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7 avril 2013 7 07 /04 /avril /2013 19:17

http://static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/8/6/9/5/9782869593121FS.gifTrois hommes sur un vélo / Jérôme K. Jérôme. Traduit de l'anglais par Claude Pinganaud. Arléa, 1997.300 pages. 4*

C'est à vélo que, cette fois, nous retrouvons les " Trois Hommes " qui, dans un bateau, ont amusé des générations de lecteurs. Parcourant la Forêt-Noire, la Rhénanie et les Vosges, ils observent, ils s'étonnent, ils s'amusent et, surtout, pour notre plus grand plaisir, ils nous livrent leurs réflexions sur les mœurs des Allemands, des Français et même, parfois, des Anglais qu'ils rencontrent. Dans une traduction nouvelle, voici la suite d'un classique de la littérature britannique, qui fut aussi un best-seller mondial.

Journal d'un touriste / Jérôme K. Jérôme. Traduit de l'anglais par Christophe Claro. Arléa, 1997. 176 pages. 2*

J. K. J. nous aide à réfléchir sur le tourisme qui fait de nous, périodiquement, un ignorant qui va son chemin. Touriste impénitent lui-même, il relève les travers auxquels nous cédons en vacances.

 

Ne riez pas ! Lorsque pour la première fois j'ai entendu parler de Jérôme K. Jérôme, mes méninges ont travaillé à plein régime. Et oui, pour moi, ce nom était assimilé à une bande dessinée : Jérôme K. Jérôme Bloche. Quel soulagement lorsque j'ai appris que l'auteur de cette BD s'était inspiré, entre autre, de cet auteur anglais ; je n'étais pas totalement hors sujet.

J'ai commencé la découverte de Jérôme K. Jérôme par le "Journal d'un touriste". Ce court roman me semblait avoir tout pour plaire, mais ses petits travers m'ont plus que laissé sur ma faim. J'attendais davantage d'ironie, de moqueries etc.et la forme condensée n'est pas parvenue à retenir mon attention. J'avais hâte de le terminer, je dois l'avouer.

Néanmoins, j'ai voulu donner une seconde chance à l'auteur, via un autre titre dans lequel j'ai trouvé bien plus mon content. Est-ce le fait que l'auteur ne soit pas seul et que lui et ses amis accumulent les travers et les erreurs des touristes à l'étranger tout en se décriant du manque de respect des us et coutumes de certains voyageurs ? Sans doute, même si on retrouve le style pince sans rire, déjà présent dans le premier ouvrage lu, je pense que le fait de nous présenter ses 3 personnages initialement dans leur contexte familial, et une expédition (presque) réfléchie n' y est pas étranger, tout comme un développement plus long qui permet plus de disgressions.

Me laissant aller à ma lecture, j'ai brusquement réagi que cette écriture était somme toute fort moderne pour un écrivain né au milieu du XIXème siècle ! Cet ouvrage a été écrit en 1900, et le sujet donne un esprit résolument moderne si je le compare aux ouvrages de certains de ces contemporains.

Le style absurbe domine, un certain comique de répétition dans les aventures de son personnage qui n'hésite pas à se moquer de lui-même comme de ses amis ou rencontres, tout en conservant un air des plus sérieux, en prenant le lecteur à témoin et en l'immiscant dans les aventures de ses personnages. 

Tout au long de ces pages faites pour faire sourire, il n'hésite pas à émettre des jugements sur l'éducation, les us et coutumes allemandes, et à se moquer de ces voyageurs ignorant le moindre idiome de langue étrangère et s'attendant à être traiter en seigneur conquérant ou bien ayant appris une langue si peu naturelle pour l'autochtone qu'elle en devient incompréhensible. Au fil des pages évoquant ce sujet, j'ai cru lire des critiques modernes de ces pauvres français qui n'apprennent que de vieilles tournures et ne savent pas s'exprimer à l'oral.

NB : il n'est aucunement fait mention de français mais bien d'anglais dans cet ouvrage.


Un avis sur l'ouvrage qui a précédé ce roman "Trois hommes sur un bateau", à l'origine de cette suite et qui semble contenir l'ensemble du style de Jérôme K. Jérôme. (billet plus explicite que le mien en tout cas ;0) )


 

 

Frogs - VFAL

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3 avril 2013 3 03 /04 /avril /2013 19:48

http://static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/7/5/2/9/9782752901439FS.gifUne famille et une  fortune / Ivy Compton-Burnett. Traduit de l'anglais par Philippe Loubat-Delranc. Phebus, 2008.344 pages. 2,5 *

Edgar et Blanche Gaveston mènent une existence paisible entourés de leurs enfants, Justine, Mark, Clement et Aubrey, et du frère célibataire d'Edgar, Dudley. Un équilibre familial bientôt mis à mal par une succession d'événements imprévus : l'arrivée impromptue de Matty, la tyrannique sœur de Blanche, la visite inopinée de Maria Sloane, une amie de la famille, et surtout l'héritage inattendu reçu par Dudley. Une nouvelle donne qui ne manque pas de bouleverser ce monde feutré fait de conventions et d'apparences. Dans ce huis clos familial, tout est rapport de force, tout est question d'argent. Ivy Compton-Burnett scrute ses personnages avec une férocité teintée de drôlerie et de cynisme, dans un dialogue qui ne sert qu'à masquer la cruauté derrière la banalité de la vie quotidienne. Publié en 1939, ce roman, proposé ici dans une nouvelle traduction, permet de redécouvrir l'univers d'une romancière discrète dont les thèmes - argent, pouvoir, statut social, meurtre. inceste - demeurent d'une implacable modernité.

