Le conte de la novice - Le conte de la servante / Margaret Frazer. Traduit de l'américain par Christian Fournier. 10/18 (Grands Détectives). 318 + 319 pages. 4*
Le conte de la novice - L'Angleterre des années 1430 voit les débuts du règne du roi-enfant Henri VI, fils d'Henri V et de Catherine de Valois.
Minorité lourde de menaces pour le pays : le royaume perd ses conquêtes françaises, la Pucelle d'Orléans sera bientôt brûlée à Rouen, la guerre des Deux-Roses pointe à l'horizon. Dans cette époque incertaine, la figure de mère Frevisse tranche, et le prieuré de Sainte-Frideswide qui l'abrite apparaît comme le refuge d'un certain ordre.
Le conte de la servante - Barnaby, le mari de Meg, une employée du couvent de Sainte-Frideswide, est trouvé moribond dans un fossé par une troupe de comédiens ambulants.
Mais alors que son état semblait s'améliorer, il succombe à ses blessures dans la nuit. Peu après l'enterrement de son père, Sym, le fils aîné, revient blessé de la taverne où il s'est disputé avec l'un des acteurs et meurt subitement. Mère Frevisse, découvrant qu'un coup mortel en plein cœur lui a été porté après l'algarade, s'interroge sur le lien éventuel entre ces décès. Les nonnes demandent l'ouverture d'une enquête, mais avant même l'arrivée du coroner, une religieuse décède à son tour.
Frevisse, convaincue de l'innocence des comédiens que pourtant tout accable, mettra toute son énergie au service de la vérité. L'atmosphère froide, humide, rocailleuse du Moyen Age plane sur ce roman de la première à la dernière page.
Bon comme je fais les choses un peu à l'envers en ce moment, etalors que j'avais les deux volumes entre les mains j'ai commencé par le second. Au demeurant ce n'est pas gênant, les allusions à l'épisode précédent peu fournis, mais la logique aurait voulu... et cela m'aurait permis de rencontrer l'héroîne de cette série écrite à 4 mains d'une autre manière.
Alors oui je connaissais le héros d'Ellis Peters, mais les références s'arrêtent là. Oui les auteurs allient aspect policier et côté historique, ainsi que le retirement religieux, mais le quasi huit clos n'est que plus déterminant pour l'enquête. En effet, les cadavres et bon nombres de personnages ne font pas parti du couvent, et c'est davantage dans le fait que l'enquêtrice principale, elle, ne peut séloigner de l'enceinte du couvent que de manière restreinte, puisqu'elle est l'hôtelière du couvent, qui permet que l'enquête se déroule certainement plus lentement que dans un autre contexte. Le lieu, le voeu de silence à l'intérieur de la clôture, et sa vie régit par les prières ne sont pas, il est vrai, faîts pour lui faciliter les choses - sans compter sur sa condition de femme -.
Il est astucieux de la part des auteurs de montrer des éléments historiques pas forcément connu des non-férus d'histoires : ainsi, j'ignorais la symbolique de l'engagement oral valant parole même entre deux jeunes tourtereaux, comme je ne connais pas toutes les véléités concernant le passage de la charge ou les manières de devenir prêtre pour un manant ou les différents statuts pour les comédiens à cette époque.
Je suis également surprise par l'emploi de morts violentes, bien entendu la période est ainsi perçue, mais néanmoins les assasins ne reculent devant rien et l'approche de la mort ne leur fait guère peur. Enfin, !!!!!!!! spoilers !!!! le fait d'user des femmes en tant qu'enquêtrices et assassins est bien pensé. Alors oui les auteurs sont des femmes et elles montrent la puissance et l'impuissance de la gente féminine à cette période, mais elles savent avant tout montrer que leur intelligence et la justesse de leur raisonnement , tout comme leur duplicité est réelle. Et oui les choses n'ont guère changé, mais l'ensemble est plaisant à lire alors pourquoi gâcher son plaisir.
Après je ne garantis pas que la lassitude ne me gagnerait pas car j'ai du mal à imaginer le renouvellement réelle d'une série dans ce cloître, mais c'est, dans l'immédiat, réussi.