Roland, retirés au Havre. Deux fils : Pierre et son cadet Jean, «aussi blond que son frère était noir, aussi calme que son frère était emporté, aussi doux que son frère était rancunier.» Pierre et Jean ne s'aiment pas, mais la famille vit en paix jusqu'au jour où l'on apprend qu'un vieil ami des Roland a laissé en mourant toute sa fortune à Jean. Pourquoi à Jean seul ?
De ce qui aurait pu être un banal drame de boulevard, Maupassant a fait une tragédie concise et cruelle, où affleure le thème du Double qui va bientôt hanter sa folie. Et le livre contient, sur la mer, les bateaux, la lumière, la campagne normande, quelques-unes des plus belles pages de la littérature impressionniste.

J'ai aimé ce roman à plus d'un titre. Comme vous pouvez vous l'imaginer, j'essayais de voir les personnages qui remontaient certaines rues, passaient devant des lieux que j'ai connu. Je sais bien que tout a changé depuis cette deuxième partie du XIXème siècle et cela a plus d'un titre. Le port du Havre était une plaque tournante de la vie maritime et des voyages, mais tout cela a bien disparu. Si vous cherchez à retrouver des quartiers, des endroits évoqués dans les romans allant jusqu'en 1945 vous êtes certains de ne plus rien retrouver car la ville du Havre a subi les bombardements allemands en 1940 avant d'être détruite par les bombardiers alliés  puis britanniques entre juin et septembre 1944. Néanmoins certains noms de rues sont restés (la rue de Paris même en ayant perdue de sa superbe restait une rue chic), l'entrée du port peut faire illusion et je voyais ce livre avec ce que je connaissais.
La plume de Maupassant est superbe et à travers ses écrits on sent la ville vivre, sa connaissance de la région :
"(...) Il fit remarquer comment Le Havre séparait la basse de la haute Normandie. En basse Normandie, la côte plate descendait en pâturages, en prairies et en champs jusqu'à la mer. Le rivage de la haute Normandie, au contraire, était droit, une grande falaise, découpée, dentelée, superbe, faisant jusqu'à Dunkerque une immense muraille blanche dont toutes les échancrures cachaient un village ou un port : Etretat, Fécamp, Saint-Valéry, Le Tréport, Dieppe, etc. (...)"
Des noms qui, pour certains vous parlent, mais furent pour moi des lieux de promenades, des souvenirs :)

L'histoire est simple, mais nous entraîne dans les travers de la jalousie entre frères ; antagonisme lié à la différence de caractère tout d'abord, puis à la spirale de l'argent lié à l'héritage qui va faire éclater une famille.
Pierre semble prêt à aller jusqu'aux limites de la folie tant sa souffrance est grande. Paradoxalement à ce mouvement qui va grandissant de l'agitation de Pierre, de sa quête de la vérité, Maupassant nous entraîne dans le quotidien, dans la description de parties de campagne, de pêche ... Tout est là.
Partagé entre la pitié pour l'enfer de Pierre et parallèlement, un désamour tant sa folie le pousse à faire souffrir sa mère, c'est avec un certain soulagement mais également horreur que l'on assiste à  la scène de la dispute entre Pierre et Jean. Dispute durant laquelle tout est dévoilée et qui va permettre la chute de l'histoire, ainsi qu'à Pierre et nous-même de refermer ce livre non pas sereinement mais avec un certain sentiment d'adoucissement de l'histoire.
Si vous n'éprouvez rien en refemant ce livre, sans doute êtes-vous comme Monsieur Roland trop accaparé par vos propres plaisirs et train train quotidien ;-D


"(...) L'immense paquebot, traîné par un puissant remorqueur qui avait l'air, devant lui, d'une chenille, sortait lentement et royalement du port. Et le peuple havrais massé sur les môles, sur la plage, aux fenêtres, emporté soudain par un élan patriotique se mit à crier : "Vive la Lorraine !'acclamant et applaudissant ce départ magnifique, cet enfantement d'une grande ville maritime qui donnait à la mer sa plus belle fille. (...)"

 

Paquebot Washington
 Compagnie Générale Transatlantique, 1864-1899 ;
Il inaugure en 1864 la ligne Le Havre - New York (traversée qui dure 13 jours)


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27 janvier 2009 2 27 /01 /janvier /2009 23:20
Târ iranien -Ja'far-e San'at, Téhéran, vers 1960 - E.997.7.2

© Cité de la musique - Photo : Jean-Marc Anglès


Une collègue m'a demandé ce que c'était un târ, en voyant le titre du livre posé sur mon bureau. Une photo valant tous les discours... et faites un tour du côté de la Cité de la musique vous en sortirez enchanté, j'en suis certaine.


Le târ de mon père / Yasmine Ghata. Le livre de poche, 2008. 121 pages

A la mort de Barbe Blanche, son fils Hossein hérite du târ qui se transmet dans sa famille de génération en génération. Mais l'instrument lui résiste, refusant de libérer les accords mystiques qui font la gloire des musiciens d'Iran. Hossein décide alors de se rendre avec son jeune frère à la ville d'Ardabil où se trouve le meilleur luthier de la région.

 

La lecture de ce petit opuscule a été pour moi un grand moment de plaisir.

