Les enquêtes d'Enola Holmes : L'énigme du message perdu / Nancy Springer. Guanaco, 2011. 196 pages. 5*
Depuis près d'un an, je parviens à me soustraire à la vigilance de mes frères aînés, Mycroft et Sherlock Holmes qui s'entêtent à vouloir m'expédier en pension pour faire de moi une lady.
Grâce à mon cabinet de " Spécialiste " en recherches - Toutes disparitions ", et sous une fausse identité, je concurrence désormais mon détective de frère sur son propre terrain - parfois même avec plus de succès que lui ! Mais voilà qu'en ce jour de juin 1889, regagnant mon logis, je découvre un spectacle effroyable : tiroirs arrachés, étagères vidées, débris de vaisselle sur le plancher. Et surtout, surtout, aucune trace de Mrs Tupper ma chère petite logeuse sourde comme un pot ! Aussitôt, je me lance à sa recherche, avec pour seuls indices quelques jupons épars et un énigmatique message.
Et oui ces dernières lecures furent pour moi l'occasion de me tourner vers des valeurs sûres :) (tout du moins à mes yeux).
C'est avec un grand plaisir que j'ai retrouvé les aventures d'Enola qui, je dois l'avouer, se bonifie avec le temps. Cette histoire nous évite le sempiternelle apitoiement sur ces malheurs en lançant Enola sur la piste des ravisseurs de sa logeuse. Grâce à cette personne, l'auteur nous permet d'appréhender un pan de l'histoire du Royaume Uni, pas forcement des plus glorieux, si j'en juge par les écrits de Nancy Springer (pour ma part j'avoue ma méconnaissance relatif à la bataille de Scutari en Turquie dans les années 1830 et les tenants et aboutissants liés notamment aux batailles de cette période). En plus de ces faits historiques, l'auteur nous présente des personnages féminins qui, bien avant la naissance de cette jeune fermme à leur liberté d'expression, leur autonomie et par des moyens variées surent trouver une place dans la société. Ces rencontres, les informations concernant une nouvelle fois, la place de la femme, mais au niveau de la création de club, d'écrits etc. jouent pour beaucoup dans le renouveau de cette histoire. Bien entendu on retrouve le formalisme de la poursuite d'Enola par ses frères, ses rencontres "hésitantes" et involontaires avec son auguste ainé, mais le fait de faire jouer un rôle important à un personnage jusque là secondaire implique forcément le renouvellement de bien des faits : notamment par le fait qu'Enola en fin de roman est obligée de quitter son logement désormais connu par son ainé, et permet d'intriguer le lecteur quant aux prochains évènements relatifs au simple quotidien de notre héroïne et plus simplement d'attendre avec impatience ce que lui réserve Nancy Springer.
Alors non je ne me lasse pas et suis impatiente, par avance, de lire la suite (j'espère ne pas être par trop déçue de ce prochain épisode).