 

Encore une auteur inconnue, découverte par hasard, et pour une fois, pas par le biais des Frogs.

L'intrigue est simple mais pas inintéressante. Le verbe haut de la part de tous les protagonistes, mais si tout se joue dans les propos, les petites piques, les plus ou moins messes basses de la part de chacun, les bons mots sont à la fois la force et la faiblesse de ce roman.

En effet, je qualifierais cet ouvrage de bavard !  A force de jouer avec les mots, je me suis assez vite lassée de ces phrases qui s'entrecoupent mais parfois sans réellement se suivre. Cela ressemble davantage à un jeu (amer) / concours afin de savoir qui aura le dernier mot et cela, au détriment de l'action. Dès qu'Ivy Compton-Burnett, reprend la plume pour faire avancer la narration le lecteur respire normalement, peut reprendre son souffle et la suivre dans son  histoire.

Ai-je finalement pris le dessus sur cet aspect négatif, les propos furent-ils moins lourds ou l'action s'est-elle suffisamment intensifiée, mais j'ai trouvé la 2nde partie du roman plus digeste. Bien entendu ce que j'ai perçu comme bavardages est avant tout une façade pour le cynisme des personnages. Des propos banals en apparence qui sont bien entendu à double tranchant et aucun des membres de cette famille n'est dupe.

Et sous les apparences de la famille unie, les rapports de force et mesquineries sont pléthores, confirmé par la prose de l'auteur.

Même si le style de l'auteur ne m'a pas convaincu, j'ignore si tous ces ouvrages sont construits de la même manière ? A voir, au hasard de mes rencontres (ou pas) de ses ouvrages.

 

Un clin d'oeil aux copines et à leur mois anglais

mois anglais, angleterre

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10 février 2013 7 10 /02 /février /2013 21:30

http://static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/3/5/5/8/9782355840487FS.gifPar un matin d'automne / Robert Goddard. Traduit de l'anglais par Marie-José Astre-Démoulin. Sonatine, 2010.  453 pages. 4*

Fin des années 1990. Leonora Galloway entreprend un voyage en France avec sa fille. Toutes deux ont décidé d'aller à Thiepval, près d'Amiens, au Mémorial franco-britannique des soldats décédés durant la bataille de la Somme. Le père de Leonora est tombé au combat durant la Première Guerre mondiale, mais la date de sa mort gravée sur les murs du mémorial, le 30 avril 1916, pose problème. Leonora est en effet née près d'un an plus tard. Ce qu'on pourrait prendre pour un banal adultère de temps de guerre cache en fait une étrange histoire, faite de secrets de famille sur lesquels plane l'ombre d'un meurtre jamais résolu et où chaque mystère en dissimule un autre. Le lecteur est alors transporté en 1914 dans une grande demeure anglaise où va se jouer un drame dont les répercussions marqueront trois générations. Dans ce livre envoûtant à l'épaisseur romanesque exceptionnelle, Robert Goddard allie le cadre et l'atmosphère des plus grands romans anglais, ceux d'Elizabeth George ou de Ruth Rendell, à un sens du suspense et de la réalité historique remarquables.

 

J'ai démarré au quart de tour à la lecture des premières pages de ce roman. J'étais enthousiaste, le style me semblait d'une clarté et d'une telle fluidité.... Je pensais que j'allais avoir bien du mal à me sortir de ma lecture qui résonnait un peu en écho au visionnage d'épisodes de Downton Abbey. Je retrouvais le manoir, le majordome attachait à la famille, mais bien moins de domestiques, durant l'enfance de Leonora. Le cadre était lui-aussi moins idyllique en raison non pas d'une marâtre en guise de belle-mère mais tout comme, car la seconde femme de son grand-père avait tout pour plaire dans le rôle de la vilaine de service.

Bien sur, à la lecture de ces dernières phrases, et si vous avez lu la quatrième de couverture, vos yeux s'agrandissent et l'incompréhension s'installe, mais rassurez-vous, tout est lié.

L'ouvrage se découpe en 3 parties. La première, qui a donc suscité mon intérêt se situe de nos jours, en France, sur les traces du père de Léonora, mort durant la première Guerre Mondiale. Léonora commence à raconter ses origines à sa fille et les batailles qui se sont déroulées avant sa naissance puis durant sa jeunesse. La dernière partie du livre sera consacrée à ses découvertes durant sa vie de femme et jusqu'à une période fort récente, des derniers éléments liés à son histoire et à celle de ses parents. Ainsi que je le disais la construction ne me dérangeait pas et j'étais porté par cette histoire dont les événements historiques et le quotidien apportaient une flamme et une vie sans pareille.

Brusquement, vers la 150ème page, j'étais certaine d'avoir élucidé un des mystères de cette histoire, ayant lu une histoire similaire avec *attention risque de spoiler pour certains * La mariée de l'ombre (qui date du début des années 90). Pour moi, un pan entier de l'intérêt pour cet ouvrage s'évanouissait, même si ma curiosité me poussait à poursuivre ma lecture afin d'être sûr que mes suppositions étaient exactes. Est-ce la raison pour laquelle j'ai perdu de l'intérêt pour la plume de Robert Goddard où son style est-il réellement différent dans cette seconde partie ? Je ne sais.