La musique est partout : dans les mots, les phrases, dans la vie de Barbe Blanche mais également dans celle de tous les protagonistes de ce court roman.

Court, certainement, mais au contenu fort riche.

J'étais partie dans une histoire de famille, d'héritage et de musique et je me suis vue transporter dans une quête, confronté à un assassinat, à l'histoire de deux musiciens, une histoire d'amour, de jalousie, le tout entrecoupé de poésie et d'un imaginaire féérique.

Cela vous semble beaucoup pour si peu de pages ? Pas du tout. Les liens s'entremêlent, une pièce musicale est jouée devant vous.
4 personnages vous font entendre leurs voix, vous racontent l'histoire du "târ de mon père", cet instrument magique qui se transmet de père à fils aîné et qui sait reconnaître l'héritier, sans fausse note.


Yasmina Ghata parle ici de son livre et en lit un extrait (vous entendrez ainsi que je n'ai pas menti).

Toujours concernant l'instrument lui-même :
"(...) Confondant sa silhouette et son instrument, il m'arrivait de croire que le manche en noyer était une paire d'os mal assemblés. Le târ de mon père n'était qu'un cadavre. N'était-ce pas d'ailleurs ainsi que le vieux Lamech avait inventé le 'ûd, reproduisant dans une pièce de bois le corps décomposé de son fils ? Une caisse de résonance pareille à sa poitrine, le manche figurant sa jambe, le chevillier son pied, et des cordes à l'image de ses veines. (...)

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14 janvier 2009 3 14 /01 /janvier /2009 21:19
Les débris du Chaudron / Nathalie Dau. Illustrations de Magali Villeneuve. Argemmios éditions, 2008. 184 pages
L'amour et la vengeance ont l'art de traverser les âges, et ce d'autant plus lorsque les dieux sont impliqués.
Pour certains mortels, cela signifie un héritage lourd à porter, mêlé de malédiction.
Ainsi en va-t-il d'Augusta Quinn et d'Alwynn Archaft. Destinés à réparer le chaudron de Kerridwen, afin de permettre le retour de la déesse, ils devront compter avec Affang, le terrible démon des eaux, qui les poursuivra de sa haine.
Mais en cette fin de XXème siècle, un dieu veille et se souvient. Capable d'arpenter les lieux d'ici et d'ailleurs,Kernunnos, sous l'un ou l'autre de ses avatars, permttra à la réalité de rattraper le mythe ... et de le dépasser.

Voici bon nombre de mois que j'entends parler de Nathalie Dau au détour des conversations, de billets... J'avais eu l'opportunité de découvrir une de ses nouvelles "Le goût du miel" dans l'anthologie "Ouvre-toi !" J'avais aimé le style, le sujet ...
En rangeant ma PAL j'ai redécouvert cet ouvrage gagné au cours d'une journée bien remplie :) Plusieurs fois il m'avait fait de l'oeil, mais à chaque fois, un autre ouvrage se retrouvait entre mes mains. Souhaitant lire autre chose que des policiers, qui semblent dominer mes lectures actuelles (ils sont tous différents alors pourquoi s'en priver), j'ai eu une idée lumineuse qui m'a rapidement accaparé :-D
De nombreux ouvrages sur la mythologie, la civilisation Celte (côté irlandaise) se sont accumulés chez mes parents sans qu'aucune passion n'en résulte en ce qui me concerne.
Non je n'avais pas souvenir du nom de Kerridwen, pas plus que de son histoire, mais cela ne m'a pas empêché de lire avec intérêt ce roman.
C'est une balade dans le temps dans laquelle nous entraîne les deux premiers chapitres des "Débris du chaudron" : un temps indéfini et l'année 1933. Quels liens existent-ils entre ces deux époques ? Votre imagination vous titille. Mes lectures policières n'y suffisent pas car la magie, le côté féérique est là et je ne peux l'ignorer. On me parle de malédiction familiale ! Me voici plongée un peu plus dans ma lecture, cherchant déjà les liens entre ce 1er chapitre et cette traversée des siècles si rapide. L'auteur est futée. Elle ne m'a pas encore donné assez d'informations, je sais si peu de choses sur ce couple qui vient s'établir en cette contrée lointaine pour des raisons qui me restent inconnues que je n'ai pas d'autres choix que de poursuivre ma lecture.
Je poursuis ma découverte de l'histoire de cette magicienne, je redécouvre le petit monde d'en bas, la féérie domine, la sagesse également. Sous de sages apparences je crois voir les prémices des guerres de religions mais ce n'est pas vers cet aspect que m'entraîne l'auteur. Son propos est magique et se poursuis dans cet univers.
Lorsqu'elle me bascule dans le temps, les sauts sont importants : après 1933, c'est l'année 1955 puis 1971, 1996 ... J'avais démarré cette aventure aux Etats-Unis, elle me promène dans la vieille Europe et le berceau des légendes celtiques.
Vous en dire plus ? Non je vous en ai dit déjà beaucoup.
C'est un très belle histoire humaine, d'amour et d'obstacles à la vie (non ce n'est pas de l'eau de rose, n'ayez crainte !). Mais on sait que la vie ne sera que plus douce pour tous nos personnages, une fois ce livre refermé. 
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