Je, François Villon / Jean Teulé. Pocket, 2007. 435 pages. 3*
Il est peut-être né le jour de la mort de Jeanne d'Arc.
On a pendu son père et supplicié sa mère. Il a étudié à l'université de Paris. Il a joui, menti, volé dès son plus jeune âge. Il a fréquenté les miséreux et les nantis, les curés, les assassins, les poètes et les rois. Aucun sentiment humain ne lui était étranger. Ides plus sublimes aux plus atroces, il a commis tous les actes qu'un homme peut commettre. Il a traversé comme un météore trente années de l'histoire de son temps.
Il a ouvert cette voie somptueuse qu'emprunteront à sa suite tous les autres poètes : l'absolue liberté. Après Rimbaud et Verlaine, Jean Teulé ne pouvait mieux clore son voyage en Poésie qu'en endossant avec orgueil et humilité les haillons magnifiques de François Villon.
Les 50 premières pages de cet ouvrage furent pour moi un enchantement. Non pas, bien sûr par la triste naissance et les faits l'accompagnant de celui qu'on appelait alors François Montcorbier. Mais la plume de Jean Teulé se fait légère lorsqu'elle évoque la petite enfance de ce jeune garçon dont la venue au monde aurait été marquée par la mort de son père, pendu, ainsi que par celle de Jeanne d'Arc.
En quelques courts chapitres l'auteur nous montre l'amour de cette mère pour son enfant, la douce indolence au mépris de la misère extrême, de ce siècle de souffrance, marqué nous le rappelle-t-il par la guerre de 100 ans et l'invasion anglaise. Mais cette complicité, ces courts moments de grâce n'ont malheureusement pas durés.
Pauvre de moi qui m'enthousiasmais par avance par ces quelques pages, la suite est beaucoup plus hardue :s
Maniant avec dextérité les écrits de Villon, ce que l'on sait ou croit savoir, Jean Teulé nous raconte la vie du poète François Villon : poète, voleur, assassin... côtoyant les bas fonds de la société, en quête de vie, de connaissance d'une certaine manière. Mais l'auteur n'oublie pas de nous narrer la période fort troublée durant laquelle a vécu le poète et à la poésie de l'homme se juxtapose les horreurs et la barbarie qui font que, plusieurs fois l'envie de refermer l'ouvrage m'a effleuré.
La prose de Teulé n'est plus chantante à mes yeux, mais réaliste, crue ; l'horreur côtoie de trop près à mes yeux ce chantre du renouvellement de la poèsie. Véridique ou non que m'importe ! Le pragmatisme du personnage et la narration sont trop réels pour parvenir à faire la distinction. L'envie de fuir ma lecture me gagne. Mais ayant oublié l'histoire de Villon, je m'acharne et termine l'ouvrage avec une pointe d'admiration pour l'auteur, mais avec aucune envie de le ré-ouvrir, et viiiite, le rendre à sa propriétaire : Amanda, merci !
Je n'étais pas férue de poésie et ce texte ne m'y aide pas plus tout en étant superbement rédigé et en faisant la part belle à Villon - rendons à César... ce qui lui appartient.... -