La dernière partie a su aux travers des dernières révélations, des événements me permettrent de continuer ce roman, dont les idées et le traitement sont fort agréables. Néanmoins, je ne parviens pas à savoir si le style de l'auteur change au cours des pages qui se tournent (de manière volontaire ou non) ou s'il s'agit simplement d'un état d'esprit.

Bref, Robert Goddard sait au travers de l'existence de cette femme narrer les lieux comme les situations, des personnages fort différents. L'ensemble est excellent et j'espère seulement que vous saurez mieux que moi, faire abstraction de toutes les idées qui vous traversent l'esprit lorsque vous lisez (trop de polars sans doute) et vous poussent à résoudre ou à essayer de comprendre les énigmes qui se posent à cette héroïne.

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31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 06:41

http://static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/2/9/0/3/9782290333266FS.gifPeter Pan / James M. Barrie. Traduit de l'anglais par Yvette Métral. Librio, 2003.140 pages. 4,5*

Peter Pan est un petit garçon bien étrange. Il est vêtu de feuilles, ne connaît pas son âge, et ignore ce qu'est un baiser. Wendy est intriguée par ce petit bonhomme qui lui rend visite la nuit, accompagné d'une lumière tintinnabulante nommée Clochette. D'où vient-il donc ? Je me suis enfui le jour de ma naissance, répond Peter Pan. " Je ne veux pas devenir un adulte, alors depuis, je vis au pays des fées. Sais-tu d'où viennent les fées ? Lorsque le premier de tous les bébés se mit à rire pour la première fois, son rire se brisa en milliers de morceaux, et chaque morceau devint une fée. " Wendy et ses deux frères, John et Michael, n'hésiteront pas bien longtemps à suivre Peter Pan et Clochette sur l'Ile merveilleuse, au pays de l'Imaginaire.

 

Qui peut encore ignorer Peter Pan après l'adaptation de Disney ? Tant et si bien que beaucoup ignore qu'il s'agit à l'origine d'un livre écrit par James M. Barrie dont on retouve en partie l'origine dans le film Neverland, même s'il s'agit de dialogues imaginaires entre lui et les enfants Llewelyn Davies.

J'avoue que je n'avais jamais lu cette version d'origine et qu'elle fut pour moi une très agréable surprise.

Oui Disney (comment ne pas comparer) s'en est inspiré mais a su jouer sur un imaginaire déjà fort fertile : oui, Nana la chienne nounou est déjà présente, les parents de Wendy, John et Michael ont de l'imagination a revendre, et le crocodile préféré du Capitaine Crochet est un crocodile volant (est-ce ou non un problème de traduction ?) qui lui a bien mangé une main, ainsi qu'un réveil qui démasque tout ses tentatives d'approche pour finir Crochet dont il semble avoir apprécier le goût.

Je ne vais pas vous faire de grandes révélations sur le contenu de l'histoire, mais simplement vous dire que l'on découvre un enfant qui ne veut pas grandir, souhaite être le chef de sa petite tribu. Un enfant comme les autres à qui rien ni personne ne peut imposer sa volonté, qui oublie tout avec une facilité sans précédent ce qui lui permet de vivre au jour le jour, de ne pas se rendre compte que le temps tourne pour tout le monde sauf pour lui qui est bien le seul enfant du pays perdu à pouvoir voler, communiquer avec Clochette comme avec les sirènes, mais surtout à ne pas pouvoir grandir. Vous l'aurez compris, le personnage est à la fois attachant et serait sans doute détestable, un peu comme un enfant capricieux si l'histoire s'éternisait mais elle est courte, pleine de vie et de saveur.

On y retrouve tous les personnages qui ont bercé notre enfance et comblera petits et  grands dans cette vision de l'enfance, des jeux / de batailles réelles avec les pirates et les indiens qui peuplent l'île.

Une lecture agréable dont la longueur est parfaitement adapté au texte.

 

Frogs - VFAL

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5 janvier 2013 6 05 /01 /janvier /2013 10:38

http://static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/2/1/3/6/9782213673424FS.gifNord et Sud / Elizabeth Gaskell. Tradiot de l'anglais, préfacé et annoté par Françoise de Sorbier. Fayard, 2005.499 pages. 4,5*

C'est le choc de deux Angleterre que le roman nous invite à découvrir : le Sud, paisible, rural et conservateur, et le Nord, industriel, énergique et âpre. Entre les deux, la figure de l'héroïne, la jeune et belle Margaret Hale. Après un long séjour à Londres chez sa tante, elle regagne le presbytère familial dans un village du sud de l'Angleterre.
Peu après son retour, son père renonce à l'Église et déracine sa famille pour s'installer dans une ville du Nord. Margaret va devoir s'adapter à une nouvelle vie en découvrant le monde industriel avec ses grèves, sa brutalité et sa cruauté. Sa conscience sociale s'éveille à travers les liens qu'elle tisse avec certains ouvriers des filatures locales, et les rapports difficiles qui l'opposent à leur patron, John Thornton. En même temps qu'un étonnant portrait de femme dans l'Angleterre du milieu du xixe siècle, Elizabeth Gaskell brosse ici une de ces larges fresques dont les romanciers victoriens ont le secret. Fille et femme de pasteur, Elizabeth Gaskell (1810-1865) connaissait intimement la vie provinciale et les milieux industriels.
Sa sensibilité aux questions sociales la porta à peindre avec sympathie la condition des opprimés de son temps : les ouvriers et les femmes. Proche de Charles Dickens, Georges Eliot et Charlotte Brontë, elle a occupé une place importante sur la scène littéraire victorienne. On la redécouvrira avec bonheur.

 

Une belle découverte que je dois, une nouvelle fois, à ce groupe accroc de la période victorienne. Merci !

Si j'avais trouvé le roman de George Eliot fort intéressant, j'ai découvert sous la plume d'Elizabeth Gaskell, un style qui me convient davantage. L'auteur nous plonge à la fois dans la vie quotidienne de Londres ou dans celle d'un pasteur d'un village du Sud de l'Angleterre. Si les contrastes sont déjà importants, ce n'est absolument rien par rapport à ce que l'on va découvrir lorsque la famille va déménager dans le Nord.

Même si l'héroïne Margaret Hale est triste de devoir quitter son havre de paix et une certaine sérénité auprès de ses parents qu'elle a quitté fort tôt, ayant vécue à Londres durant une 10aine d'années, elle s'imagine qu'elle pourra s'adapter. Néanmoins ses préjugés envers les commerçants sont présents et elle n'en fait pas mystère.

C'est réellement un roman d'opposition que nous propose Elizabeth Gaskell : apologie de la nature, des bienfaits de la vie au grand air, de ces joies petites et grandes que sont les promenades dans la forêt, de simplement avoir un jardin proposant à la fois des fleurs et les fruits qui font le bonheur des habitants. Bien entendu, l'auteur est consciente que la vie dans le Sud, dans les campagnes n'est pas si angélique qu'il y parait, et elle mettra les mots dans la bouche de Margaret lorsqu'Higgins aspirera à déménager afin d'obtenir de l'ouvrage et une vie meilleure dans le Sud sous l'influence des propos que la jeune femme et sa famille avaient pu tenir. Bien vite elle démontrera que les splendeurs et la vie quotidienne sont peu adaptés à ceux qui n'y sont pas nés. C'est là certainement, le moment où elle avoue ses regrets du temps passé mais montre également les aspects positifs de la vie dans cette cité industrielle. Mais avant cela bien des événements font faire changer son point de vue sur cette ville du Nord.

Tout cela nous est fidèlement transcris pas les mots d'Elizabeth Gaskell qui ne se contente pas de nous faire suivre la vie de la famille Hale, la pauvreté et la richesse de cette famille, mais nous propose également le quotidien tantôt d'une de ses nouvelles familles qui s'est enrichie grâce au commerce, et celui des ouvriers qui travaillent dans ses usines. Les bienfaits et méfaits de cette industrialisation sont nommés mais sans pesanteur, juste avec ce qu'il faut pour que tout se glisse intelligement dans la trame de l'histoire et permette  à l'auteur de faire rebondir l'action, de faire évoluer les personnages.

Alors oui ce roman est également une histoire d'amour, mais le tout n'est pas mièvre.

Il est également drôle dans la description faite de la cousine de Margareth et de son époux, deux contrastes (de plus) saisissants avec Margaret, le frère du capitaine, Henry Lennox, et John Thornton dont la soeur est un poème et une caricature à elle seule.

Si un ou deux passages m'ont paru un peu long, l'ensemble se lit quasi d'une traite avec les rebondissements de l'affaire du frère de Margaret, les remises en question de son père, les décès auxquels l'héroïne est confrontée et les hsitoires personnelles des uns et des autres.

A découvrir si vous ne connaissez pas encore ce roman ou cet auteur.


Frogs - VFAL

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17 décembre 2012 1 17 /12 /décembre /2012 06:46

http://static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/0/1/2/0/9782012027008FS.gifLa Maison de Soie / Anthony Horowitz. Traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Michel Laporte. France Loisirs / Hachette, 2012. 359 pages. 3,5*

Un an après la mort de Sherlock Holmes, Watson entreprend de consigner l'une des enquêtes les plus noires qu'il a menées avec le célèbre détective...Londres, novembre 1890. Edmund Carstairs, marchand d'art, craint pour sa vie. Faute de preuves, Holmes ne peut qu'attendre. Le lendemain, ce n'est pourtant pas d'un meurtre, mais d'un vol dont Carstairs est la victime. Holmes l'avait prévu. Ce qu'il ne pouvait imaginer, en revanche, c'est qu'en confiant à Ross, l'un des Irréguliers de Baker Street, la charge de monter la garde, il l'envoyait en fait à la mort.
Et qu'avec ce meurtre horrible, c'était ce que Londres a de plus sordide qui se révélait aux deux enquêteurs...« La partie reprend. » Et cette fois, Holmes et Watson n'en sortiront peut-être pas indemnes.

 

C'est à une enquête inédite que nous convie le Docteur Watson. Pourquoi a-t-il attendu si longtemps pour l'écrire (Sherlock est désormais mort) et demande t-il à ses héritiers de ne pas la publier avant un certain laps de temps ? Car de nombreuses personnalités y sont mélés, et le dénouement va s'avérer particulièrement horrible pour nos protagonistes. - Comme moi, j'imagine que de nombreux lecteurs comprendront rapidement au cours de leur lecture bon nombre d'éléments de la chute, mais il est vrai qu'elle reste sordide et explique l'avertissement que constitue la préface de Watson.-

Anthony Horowitz "se glisse" donc dans la plume de Sir Conan Doyle afin de nous narrer cette nouvelle histoire de Sherlock Holmes et de son fidèle Watson.

L'aventure est bien menée, en dépit de quelques disgressions qui ne me semblent pas exister dans les ouvrages auxquelles se réfèrent l'auteur. Il sait néanmoins parfaitement jouer de tous les canons de Sherlock et nous retrouvons bon nombre d'éléments/personnages  de la célèbre adresse.

Comme souvent une banale affaire va se révéler plus complexe qu'il n'y parait. Un mystérieux gang américain vient s'immiscer au coeur de cette enquête qui de déroule à Londres. Nous y retrouvons l'infatigable Lestrade, Les Irréguliers, le frère de Sherlock qui se dévoile en se déplaçant jusqu'au 221B Baker Street, et même un mystérieux adversaire pour Sherlock... Tous le mettent en garde dans cette affaire, mais Sherlock Holmes, tout entier à son enquête, se jette dans la mélée et très vite il va se voir accuser de meurtre et jeter en prison.

C'est l'occasion pour l'auteur de montrer une fois de plus les liens qui unissent Watson à son maître à penser. Il se démène afin de parvenir à le libérer, mais comme de juste, Holmes aura plus d'un tour dans son sac.

J'ai trouvé l'histoire assez bien mené, même si, une fois l'ouvrage refermé, j'ai songé à un ou deux éléments qui m'ont semblé assez invraisemblables dans la logique de l'histoire, mais ils ne m'avaient aucunement frappé pendant ma lecture.

Le charme de l'enquête et les retrouvailles avec les personnages sont là, même si l'écriture reste différente.

 

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9 décembre 2012 7 09 /12 /décembre /2012 21:50

http://static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/8/4/1/1/9782841116409FS.gifLa dernière conquête du major Pettigrew / Helen Simonson. Traduit de l'anglais par Johan-Frédérik Hel Guedj.Nil Editions, 2012. 493 pages. 4*

À Edgecombe St. Mary, en plein coeur de la campagne anglaise, une tasse de thé délicatement infusé est un rituel auquel, à l’heure dite, le major Ernest Pettigrew ne saurait déroger pas plus qu’à son sens du devoir et à son extrême courtoisie, aussi désuète que touchante, qui font de lui l’archétype même du gentleman anglais : raffiné, sarcastique et irréprochable. Dans ce petit village pittoresque où les cottages le disputent aux clématites, le major a depuis trop longtemps délaissé son jardin.
Désormais veuf, il a pour seule compagnie ses livres, ses chers Kipling, et quelques amis du club de golf fuyant leurs dames patronnesses. Ce n’est guère son fils, Roger, un jeune londonien ambitieux, qui pourrait le combler de tendresse. Mais, le jour où le major apprend le décès de son frère Bertie, la présence douce et gracieuse de Mme Ali, veuve elle aussi, va réveiller son coeur engourdi. Tout devrait les séparer, elle, la petite commerçante d’origine pakistanaise, et lui, le major anglais élevé dans le plus pur esprit britannique.

 

J'avais entendu beaucoup de bonnes critiques concernant cet ouvrage et j'étais donc curieuse de me rendre compte par moi-même. Le billet de Cryssilda m'avait fait rire devant son prequ'écoeurement de britisherie :) .

Effectivement, au fur et à mesure de la lecture on retrouve bon nombre de clichés qu'on pourrait penser un peu abandonné, mais ayant fait l'expérience de la France rurale et provinciale par le biais de ma famille, je suis certaine que si un auteur écrivait certains traits que l'on pourrait croire abandonner depuis belle lurette, des lecteurs étrangers pourraient croire à une exagération. Bien entendu, je pense qu' Helen Simonson a parfois un peu forcé le trait, mais, sans doute pour le plus grand plaisir du lecteur ou simplement afin de mieux rebondir dans les situations les plus extrêmes.

Prenons le cas de notre personnage principal : agaçant de prime abord, le major Pettigrew va progressivement laisser tomber le masque. Sous sa façade très militaire et conventionnelle, on découvre l'homme qu'il fut par le passé par les brefs retours en arrière du temps de sa rencontre avec son épouse, de leur tendresse et de leur entente comme de leurs désaccords concernant leur fils. Mais ces atouts concernant cet homme nous seront distillés avec parcimonie et grâce à la relation qu'il crée avec Mme Ali, la commerçante pakistanaise.

Oui bien entendu la jeunesse fait cruellement défaut à ce village (rares exceptions sur lesquelles je reviens dans quelques instants), mais c'est pour mieux nous plonger dans les travers de cette micro société bien pensante, vivant quasi en autarcie et sur ses idéaux passés. Les étrangers sont accueillis, représentés en cela par la boutique du couple Ali, pakistanais d'origine, qui se fondent dans le paysage campagnard, et les micro habitudes des habitants. Ils font partie des meubles, on les ignore, ils rendent service, mais ne peuvent prétendre s'élever dans la hiérarchie de Edgecombe St. Mary, pas plus que ce couple plus huppé : il est médecin, mais ni lui ni son épouse ne peuvent modifier la hiérarchie de ce club privé dont le village tout entier semble faire partie (marque de reconnaissance publique).

Quant aux jeunes qui abordent ce village, on ne peut pas dire qu'ils soient mieux traités que les anciens.

Le fils du major Pettigrew est déplaisant à souhait ; il m'a tout de suite donné envie de le gifler ou de lui administrer quelques coups de pieds aux fesses. La caricature se poursuit avec son amie américaine, comme avec le neveu de Mme Ali ou avec la nièce du Lord du lieu.

Ainsi que je vous le disais le trait est forcé afin de mieux faire rebondir l'action et certains passages sont plus bondissants que d'autres.

Quant à la relation du Major Pettigrew et de Mme Ali, elle se joue en finesse. Elle permet bien entendu de montrer qu'en dépit de l'âge des protagonistes on échappe pas aux amis ou à la famille bien pensante, quelque soit la condition sociale dont on est issu. Nos deux protagonistes sont tendres et malhabiles à l'image parfois de deux adolescents et leur expérience passée leur permettra néanmoins d'aller au-delà de toute convention, d'échanger. Rencontre amoureuse mais également de deux solitudes et deux amoureux de la littérature. Mme Ali est un beau portrait de femme : intellectuelle malmenée par la vie, prise entre deux feux de par son éducation et son respect des traditions familiales qui semble se retrouver, une nouvelle fois dans sa vie, confrontée à ces sempiternelles oppositions.

Un livre agréable qui m'a paru parfois maladroit ou un peu long sur certains passages, mais dont j'attendais la chute.

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14 octobre 2012 7 14 /10 /octobre /2012 21:18

http://static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/7/0/2/4/9782702497623FS.gifLes mystères d'East Lynne / Mrs Henry Wood. Traduit de l'anglais par G de La Ruwière. Editions du Masque, 2004 ( Labyrinthes). 655 pages.4 *

La vie, au château d'East Lynne, a l'apparence paisible et rassurante des arbres centenaires et des pelouses verdoyantes de la propriété du Juge Carlyle. Mais il ne faut pas se fier aux apparences, car, depuis le mariage du hobereau avec la belle lady Isabel Varie, les démons du passé ressurgissent... Il semblerait que le marié n'ait jamais renoncé à son premier amour pour Barbara Hare dont le frère Richard est recherché pour meurtre. Il se pourrait ainsi que son épouse n'ait pas oublié son amant Francis Levinson et qu'elle reçoive encore en secret, au château, cet homme peu recommandable. Mais un terrible quiproquo va conduire Mrs Carlyle à fuir East Lynne, la précipitant vers les remous d'un terrible destin. Jusqu'au jour où...

 

Amours tourmentés, moeurs de l'ère victorienne et un crime : voici le programme de cet ouvrage d'une femme dont j'ignorais absolument tout avant d'ouvrir la première page, me demandant bien ce que cela allait donner.

Et bien je dois avouer que je suis très agréablement surprise ! Mrs Henry Wood parvient à faire tenir son crime et sa résolution tout au long des 600 pages de son roman. Même si, au fil des pages, on devine, plus ou moins, l'auteur du crime - le suspect principal démentant formellement être l'assassin, et le lecteur veut bien croire vu le specimen qu'il n'est guère possible que ce soit lui - ce crime reste d'une certaine manière le fil rouge du roman. Il provoque des situations qui font provoquer des quipropos et entraîner Lady Isabelle à sa perte.

Car le mystère d'East Lynne est avant tout pour l'auteur, l'occasion de nous raconter le quotidien d'une petite bourgade, les moeurs de cette cité, comme des personnages. Les tourments des nobles, la perte de leur honneur lorsqu'ils oublient que vivre au-dessus de leurs moyens les entraînent vers une chute sans fin, l'exil ou la misère. Lady Isabel se trouve confronté à cette situation au décès de son père qui, a omis de mettre quelqu'argent de côté afin de l'établir, n'ayant pas imaginé qu'il pourrait venir à mourir avant le mariage de sa fille, et comptant sur la beauté et les belles manières de celle-ci pour parvenir à une union la sauvant de la misère. Comme vous pouvez vous en douter, l'affaire ne tourne pas du tout comme le Comte Mount Severn l'avait imaginé et sa fille se retrouve pourvu uniquement de sa beauté à son décès.

Mais le jeune premier est là : moral, beau, honnête, riche et épris en la personne d'Archibald Carlyle. Prêt à mettre sa vie et son honneur à son service comme il le fait en tant qu'avoué à West Lynne. Tout pourrait aller dans le meilleur des mondes, s'il n'y avait ce crime qui revient inlassablement, que Mr Carlyle essaie de démêler afin d'aider la famille de l'accusé et particulièrement son amie d'enfance Barbara Hare ; cette dernière éprise depuis toujours d'Archibald, souffre du mariage de son ami mais poursuit leur bonne entente sachant qu'il est le seul à pouvoir aider son frère. Leurs discussions discrètes vont susciter rapidement la jalousie de Lady Isabel qui, si belle soit-elle, reste peu sûre d'elle. L'intrusion de Francis Levinson, jeune homme envers qui elle éprouva des sentiments par le passé, la jette dans l'instabilité ; sa naïveté, son manque de jugement vont faire le reste. Cet homme habile et sachant  parfaitement jouer avec le coeur des femmes, va rapidement se rendre compte que la belle Isabel est une femme fort manipulable et que sa jalousie peut la perdre.

Que de portraits de moeurs, de jeux sur les sentiments ! Mrs Henry Wood joue sur tous les tableaux, ajoutant des personnages secondaires qui prennent rapidement une place importante dans cette étude de la société. Chacun a des traits qui, s'ils semblent parfois exagérés, les rend néanmoins soit attachant, soit intriguant ; bref ils ne laissent pas le lecteur indifférent et permet de poursuivre la lecture. 

Bien entendu la morale sera sauve - nous sommes au XIXème siècle -, et notre pauvre héroïne sera punie de toutes ces erreurs, en obtenant néanmoins le pardon tant espéré. Les choses rentrent dans l'ordre et la vie peut se poursuivre à East Lynne.

 

Sur une idée de Cryssilda,

 

 

Frogs - VFAL

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30 septembre 2012 7 30 /09 /septembre /2012 19:00

http://static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/2/1/3/6/9782213669595FS.gifLe docteur Thorne / Anthony Trollope. Traduit de l'anglais, préfacé et annoté par Alain Jumeau. Fayard, 2012. 507 pages. 3,5*

Le Docteur Thorne, qui a valu à Anthony Trollope son plus grand succès, constitue (en 1858) l’une des premières apparitions dans le roman anglais du personnage du médecin, appelé à un bel avenir littéraire. Les rapports entre le mariage et l’argent, dans une société inégalitaire mais mobile, sont au cœur d’une intrigue attachante. Le docteur Thorne, célibataire endurci, a recueilli chez lui sa nièce Mary, orpheline, qui est devenue une belle jeune fille.
Il souffre de la voir mise à l’écart par la bonne société du village, du fait qu’elle est de naissance obscure et sans fortune. Elle ne saurait épouser celui qu’elle aime, Frank Gresham, un jeune héritier désargenté qui l’aime également, mais dont le devoir est d’épouser « une fortune » pour sauver le domaine familial hypothéqué. Trollope nous offre ici un magnifique roman d’amour, qui se distingue, comme toujours, par la richesse psychologique de ses personnages, l’intérêt de son étude de mœurs et son inspiration aimablement satirique.

 

Grâce à la fine bande des Frogs, je découvre lis des auteurs dont je n'avais eu l'idée d'ouvrir le moindre ouvrage. Leur existence restant jusqu'alors pour moi, des noms, des titres vagues.

Alors même si je n'adhère pas toujours au style, il est vrai bien loin des lectures / écritures de la seconde moitié du XXème siècle qui constituent sans doute la plus grande part de mes lectures (après tout, nous ne sommes qu'au début de ce XXième siècle), je dois avouer que je suis ravie de prendre le temps d'ouvrir ces "classiques", et de me trouver plongée dans cette Angleterre victorienne. Moeurs, usages politiques, économiques et de la vie courante se retrouvent sous nos yeux au détour des histoires. Il montre à la fois l'évolution d'une société, d'un pays mais également du genre littéraire. 

Comme je manque cruellement de connaissances concernant l'oeuvre de Trollope (Wikipédia ne remplacera jamais la lecture des ouvrages d'un auteur, si bien faite que soit la page), je vais peut être vous faire sourire en me précipitant sur des évidences, mais tant pis :))

Si je reprends la 4ème de couverture, ce qui m'interpelle en premier lieu est "Trollope nous offre ici un magnifique roman d’amour". Heu oui, mais j'ai vu des romans d'histoires d'amour proposant des péripéties si ce n'est plus haletantes, du moins le style tenait-il davantage le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page. Si des problèmatiques se greffent autour de couple improbable, si l'argent, les influences, le pouvoir se disputent à la jeunesse et l'inexpérience de Frank et Mary et à leurs sentiments, le style de la narration de Trollope, sa façon de s'immiscer dans le roman, revendiquant sa place de romancier, casse parfois un peu le fil. Ajoutons à cela qu'il ne laisse guère de mystère quant à l'issue du roman et que l'on voit de fort loin, la chute.

La prouesse d'Anthony Trollope reste, comme je le disais, de tisser les fils de son intrigue et de ses personnages que l'on retrouve liés par des mésalliances, affaires de famille, histoires d'argent etc...Tout un chacun cherche sa place, à sauver son honneur, son titre ou son sang, à s'élever. C'est là le grand mérite du roman et ce qui le rend unique.

Trollope donne réellement une image de ses personnages, tant physiquement que moralement. Sans doute était-il aisé pour ses contemporains de retrouver des voisins tout au long de ses chroniques - car j'ai appris grâce à Isil, que ce volume est le 3ème des Chroniques de Barsetshire, même s'il peut se lire individuellement - Les contemporains de Trollope pouvaient s'y retrouver, mais également ses lecteurs grâce à des personnages qui font des apparitions dans ce volume. Anthony Trollope aime ses personnages, jouent avec eux, comme avec les noms qu'il leur donne ; tout cela ressemble fort à une moquerie amplifiée des petits travers des uns et des autres, et plus particulièrement des hommes. S'ils sont force de lois, décisionnaires, ils semblent bien souvent moquer au fil de ce roman. Les femmes affichent davantage de caractère que leurs maris, soupirants ou autre. Le Docteur semble une exception mais il n'en reste pas moins sous une certaine emprise de sa nièce comme des femmes de sa maison. Il est décisionnaire par la force des choses, mais n'apprécie en rien ses missions. Ses amitiés, relations le mettent dans l'embarras plus souvent qu'à son tour, alors qu'il ne semble aspirer qu'à excercer son métier, à la limite les joutes verbales avec des confrères qu'il juge parfois, ... Le médecin qu'il est, n'est pas à sa place et ses relations avec le squire comme avec la famille du squire ou d'autres montrent bien l'ambivalence de sa situation. 

Les plus intéressants portraits / caractères semblent ceux des femmes : Mary bien entendu qui, si elle fut stimulée par son oncle, reste néanmoins une personnalité qui se serait sans doute développée de la même manière. Miss Dunstable, dont la fortune lui permet tout semble bien en avance sur son temps par son esprit comme par son indépendance. La mère de Franck et sa famille avec son penchant pour le sang pur, l'héritage du passé. 

Ne serait-ce que pour ces portraits de femme et quelques épisodes dont les relations entre les médecins de campagne ou l'anoblissement de Sir Roger, il faut lire cet ouvrage.

Toutes les pages ne trouvent pas grâce à mes yeux, mais il n'en demeure pas moins un ouvrage intéressant, en dépit de quelques longueurs.

 

Un avis, un second,

Frogs - VFAL

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19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 06:11

http://static.decitre.fr/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/8/6/2/6/9782862607085FS.gifAu coeur des ténèbres suivi de Un Avant-poste de progrès / Joseph Conrad. Nouvelle traduction de Odette Lamolle. Aditions Autrement, 1997 (Littératures).168 pages. 3*

C'était devenu une région de ténèbres. Mais il y avait tout particulièrement en son cœur une rivière, une grande rivière puissante, que l'on pouvait suivresur la carte, semblable à un immense serpent déroulé, avec sa tête dans la mer, son corps au repos s'incurvant indéfiniment sur une vaste contrée, sa queue se perdant dans les profondeurs du pays. Et tandis que je la contemplais sur une carte à la devanture d'un magasin, elle me fascina, comme un serpent fascine un oiseau. Je me souvins alors qu'il y avait un gros comptoir, une compagnie commerciale, sur cette rivière. Que diable ! pensai-je, ils ne peuvent faire du commerce sans utiliser des bateaux d'un genre quelconque sur toute cette eau douce des bateaux à vapeur ! Pourquoi ne pas essayer de m'en faire confier un ? Je continuai mon chemin dans Fleet Street, mais je ne pus me débarrasser de cette idée. Le serpent m'avait envoûté. " On comprend qu'Au cœur des ténèbres ait plus d'une fois attiré des hommes de cinéma, comme Francis Ford Coppola et Joël Jouanneau. Le livre côtoie certains grands mythes universels. La remontée du fleuve par le petit vapeur que commande le narrateur Marlow est une descente aux enfers. L'ensemble du voyage est une quête." Sylvère Monod.

 

De prime abord j'ai eu beaucoup de mal à lire les premières pages de cette longue nouvelle, car c'est une histoire racontée par le capitaine Marlow (double de l'auteur) qui va nous faire pénétrer au coeur du récit. Mais avant cela, les quelques pages de descriptions du voilier de croisière m'empêchaient de saisir quand l'attente allait se terminer. Du coup, je n'ai trouvé réellement satisfaction qu'une fois, le futur capitaine en quête de son engagement. Enfin il obtient son "affectation" et commence, à défaut de la remontée du fleuve, une lente descente aux enfers que nous retrouveront, avec les jours qui s'écoulent, lentement, dans "Un avant-poste de progrès". Dans ces deux nouvelles, on retrouve une critique de l'impérialisme et du colonianisme, mais avant tout une réflexion sur la nature humaine.

L'homme blanc, dominateur et puissant, n'en reste pas moins homme déraciné - tout comme ces africains que l'on expatrie vers d'autres terres et qui se retrouvent incapable de se nourrir correctement - et qui face à la solitude ne sait plus se comporter comme il le devrait. Tombe dans les pires travers par l'appat du gain, susceptible de tuer ou laisser tuer l'homme qui le côtoie quelque soit sa couleur de peau, du moment que cela lui rapporte quelque chose.

La folie guette chacun, les malversations de Kurtz si décriés soient-elles permettent à la compagnie de s'enrichir, mais son influence et son rendement sont tels que les instances attendent sa chute de la manière la plus radicale possible.

Joseph Conrad ne manque pas d'un certain humour dans son rendu du récit ; humour grinçant, cela va sans dire, puisque sur ce chemin la mort guette à chaque instant. Ses pélerins sont munis de fusils dont ils semblent ignorer la bonne utilisation et alors même qu'un coup de sifflet est apte à repousser les attaquants, la peur et la panique les fait utiliser leurs armes ce qui engendre un épais brouillard manquant de faire échouer la péniche.

Même si en raison de la forme (des nouvelles), je n'ai pas été totalement conquise, j'ai néanmoins été intéressée par les idées et la manière qu'à eu J. Conrad de présenter ce qui reste la transposition de son expérience (6 mois sur l'un des vapeurs circulant sur le Congo), de son état d'esprit concernant l'exploitation des richesses et des personnes.

Une découverte à confirmer.

 

Pour un billet beaucoup plus complet, voir L'or des livres,

Frogs - VFAL

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